«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

26 septembre 2006

Docteur Roadrunner

Des problèmes avec mon oreille gauche m’ont obligé à passer quatre heures dans la salle d’attente de la clinique de Sainte-Adèle. Moi qui ne fréquente ce genre d’endroit qu’une fois tous les cinq ans, cette longue attente m’a permis de renoué avec le sens du mot « patient ».

Après un siècle et demi d’attente, le médecin m’appelle. Dans le bureau, il ne m’invite pas à m’asseoir et me demande : « qu’est-ce qu’on peut faire pour vous? » Je regarde mon numéro et j’ai envie de lui répondre « je vais prendre une demi-livre de jambon cuit tranché mince ». Je m’abstiens, ce serait de la mauvaise foi. Je comprends que ce système de numéro est essentiel, mais ce sont les mêmes petits papiers qu’à la boucherie. Le côté bétail de la situation ne peut m’échapper. Je lui explique donc mon problème : bourdonnement dans l’oreille, étourdissement, acouphène, etc.

Mmmmm!

Il prend son petit otoscope et se met à explorer les abîmes de mon conduit auditif. Cinq secondes plus tard, il pose son diagnostic : en l’absence d’infection, mon problème est dû, soit à mes allergies ou à la maladie de Ménière. Bien bien! Il ajoute : les causes de cette maladie sont mal connues. Les traitements, virtuellement inexistants, à moins qu’«ils»aient trouvé quelques choses d’autre que je ne connais pas». Très rassurant tout ça. Ce médecin semble au fait des dernières découvertes de la médecine. J’ai failli lui répondre : « bon, informez-vous et je repasserai dans un mois. Ça vous va comme ça? »

Je suis finalement ressorti de la clinique avec un petit sac contenant un vaporisateur nasal à base de cortisone. « J’en prends à l’année, c’est formidable! », m’a rassuré le toubib. Ça doit être un traitement innovateur : soulager l’oreille par le nez. Durée de la consultation : cinq minutes.

C’était le docteur Roadrunner!

8 commentaires:

Anonyme a dit...

Chanceux d'André!
La clinique aurait dû être fermée comme la plupart du temps après 11:00 a.m.
Si les journalistes bénéficient toujours de passe-droits, les bons journalistes eux bénificient toujours de bons passe-droits!

Jean-Pierre St-Germain

André Bérard a dit...

Bientôt, il y aura deux médecins dans la famille. J'imagine qu'ils « s'exerceront à exercer » la médecine sur moi. J'habite à Sainte-Adèle depuis 1998, et je n'ai toujours pas réussi à dénicher un médecin de famille. Ils refusent tous les nouveaux patients. C'est inquiétant ce qui se passe avec notre système de santé. Heureusement, je ne suis pratiquement jamais malade.

AB

Anonyme a dit...

"un vaporisateur nasal à base de cortisone"

Cher André,
À votre place, je me méfierais comme de la peste de la cortisone. Pour ma part, j'estime que c'est un poison pire que la maladie. Oh oui, ça soulage à court terme ! Mais à long terme, ça peut avoir des effets désastreux. Bref, renseignez-vous.

André Bérard a dit...

@ Henri

Merci pour l'avertissement.

Cependant, le médecin m'affirmait que, parce qu’elle est présentée sous forme de vaporisateur, la cortisone de ce produit n'a aucun effet secondaire. De toute façon, me connaissant, je vais sans doute peu ou pas utiliser le produit et faire confiance à la capacité d'autoguérison de mon organisme.

AB

Anonyme a dit...

Mon médecin de famille a abandonné le système public et ouvert sa propre clinique. On peut le payer par consultation ou acheter des forfaits de couple ou de famille.
Il m'en coûte $250 par année pour 6 visites (moi ou mon épouse).
S'il y a urgence, je peux avoir un rendez-vous la même journée.
L'attente ne dépasse jamais 10 à 15 minutes.
Le service est impeccable! Ce qui est insultant c'est de devoir continuer à payer pour un service public qui ne fonctionne pas et dont on ne se sert pas au niveau de la médecine familiale.

Jean-Pierre St-Germain

Anonyme a dit...

J'espère de tout mon coeur qu'un jour je vais définitivement pouvoir faire mieux que ça... sans avoir besoin d'aller me réfugier au privé
julie

André Bérard a dit...

@ Julie

Moi, je sais déjà que tu vas faire mieux. Et « l'autre » aussi. En dix ans, je ne suis allé que trois fois à cette clinique et chaque fois, j'ai eu l'impression de me faire traiter par Docteur Clown.

Pas fort!

AB

Anonyme a dit...

Allons donc...

Il faut quand même avouer qu'en certaines circonstances, la précipitation d'une consultation médicale s'avère souhaitable.

Imaginez le toubib qui ferait traîner une "consult" pendant une heure à celui qui ne voudrait qu'une petite prescription de Viagra.

N'est-ce pas là une circonstance où l'on souhaiterait en finir prestement?