«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

26 novembre 2009

Sainte-Misère, priez pour nous!

«Sainte-Misère, priez pour nous!

C'est la litanie terrible que j'entendis un soir d'octobre, il y a quelques années, alors que je chassais dans un coin perdu du comté de Labelle.

J'étais entré dans une hutte de colon où huit enfants en bas âge, vêtus de toile de sac, dévoraient, comme blottis au coin du malheur, des galettes de sarrasin. La mère déguenillée, plus maigre que les chicots en bordure de ce lieu sinistre, regardait d'infiniment loin cette existence épouvantable. Je remarquai que ses yeux, ses yeux surtout tout embués d'une tristesse indéfinissable, ne gardaient plus aucune lueur d'intelligence. Ils étaient profonds, encavés, cernés, creusés, creusés non pas par la luxure, mais creusés par la faim, creusés par la peur, creusés par la misère.

Le malheureux père, un homme de trente ans à peine et qui paraissait en avoir cinquante, cassé en deux, fauché par le labeur, n'avait plus un visage humain, mais un masque de souffrance et de soumission, un paquet d'os ou mieux une souche mal brulée. Ses mains couleur de terre reposaient sur la table ainsi que des outils inutiles. Ce n'était plus un homme qui me regardait, mais une bête.

Il n'y a pas de mots dans aucune langue pour décrire le silence effrayant qui se fit lorsque j'entrai dans cette tanière. Et comme si j'eusse été moi-même de la maison, je m'approchai du poêle sans proférer une parole.

Ne pouvant supporter plus longtemps un tel spectacle, je me décidai à parler et à questionner. Je finis par savoir que ces malheureux n'avaient pas mangé de beurre, ni de laitage, ni de pain, ni de viande depuis dix-huit mois exactement. De plus, le colon était sous le coup de deux accusations: l'une pour avoir pillé du bois; l'autre pour avoir vendu quelques livres de truite. Je me souviens que la pluie soudainement commença de tomber. Et il pleuvait autant dans nos âmes que dans cette hutte de douze pieds par seize, où respiraient à peine dix damnés, marqués du signe terrible de la tuberculose et du signe «national» du rachitisme.

J'offris à la mère les quelques dollars que j'avais en poche.
— Je n'ai pas la force de vous dire merci, fit-elle. Et elle éclata en sanglots.»

N'oublions jamais que les défricheurs qui ont bâti ce pays l'on fait à coup de misère. Cet extrait tiré d'un pamphlet de Valdombre — pseudonyme de Claude-Henri Grignon —, nous le rappelle dans un témoignage cruel de vérité. Un texte qui m'a touché.

Extrait : Les pamphlets de Valdombre, 1er octobre 1937 p. 477

Photo : Claude-Henri Grignon, dans son célèbre grenier de la maison de la rue Morin, à Sainte-Adèle (gracieuseté de Pierre Grignon).

21 novembre 2009

Ça fait drôle

Ça me fait tout drôle de renouer avec ce blogue. Je viens de relire l'ensemble des billets publiés depuis 2006. Que de souvenirs ! Certaines périodes épiques — notamment celle des mises en demeure — m'ont replongé dans des époques qui furent intenses à bien des égards. Depuis que j'ai mis en ligne Blogue-Notes, j'ai rencontré nombre de personnes intéressantes. Je me suis fait beaucoup d’amis, faisant mentir le cliché qui veut que l'Internet isole les gens, les confine dans des relations virtuelles. C'est faux, archifaux !

Mais j'ai envie d'apporter des changements à ce site. Premièrement, je vais sans doute passer de Blogger à Wordpress. Deuxièmement....,je ne sais pas encore. L'abandon de webdo.ca est trop récent, je suis encore dans l'expectative. Je dois réfléchir à la suite des choses et cette réflexion influencera sans nul doute le nouveau contenu de Blogue-Notes.

Je suis ouvert aux suggestions...




18 novembre 2009

I'm back!

Je prépare mon retour dans la blogosphère ! Quand, comment, sous quelle forme et avec qui? Sais pas !

À bientôt