«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

29 décembre 2006

Je zappe, donc je fuis

Article publié dans le journal Accès, éditions du 22 et 29 décembre 2006

L’impact des nouvelles technologies des communications et de l’information sur nos conversations.

Un café coin pie-IX et Ontario. J’y ai rendez-vous avec Jici Lauzon pour une entrevue portant sur le sujet de son mémoire de maîtrise. Pour tromper l’attente, j’essaie de saisir les dialogues des tables voisines derrière l’écran sonore produit par le sifflement de la machine à café et la musique d’ambiance trop forte. Je capte quelques bribes de conversations, des éclats de rire. On dirait une radio détraquée qui saute d’une chaîne à l’autre à une vitesse folle. Ma curiosité butine avidement de table en table dans l’espoir d’attraper un bout de phrase croustillant. Je réalise que je zappe. Le zapping, Jici en a long à dire sur le sujet et il vient justement d’arriver.

Le zapping et les effets des nouvelles technologies des communications et de l’information sur nos conversations. Un sujet singulier qui a été inspiré par une phrase entendue au hasard et qui disait : les jeunes ne terminent plus leurs phrases à cause du zapping. C’est ce qui a tout déclenché : « les gadgets électroniques changent notre façon de nous parler. Pour moi, c’est évident. À travers tous ces gadgets, notre conversation est désincarnée. Jamais le mot, le verbe, la phrase n’ont été aussi éloignés de la personne qui émet qu’à notre époque. De plus en plus, les gens s’expriment via les courriels, le clavardage, le téléphone cellulaire. »

Je zappe, donc je fuis

La zappette a imposé un rythme et une durée aux messages que nous recevons. Elle a influencé la manière dont nous conversons. Il faut faire vite, surtout, il faut dire vite, de peur de se faire zapper : « ce raccourcissement des messages est parallèle à d’autres rétrécissements de temps que l’on observe dans le quotidien. Les phrases que l’on entend le plus souvent sont : le temps nous presse, on n’a pas le temps, rapidement s’il vous plaît, en quelques secondes. » La zapette, ennemie numéro des publicitaires, a contraint ces derniers à s’adapter à l’impatience de ce pouce fébrile : « les publicités d’une minute sont passées à trente secondes puis à quinze secondes et même des deux fois cinq secondes. En Europe, il y a même des publicités d’une seconde. Ce ne sont que des clins d’œil, des rappels de marques.»

L’humour n’échappe pas à cette impatience : « cette accélération de la trame du temps se traduit par la grande popularité des one liner. » Pas étonnant que l’humoriste qui a la plus grosse cote en ce moment soit celui qui parle le plus vite. Le One Liner, c’est une histoire complète en quelques mots. Jici les connaît bien, il les a disséqués : « On craint que les gens s’impatientent, qu’ils se désintéressent. On exige maintenant de nos interlocuteurs qu’ils mettent eux aussi des punchs dans leurs conversations. J’ai parfois l’impression que lorsque les gens parlent, certains cherchent la manette pour appuyer sur l’avance rapide, sur stop ou même sur éjecter! les nouveaux outils de communication imposent un rythme, un souffle que tout le monde n’a pas. Ceux qui ne parlent pas assez vite se taisent de peur de se faire zapper.»

Un smog d’informations

La multiplication des moyens de communication a décuplé la quantité d’informations disponibles : « L’esprit moyen n’est pas équipé pour gérer cette masse d’information qui peu, dans certains cas, se traduire par un emprisonnement dans une vision du monde qui est fausse », nous dit l’humoriste qui souligne que : « au 17e siècle, une personne pouvait encore prétendre avoir tout lu. Aujourd’hui, dans une édition dominicale du New York Time, il y a plus d’information qu’une personne du 17e siècle pouvait en obtenir durant toute sa vie. » Cette abondance de données ébranle notre capacité à prendre des décisions : « La surabondance d’informations complique les choix de consommation, les choix de vie. On est jamais tout à fait sûr de faire le bon choix. On a toujours l’impression qu’on aurait pu faire mieux, qu’on a manqué quelque chose. » Cette surcharge d’information fragmente la pensée et réduit notre capacité à lier, de façon cohérente, les messages qui nous assaillent quotidiennement. Malheureusement, cette malbouffe nous laisse le ventre creux et nous pousse à engloutir davantage d’informations, croyant ainsi combler un vide qui ne cesse de s’agrandir.

Allô, t’es où ?

Cette question, entendue mille fois, illustre bien le fait que nous communiquons de plus en plus par le seul truchement des nouveaux gadgets. Notre interlocuteur n’est plus là physiquement : « Nous sommes en train de perdre la conversation en face à face. Il y a des dangers à ça. »

Dans son livre Why We Don't Talk To Each Other Anymore, John l. locke nous parle de tout ce que l’on perd à ne plus nous parler en direct, face-à-face. L’auteur soutient que si nous sommes si friands de ces nouveaux gadgets de communication, c’est parce que nous avons toujours eu peur du face-à-face. C’est une peur naturelle et inhérente à notre nature. Nous fuyons la confrontation avec l’interlocuteur. Le clavardage en est un bon exemple. Nous avons un contrôle sur la conversation. Nous pouvons y mettre fin à tout moment d’un simple clic de souris.

« C’est ça le but de mon mémoire » nous précise Jici: « attirer l’attention des gens sur ce phénomène, leur dire : attention, soyons vigilants. Nous nous enfermons de plus en plus dans les différents médias et nous perdons ainsi notre capacité à parler en direct. Le décodage de la gestuelle de l’interlocuteur, son langage non verbal, son souffle, le ton, le timbre de sa voix sont autant d’éléments qui enrichissent une conversation. Nous sommes naturellement habileté à décoder ce langage parallèle. Son absence prive la conversation d’une dimension humaine essentielle. Regarder les autres parler, c’est mieux les comprendre. À force de ne pas utiliser notre compétence à décoder le langage non verbal, nous devenons de moins en moins aptes à communiquer. »

Les nouveaux gadgets de communication donnent le don d’ubiquité. Don qui souvent se transforme en lacune : « vous êtes au resto avec un ami, un appel sur le téléphone cellulaire vous précipite dans une autre conversation, elle-même interrompue par un appel en attente. Lorsque vous revenez, vous avez perdu le fil. Vous pouvez être virtuellement à trois endroits différents. » Ironiquement, durant l’entrevue, Jici a reçu un appel sur son téléphone cellulaire. Appel qu’il a pris en me disant : « tu vois, même moi je suis accro. »

Pas prétentieux, ce Jici. Il se défend bien d’être moraliste ou de s’exclure de son propos. Simplement, il s’inquiète, et à juste titre, des dérives des nouvelles technologies et des impacts sur notre besoin fondamental d’établir des contacts réels avec nos semblables : « le seul contact virtuel ne suffit pas. Les gens ont besoin de parler, d’entendre le timbre d’une voix, même si la conversation erre sans but. Pour l’être humain, le son de la voix est réconfortant, rassurant. Malheureusement, les gens communiquent de plus en plus par le truchement des nouveaux médias électroniques et de moins en moins en face à face. Nous mangeons vite, les repas en famille sont moins fréquents, les occasions permettant de lier conversation avec nos proches sont malheureusement devenues une denrée rare. »

Sujet captivant, qui nous laisse d’autres choix que celui de déposer la zappette et d’écouter, pour une fois, jusqu’au bout. Une fois l’entrevue terminée, sur le chemin du retour, je me suis dit : « voilà un être attachant, éminemment sympathique, passionné et passionnant. » Véritable touche-à-tout, il a cette fois mis la main sur un sujet dont nous ne faisons qu’entrevoir toute la portée.

Jici Lauzon est à compléter son mémoire de maîtrise. Il donne également des conférences sur le sujet. Pour en savoir plus : Martine Meilleur communication : 514 322-6321
Vous pourrez également l’écouter sur les ondes du 98,5 à l’émission Coupe-feu, en remplacement de Stéphane Gendron, les 27, 28 et 29 décembre prochains et les 3, 4 et 5 janvier 2007.

Jici est aussi collaborateur à l’émission Bazzo tv, dans la chronique Essais, diffusée sur les ondes de Téléquébec.


Photos : André Bérard

26 décembre 2006

Boxing day

Frénésie, confusion, délire, hystérie, surabondance. C’est le Boxing Day.

Les publicitaires et les bonzes du marketing ayant bien travaillé, le bon troupeau de consommateurs ressent un manque. Il doit acheter, n’importe quoi, pourvu que ce soit en solde. Ainsi, il aura cette sensation de plénitude navrante que procurent tous ces objets made in China qui termineront leur trop courte vie dans un dépotoir et hanteront le purgatoire de générations entières de surconsommateurs dévots.

Excusez-la!

24 décembre 2006

Mmmmmmm!

Ma copine a un petit côté Martha Stewart. Une version déjantée, soit, mais un côté Martha Stewart quand même. Pas un Noël ne passe sans qu’elle nous prépare ses désormais traditionnels p’tits bonshommes et p’tites bonnes femmes en pain d’épices. Vous imaginez sans doute le plaisir malsain que nous éprouvons à observer les invités manger les controversés biscuits. Qui mangera les p’tites bonnes femmes, qui se jettera sur les p’tits bonshommes? Seront-ils dévorés par la tête, le bras, où …

Nous apprenons beaucoup sur nos invités seulement en les observant manger ces biscuits

23 décembre 2006

Le Père Noël de Sainte-Adèle

En ce Noël qui s’annonce pluvieux, « l’Artist » vous offre cette petite illustration, juste pour vous, lecteurs de ce blogue. Une vision fantaisiste de Sainte-Adèle, sans condos, sans centres commerciaux avec un Père Noël qui distribue mises en demeure et injonctions aux citoyens pas sages. La croix du sommet bleu, si chère aux Adélois, brille de nouveau. Monsieur Lupien, du haut de son perchoir, prépare un cadeau aux élus de la Ville. Le Père Noël qu’il a engagé porte lui aussi une perruque blanche. Seule différence : il a dans sa main un marteau, ne rit pas et prononce des sentences.

Hohohohoho!

18 décembre 2006

Dossier La Rolland

Le maire quitte la présidence de la Corporation d’affaires La Rolland.

Vendredi dernier, j’assistais au point de presse annoncé par le maire Jean-Paul Cardinal. Était-ce en raison des contrecoups de l’affaire Lupien et des poursuites auxquelles font personnellement face le maire et ses conseillers, mais j’ai trouvé l’exercice un peu bâclé. Même pas un communiqué.

Cela dit, nous y avons appris la démission de M. Cardinal de la présidence de la Corporation du Parc d’affaires La Rolland. M. Mongeau, directeur général de la Ville, quittera également son siège d’administrateur de la Corporation. Étrangement, cette nouvelle avait « coulée » dans les blogues la veille du point de presse. Manifestement, certains lecteurs sont bien informés. Le maire a également annoncé l’arrivée prochaine d’un nouveau locataire qui occupera près de 10,000 pieds carrés dans les bâtiments de l’ancienne usine. Il souhaite cependant laisser à l’entreprise en question le soin de révéler son identité et d’annoncer la bonne nouvelle.

Ainsi, la Corporation se verra injecter du sang neuf. Rappelons que plusieurs intervenants rencontrés lors de mon enquête sur le parc d’affaires attribuaient au manque de compétences des administrateurs en place, les difficultés du parc qui regroupe des entreprises du domaine des technologies de l’information et des communications. Les nouveaux venus devront relever plusieurs défis, dont celui de préparer un plan directeur pour le parc. Le gestionnaire actuel devait produire un tel plan, mais de l’aveu même de M. Cardinal, il a manqué à sa tache.

Certains des bâtiments de l’ancienne usine seront vraisemblablement démolis, car le coût de leur rénovation serait trop élevé. Ainsi disparaîtra une partie du patrimoine économique de la région. Le maire n’a cependant pas précisé quelles bâtisses sont visées.

Un dossier à suivre

13 décembre 2006

Média citoyen : une étape de franchie?

MISE À JOUR

Bruno Guglielminetti en parle dans son carnet techno

La saga des mises en demeure a marqué la blogosphère québécoise et française. La vague de solidarité soulevée par cette affaire a écrit un nouveau chapitre de l’histoire des blogues au Québec.

Je crois que nous vivons une « deuxième première », car ce matin, le maire Cardinal a invité Blogue-Notes – c'est-à-dire votre serviteur – à un point de presse concernant le dossier de La Rolland, un dossier chaud qui à maintes reprises a fait la manchette de ce carnet. Assistons-nous aux premiers pas qui mèneront vers la reconnaissance d’un média citoyen par une municipalité? Le journalisme civique viendrait-il de franchir une barrière importante?

Les blogues permettent une couverture plus « chirurgicale » de l’actualité. À l’échelle des municipalités, les citoyens – et manifestement le maire de Sainte-Adèle – constatent que ce média citoyen peut avoir un impact important dans les communautés. Il permet aux citoyens de s’exprimer librement et aux élus de prendre, en direct, le pouls de la population.

L’invitation au point de presse du maire Cardinal est une victoire. Pas la mienne, mais celle de tous les blogueurs qui se sont solidairement tenu debout pour la liberté d’expression, et surtout, pour la reconnaissance des blogues.

J’invite les blogueurs qui se sont intéressés à l’affaire des mises en demeure à ne pas passer sous silence cette étape importante que nous franchissons présentement. Nous sommes en terrain nouveau. Nous devons l’explorer ensemble et encourager les efforts que la municipalité de Sainte-Adèle fait pour s’adapter à ce nouveau média citoyen. Peut-être y aura-t-il d’autres accrochages. L’important, c’est que nous sommes sur la bonne voie et que nous avançons.

Affaire Lupien: les réactions

Le conflit opposant M.Lupien et la Ville de Sainte-Adèle suscite énormément de réactions dans notre petite ville. J’ai reçu beaucoup de courriels concernant cette affaire, dont celui de Mme Louise Lemyre de Sainte-Adèle qui me demande de publier son commentaire dans Blogue-Notes. Dans sa missive, Mme Lemyre se dit outrée du traitement que l’on a fait de l’affaire Lupien

Bonjour,

J’adore L’Accès autant pour ses articles de fond que son historique de journal indépendant. J’ai été très surprise de l’article manchette de la semaine passée sur Le Cirque juridique de la Ville de Sainte-Adèle et M. Lupien; j’aimerais y réagir et voir ma lettre publiée au Courrier du lecteur.


Cirque ou Corrida? Accès ou Excès?

J’ai été surprise du récent article s’apitoyant sur le triste sort d’un pôvre M.Lupien persécuté par la Ville, semblait-il. Où était l’enquête journalistique? Pourquoi n’y avait-il pas un petit rappel de la pétition de 3,654 citoyen-nes demandant de ne pas défigurer la vue de la Croix? D’une assemblée de citoyens suggérant de respecter l’esprit du PIIA et de baisser le toît? Pourquoi n’a-t-on pas parlé de la maison dans le contexte de la Charte des paysages des Laurentides et de la protection des sommets? Pourquoi n’a-t-on pas rappelé que la maison a gagné haut la main le Prix d’Horreur architecturale des Laurentides toute catégorie dans les propres pages de l’Accès? Pourquoi n’y avait-il pas une petite mise en contexte et rétrospective de la saga judiciaire pour le bénéfice de Baptiste le contribuable? Une recherche de permis pour des arbres disparus et un sommet dénudé?

Je me suis demandée si mon Journal Accès dont j’avais été si fière pour ses articles de fond ainsi que son historique de journal indépendant, ne s’était pas laissé séduire par le chant d’une sirène en représailles contre une Ville qui venait de baillonner des chroniqueurs locaux? Certes, je ne pense pas que des mises-en-demeure soient la facon optimale de tisser une société et de régler des différends; je ne pense pas non plus que laisser libre cours et diffuser des propos méprisants ou anonymes sur un medium public bâtisse une démocratie; et je crois encore moins que venger l’agneau en donnant le loup au lion avance la moral de cette histoire.

M. Lupien ne me semble pas avoir l’âme d’une victime, s’il voulait être l’ami des Adélois-es et devenir un héros, M.Lupien aurait les moyens de devenir l’’homme qui plantait des arbres’ : qu’il reboise le sommet, qu’il fasse un don à la Société de protection foncière de Sainte-Adèle pour protéger ce paysage qu’il chérit tant du haut de son sommet, qu’il crée le Boisé Lupien à la mémoire de son père maire, qu’il laisse les fonds de la Ville aller vers des parcs pour enfants, vers une piscine Norbert-Morin, vers des pistes de ski de fond balisées, vers la protection du Lac. Il peut être magnanime et généreux, on pourrait avoir pour lui d’autres sommets que ceux des montagnes…

Il n’y a pas de cirque à Sainte-Adèle, mais on y trouve parfois de tristes bêtes victimes d’excès ou d’Accès.

Louise Lemyre, Sainte-Adèle


Permettez-moi ces quelques commentaires.

Je travaille régulièrement avec M. Dallard. J’ai rarement rencontré un être aussi soucieux de l’impact que peuvent avoir ses écrits sur les personnes. M. Dallard est diamétralement à l’opposé du jaunisme. Votre habile jeu de mots de la fin est simplement… habile, et à mon avis, vous pêchez vous-même par excès, dans un Accès d’enthousiasme.

Accès n’est pas Votre journal. C’est le journal de tout le monde. Que vous n’aimiez pas le traitement qu’il a fait de l’affaire Lupien est une chose. Remettre en question la qualité du travail effectué par l’équipe d’Accès en est une autre.

M. Lupien ne fait pas l’unanimité à Sainte-Adèle. Je crois qu’il en est lui-même conscient. Votre commentaire me rappelle combien nous, les Québécois, avons un rapport trouble avec la réussite. M. Lupien devrait faire ceci, il aurait dû faire cela, évidemment, puisqu’il est riche. Ben voyons, c’est quoi le rapport? L’article ne portait pas sur les obligations des riches envers leurs concitoyens. À mon avis, vous faites un procès d’intention à Accès et à M. Lupien. Une pierre deux coups. Vous semblez vous positionner en tant qu’observatrice des événements. Je crois que les observateurs devraient à l’occasion prendre part à l’action. Ils feraient une lecture moins académique des événements.

Je respecte votre point de vue, mais je ne le partage pas. J’invite M. Lupien, Mme Lemyre et les lecteurs à prendre part à cet échange qui s’annonce des plus intéressant.

12 décembre 2006

Les anonymes

La saga des mises en demeure qui a secoué ce carnet et celui de M. Millette, est le résultat de certains commentaires laissés par des anonymes. Cette affaire a relancé le débat entourant la responsabilité des auteurs de carnets vis-à-vis des commentaires exprimés par leurs lecteurs. Sujet délicat qui soulève beaucoup de questions et surtout beaucoup de passion. La majorité des blogues auxquels je participe n’autorisent pas les commentaires anonymes. Est-ce que l’obligation de décliner son identité pour participer à un carnet devrait être une norme dans la blogosphère?

Plusieurs commentaires anonymes sont d’une grande qualité et enrichissent le sujet des billets. Malheureusement, ceux que je me plais à nommer les cybervandales, nuisent carrément à ce merveilleux média qu’est le blogue. Éric-Olivier Dallard, rédacteur en chef du journal Accès, soulignait récemment : «Voyez le problème: à force que soient publiées spontanément chacune des réactions (souvent en chaîne) que provoquent les propos de M. Bérard – sans discrimination – et si chacun peut intervenir, écrire et donner de l’ampleur à la moindre rumeur, tout cela ne finit-il pas par déconsidérer l’ensemble du travail (formidable) accompli par ce blogue? »

Les participants qui se réclament du droit à l’anonymat pour s’exprimer semblent vouloir de surcroît bénéficier d’une immunité les exemptant de toute responsabilité quant à leurs propos. Le « travail formidable » auquel fait allusion M. Dallard s’applique à quantité de carnets. Les dérapages de certains anonymes ont poussé M. Millette à mettre en berne un carnet qu’il tient depuis plusieurs années. Ces mêmes anonymes lui reprochent aujourd’hui son choix et réclament la réouverture des commentaires dans son carnet. Sans doute pour reprendre là où ils avaient laissé avant le SLAPP dont nous avons été les cibles. Pour ma part, je respecte les commentaires anonymes qui observent un certain code d’éthique de base: respects envers les participants du carnet, propos relié au sujet qui anime un débat, etc. Pour ce qui est des autres, je vous laisse deviner.

Qu’en pensez-vous, auteurs de carnets, lecteurs et participants?

Appel à tous

Je suis à préparer un article sur M. Théoret, notre célèbre et inénarrable quincaillier de Sainte-Adèle. Si vous avez des anecdotes le concernant, veuillez me les communiquer à mon adresse courriel.

10 décembre 2006

Nouveau carnet : Rollandgate

Je viens d’ajouter un nouveau carnet à mes liens : Rollandgate. Son auteur, M. Éric Veilleux est le propriétaire de l’entreprise Mærix, installée dans l’ancienne usine de La Rolland. M. Veilleux, est celui qui a attiré mon attention sur le dossier du parc d’affaires La Rolland, rebaptisé Rollandgate par les internautes. Les informations colligées par M. Veilleux concernant le parc d’affaires sont remarquablement bien organisées et dressent un portrait peu connu du controversé parc d’affaires de Sainte-Adèle. Il sera intéressant de suivre l’évolution de ce carnet dans les prochaines semaines.

08 décembre 2006

Sainte-Adèle le Cirque?

C’est la manchette du journal Accès du 8 décembre 2006.

Une autre saga juridique opposant l’administration municipale à un citoyen, secoue notre petite ville. Décidemment, Avocats, huissiers et boîtes de relations publiques doivent jubiler devant cette manne qui tombe du ciel, alors que les ponctions dans les fonds publics s’accélèrent à un rythme inquiétant. Cette fois, il s’agit d’un conflit gravitant autour d’un droit de passage sur le terrain de M. Lupien, propriétaire du fameux « manoir » qui, à plusieurs reprises, a fait la manchette dans ce carnet et dans celui de M. Millette. Précisons pour les lecteurs qui ne sont pas de la région que la fameuse croix de Sainte-Adèle, celle que l’on voit à des kilomètres à la ronde, s’érige sur le terrain de M. Lupien. Or, la Ville détient un droit de passage lui donnant accès à la croix afin de procéder à des entretiens, entre autres, le remplacement des ampoules qui illuminent la structure métallique. Le passage semble impraticable. Afin d’accommoder les employés de la municipalité, monsieur Lupien les autorisait à passer sur son terrain pour leur donner accès à la croix. « Ils venaient sans avertir, se présentaient n’importe comment… je ne savais même plus qui passait sur mon terrain! » Fatigué de cette situation, le propriétaire à exiger de recevoir un avis de 48 heures avant chaque visite prévue par la municipalité. M. Lupien soutient qu’on lui a répondu : « nous avons tous les droits et tous les pouvoirs. Nous n’avons pas à vous livrer de préavis. »

Le maire Cardinal qualifie lui-même cette situation de « cirque ». Quant à M. Lupien, il affirme qu’il s’agit de mauvaise administration et souhaite que « cette administration soit mise en tutelle, c’est ce qui pourrait advenir de mieux à la population de Sainte-Adèle. » Ce à quoi M. André Mongeau, directeur général de la Ville réplique : « Monsieur Lupien souhaite mettre dehors les gens de la municipalité? Les vacances arriveront plus vite! » N’est-ce pas là le commentaire d’une administration à bout de souffle? La question se pose.

Cirque? Burlesque? Le conflit semble en effet s’enliser dans des procédures coûteuses, créant une autre fuite dans les finances publiques de la Ville. Encore une fois, c’est la firme Octane-Stratégie qui gère la crise et qui représente la Ville auprès des médias. N’oublions pas que Sainte-Adèle compte à peine 10 000 habitants. Ça commence à faire beaucoup de frais de justice pour une si petite agglomération. Que se passe-t-il dans notre village? Avons-nous les moyens de nous payer une administration qui semble abonnée aux avocats et aux huissiers? Rappelons-nous le dossier de La Rolland, où là aussi, les avocats de la Ville semblent faire bombance. Était-ce vraiment nécessaire de poursuite une entreprise du parc? Y aurait-il eu d’autres voies permettant de régler le contentieux? Nous sommes en droit de nous interroger, à la lumière des derniers événements opposants la municipalité et ses citoyens. Nos élus font-ils de la politique ou du droit?

M. Cardinal se dit attristé des proportions que prend le dossier avec M. Lupien: « J’aimerais pouvoir mettre toutes ces énergies sur des choses plus constructives pour Sainte-Adèle. »

Un dossier à suivre

Source: journal Accès, ed. 8 décembre 2006, pages 8-9

07 décembre 2006

Il parle de nous le mec!

Je viens de tomber sur le blogue d’un Français qui bosse chez Enzyme, une entreprise installée dans l’ancienne usine de La Rolland. Portant le titre évocateur de Ma cabane au Canada, le blogue en question nous propose, entre autres, un lexique des expressions québécoises, telles que vues par l’auteur. Plusieurs des employés de l’entreprise Enzyme tiennent des carnets où ils parlent de Sainte-Adèle. Visitez le Blog potes de l’auteur.

Aussi : le blogue de Manuelle Martin Attention, c’est en allemand

06 décembre 2006

Mon blogue, ton blogue

La rumeur a soufflé à mon oreille fraîchement remise d’une labyrinthite que certains lecteurs confondent mon blogue avec celui du journal Accès. Détrompez-vous, lecteurs en délire. Ce n’est absolument pas le cas. Bien que je sois journaliste-pigiste pour ce journal, Le Blogue-Notes n’est lié d’aucune façon à cet hebdo. Les opinions émises ici ne représentent pas celles du journal. La réciproque est également vraie.

Voilà.

Pour en rire un peu

Est-ce que le fait d’avoir reçu deux mises en demeure fait de moi un «mis en demeuré?»

05 décembre 2006

Mise au point de la Ville

À la suite des remous provoqués par la réception de mises en demeure par ce carnet et celui de M. Millette, la Ville de Sainte-Adèle, par l’intermédiaire de la firme privée de communication Octane-Stratégie a publié ce communiqué.

Mise au point de la Ville de Sainte-Adèle

Sainte-Adèle, le 5 décembre 2006 – À la suite de l’envoi d’une mise en demeure et de précisions identifiant clairement des propos jugés diffamatoires inscrits sur des blogues tenus par des citoyens de la municipalité, la Ville constate que lesdits propos ont été retirés.

« Je crois et croirai toujours que la liberté d’expression sur les blogues n’inclut pas le droit de diffamation. Les récents correctifs me satisfont. Nous resterons vigilants, mais nous considérons l’incident clos», a déclaré M. Jean-Paul Cardinal, maire de la municipalité.


Ce communiqué a été publié sur le site du journal Accès. Je déplore le fait que Blogue-Notes n’a pas aussi obtenu un exemplaire du communiqué, car cette affaire, rappelons-le, a d’abord été publiée dans ce carnet.

Concernant les correctifs, j’attire votre attention sur le fait que je n’ai pas retiré les commentaires en entier, comme l’exigeait la mise en demeure. J’ai seulement retiré les quelques mots jugés litigieux, et ce, dans le but de respecter aussi les auteurs des commentaires. Ce qui semble satisfaire le maire Jean-Paul Cardinal.

J’ai reçu ce matin un appel de M. Cardinal qui m’a expliqué sa position dans cette affaire. Conversation civilisée où nous avons chacun exprimé notre lecture des événements. Je persiste à croire que cet appel aurait dû se faire avant l’envoi de mises demeure. Ce qui aurait évité les inutiles coûts légaux qui ont été investis par les contribuables dans ce dossier. Sans compter la production du communiqué. Je suis intimement convaincu qu’il s’agissait bel et bien d’une tentative d’intimidation qui a tourné au vinaigre et qui s’est retournée contre les expéditeurs. Je laisse les lecteurs juger par eux-mêmes.

Le journalisme civique qui se pratique dans les blogues comme celui-ci est un phénomène émergeant. Les élus de tous les paliers de gouvernements doivent s’y adapter et apprivoiser ce nouveau média libre. D’autres accrochages sont à prévoir, mais je crois que nous, carnetiers, venons d’avancer d’une case dans la bonne direction grâce à ces événements. Cependant, le fait de ne pas avoir figuré dans la liste d’envoi du communiqué de la Ville, démontre qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que les administrations municipales intègrent les carnets dans le paysage médiatique. Les blogues sont branchés directement sur les citoyens. C’est du direct où il est pratiquement impossible de se défiler.

M. Millette du Carnet de Sainte-Adèle, le second carnet visé par une mise en demeure, affirme quant à lui : « Nous avons fait un pas pour l'harmonie de notre ville. La balle est maintenant entre les mains de l'équipe adverse et ce serait maintenant à leur tour de se montrer bons joueurs en faisant un pas positif dans notre direction. » Propos que j’endosse entièrement.

Les carnetiers se sont mobilisés dans une opération de solidarité unique en ce genre au Québec. Les questions posées par l’affaire des mises en demeure devraient faire l’objet de débats. Le vide juridique concernant la responsabilité des auteurs de carnets vis-à-vis des commentaires laissés par leurs lecteurs devra être comblé. L’immunité dont disposent les anonymes devrait, elle aussi, être remise en question. Nous venons d’écrire un chapitre dans l’histoire des blogues au Québec. Nous devons maintenant nous attaquer à l’écriture du livre.

03 décembre 2006

Péril en la (mise en) demeure

MISE À JOUR

L'affaire des mises en demeure fait l'objet d'un article dans Cyberpresse. Un texte de Marie-Eve Morasse. En date du 5 décembre 2006, c'est le deuxième article le plus lu sur ce site. Comme quoi cette affaire touche de près la communauté virtuelle.

Les événements de la dernière semaine ont soulevé plusieurs questions concernant la libre expression, la liberté de presse et le rôle des blogues dans les communautés. Les « médias citoyens », et ce qu’il est maintenant convenu d’appeler le journalisme civique, sont là pour rester et joueront un rôle grandissant dans les communautés virtuelles et physiques. L’intérêt suscité par l’affaire des mises en demeure, tant dans la blogosphère que dans les médias traditionnels, témoigne de l’importance de ce nouveau média.

La vitesse épidémique avec laquelle l’histoire s’est propagée est éloquente. Les blogues sont désormais un outil démocratique incontournable permettant d’exercer le droit à la liberté d’expression. Ce droit est cependant lié à un devoir : celui du respect des individus. Ce qui nous emmène à nous interroger sur la surutilisation de l’anonymat dans le contexte des blogues d’opinions et de journalisme civique. En ma qualité de blogueur, j’ai choisi d’écrire sous mon vrai nom. Ce qui me responsabilise vis-à-vis de mes textes. À ce sujet, le maire Cardinal a d'ailleurs souligné à de multiples reprises que les mises en demeure ne concernaient pas mes billets, mais certains commentaires laissés par des lecteurs utilisant l’anonymat : « Je n’en veux pas après les articles de M. Bérard. Ce sont les commentaires mensongers qu’on peut lire à mon égard. »

J’ai d'ailleurs, à plusieurs reprises, supprimé des commentaires disgracieux visant le maire et moi-même, tous publiés sous le couvert de l’anonymat. Je crois que les fidèles lecteurs de ce carnet connaissent mon allergie à l’anonymat. Lorsque je laisse un commentaire dans les autres carnets, il est toujours signé. Si nous souhaitons, en tant que blogueurs libres, bâtir la crédibilité du média que nous avons choisi pour nous exprimer, nous devons aller jusqu’au bout de notre démarche. C’est particulièrement vrai pour les blogues d’opinions et ceux qui pratiquent le journalisme civique. Cependant, je suis aussi d’avis que tous les blogues ne doivent pas nécessairement « jouer un rôle. » Ils peuvent aussi être simplement amusants, distrayants, légers.

Certains participants souhaitent écrire sous le couvert de l’anonymat. Suis-je responsable des propos tenus par les participants de ce blogue? Personne n’a de réponses claires à cette question. À ma connaissance, il n’y a aucune jurisprudence au Canada. En Californie, certains tribunaux ont statué qu’un blogueur ne peut pas être tenu responsable des commentaires laissés par ses lecteurs. Quand le maire dit : « quand quelqu’un dit que je collecte 100 000 $ avec ça, c’est à lui (André Bérard) de dire que ce n’est pas vrai », je réponds : ce n’est pas à moi de dire si c’est vrai ou faux, car je n’en sais rien. C’est à l’auteur du commentaire de le prouver. De tels commentaires livrés par des anonymes sont tout aussi irritants pour moi que pour le maire. Je comprends sa position, et je souhaite qu’il comprenne la mienne. Lorsque j’ai activité la modération des commentaires, alors que le dossier de La Rolland battait son plein, j’ai été accusé de censure par mes lecteurs. Si je ne les modère pas, je reçois des mises en demeure.

Les anonymes seront désormais sous surveillance dans ce carnet. Ils seront tolérés dans la mesure où leurs propos seront en lien avec le sujet du billet et qu’ils enrichiront le débat. Je n’ai malheureusement pas les moyens de lancer une croisade et de faire jurisprudence. La Ville oui. Sinon, je le ferai sans hésiter. Le débat est toutefois passionnant et mérite qu’on s’y intéresse. Je souhaite que l’aventure ait permis à la Ville de prendre conscience que les deux blogues de Sainte-Adèle font partie des médias lus et aimés des Adéllois. Le dialogue et la participation à ces tribunes sont préférables aux inutiles et coûteux recours légaux. Les mauvaises nouvelles se propagent vite, les bonnes aussi.

Je termine ce billet sur une phrase que j’ai entendue, je ne sais plus où, et qui dit : un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse.

À suivre …

02 décembre 2006

Plus ça change ...

Un communiqué du Centre d’accès communautaire Claude-Henri-Grignon
vient d’être publié dans Cybercitoyen. Sans établir de lien direct avec l’affaire des mises en demeure, le texte de M. Scalise donne une perspective intéressante à ce qui se passe dans ce carnet. Notez que le Cybercitoyen est un carnet mis à la disposition des citoyens ordinaires qui se voient trop souvent refuser l’accès aux tribunes traditionnelles.
AB

01 décembre 2006

Poursuite Académie prise 2

Plusieurs visiteurs néophytes m’écrivent pour exprimer la difficulté qu’ils éprouvent à suivre ce qui se passe dans ce blogue. Pour une meilleure compréhension de l’ensemble des billets concernant les mises en demeure, vous devez savoir que les billets sont publiés de façon antéchronologique. Ce qui signifie que le billet que vous lisez en ce moment est le plus récent d’une série. Vous n’avez qu’à faire défiler la page afin de remonter au premier billet traitant de cette affaire, soit celui intitulé Bâillon.

MISE À JOUR

Pour les lecteurs hors région, voici ce que les hebdos locaux ont écrit sur le sujet.

Chronique Altitude du rédacteur en chef du journal Accès Laurentides.

Article de Valérie Schmaltz dans le journal Accès

Article de Éric Nicol du journal La Vallé (l’article n’est pas complet).

Le journal des Pays d'en Haut reste muet cette semaine.


Dans le précédent billet, j’annonçais mon intention de m’accorder un temps de réflexion raisonnable et de consulter des juristes relativement à l’envoi intempestif de mises en demeure de la part du maire de Sainte-Adèle.

Voici ma position.

Tout ce tapage inutile et ce gaspillage de fonds publics auraient pu être évités si le maire et son équipe avaient simplement pris la peine de m’appeler. Comme l’a si judicieusement exprimé M. Martel du Gros BS « on vous a passé sur le corps avec un bulldozer, mais faut pas le prendre mal, on voulait simplement vous klaxonner ». Deux coûteuses mises en demeure pour quelques misérables mots laissés dans les commentaires d’un blogue, relève de l’absurde. Le manque d’élégance dans les méthodes de l’équipe Cardinal dans ce dossier est le seul responsable de l’état actuel des choses.

Dans la dernière livraison du journal Accès, M. Cardinal, affirme que la deuxième mise en demeure n’était qu’une « simple lettre explicative envoyée à André Bérard et non une mise en demeure. » Une « note explicative » qui se termine par « veuillez agir en conséquence » et qui porte le logo des avocats Prévost, Fortin et d’Aoust est bel et bien une mise en demeure.

L’utilisation d’un simple téléphone aurait pesé moins lourd sur les fonds publics, si seulement le maire Cardinal avait eu la bonne idée de l’utiliser. J’ai de la difficulté à saisir toutes les subtilités, les nuances stratégiques se cachant derrière cette (mal)habile manœuvre — et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Le maire affirme qu’il ne s’agit pas d’intimidation ni d’une tentative de bâillonner un média citoyen. En ce qui me concerne, je suis persuadé du contraire. L’indignation que cette affaire soulève dans la blogosphère québécoise et internationale me laisse croire que je ne suis pas le seul à ne pas comprendre.

La deuxième « note explicative » pointe du doigt les commentaires litigieux. Après la publication du document dans ces pages, l’auteur d’un des messages a communiqué avec moi pour m’avouer s’être emporté. Il est navré de toute cette histoire et m’autorise à retirer la partie litigieuse de son commentaire. Ce que j’ai fait avec plaisirs. La suite du commentaire restera cependant intacte, puisqu’elle ne comporte rien de litigieux. Pour les autres commentaires visés par la « note explicative », voici la position de blogue-notes.

Commentaire 1

Une partie de ce commentaire a été supprimé.

J’ai conservé :

« Bandit en cravate. »

Rien de diffamatoire puisque c’est le pseudonyme de l’auteur du commentaire.

« Bravo pour votre chronique payé à même notre argent dans le journal M. le Maire. »

Le maire rédige en effet une chronique dans le journal des Pays d’en Haut. Je serais étonné d’apprendre qu’il assume personnellement les coûts de sa prose dans les pages de ce journal. Je doute également que les éditeurs de l’hebdo lui offrent gratuitement cet espace. Si tel est le cas, qu’on nous le dise simplement.
Si le maire veut se payer une chronique dans un hebdo, grand bien lui en fasse. Si cela déplaît à certains citoyens, ils ont le droit de l’exprimer et de l’écrire gratuitement dans ce carnet.

« Vivement un comité de citoyens ici.»

Pourquoi pas? Est-ce une attaque en règle? Non.

« Cardinal n'est plus crédible et il doit remettre sa démission. »

C’est un point de vue qui en vaut un autre. Déplaisant, mais pas diffamant.

Commentaire 2

Anonyme,

Une partie de ce commentaire a été retiré, puisqu’il écorchait le maire et son administration.

J’ai conservé :

« Les gestionnaires de Montréal CITEC c'est pas gratuit, beaucoup de beaux
dollars adélois en fumée. »


Je serais étonné que la firme Citec gère gratuitement le parc d’affaires. Si ce citoyen considère que ce sont de «beaux dollars adélois » qui partent en fumée, il a le droit de l’exprimer.

« Les dépenses inutiles de la CPAR, comme par exemple:photos aérienne du site, affiche géante des administrateurs, changement de logo de la CPAR,
participation à des tournois de golf, brochure inutilisée, bureau digne du
Taj-Mahal, etc. »


Un citoyen pense que le coût du matériel promotionnel du parc d’affaires ainsi que les activités de promotions sont un gaspillage. Y a-t-il lieu de censurer un tel commentaire? Non. Les anciens bureaux de la Corporation, aujourd'hui occupés par le promoteur Attitude Nord, sont effectivement les plus luxueux du Parc. J’ai moi-même visité tous les locaux et j’en arrive à la même conclusion. Diffamation? Non, simple observation.

Commentaire 3

C’est le commentaire de l’auteur qui a accepté de retirer certaines de ses allégations pas gentilles.

J’ai conservé :
« Les barils ont été laissés à la corporation tout comme le reste pour 1 $
cependant, les frères Lemaire (proprio de cascades, chic type en passant) ont
laissé aussi un montant de 100 000$ pour la décontamination du site ».


Aucune trace de diffamation, de propos tendancieux ou d’attaque en règle. Désolé.

Voilà, c’est tout. Avouez que la chose ne valait pas tous les moyens légaux qui ont été investis dans cette croisade tragicomique lancée contre un carnet.

Résumé de l’histoire :

Samedi dernier, je reçois une première mise en demeure m’ordonnant de retirer tout propos litigieux, diffamatoire, « libelleux », etc., sans toutefois préciser lesquels. Le dernier paragraphe laisse planer des menaces de poursuites. Soulignons qu’avant la réception du brouillon, j’ignorais tout des malaises de l’équipe Cardinal provoqués par certains commentaires.

Deuxième mise en demeure, baptisée « note explicative » par le maire Cardinal. La missive emprunte un ton plus doux et précise (enfin) quels sont les fameux commentaires litigieux.

Je publie les documents dans mon carnet et l’affaire se répand comme une traînée de poudre dans la blogosphère québécoise et chez nos amis français, soulevant l’indignation des blogueurs libres et de leurs lecteurs. Un mouvement de solidarité s’organise. Mouvement duquel le carnet de Sainte-Adèle se dissocie, qualifiant l’événement de simple chicane. Chicane qui a cependant infligé de sérieux dégâts à son carnet, puisqu’il en a retiré tous les billets, les commentaires et les archives et qu’il n’autorise plus l’ajout de nouveaux commentaires. M. Millette est, à ma connaissance, le seul carnetier qui défend cette position. Je la respecte en tout point même si je suis en total désaccord avec son analyse des événements.

Une lettre d’appui électronique est mise en ligne par l’auteur du carnet le Gros BS. Le Devoir, La Presse, les hebdos locaux parlent de l’affaire. Je reçois de toute part des lettres d’appui, des conseils de juristes. La photo du maire Cardinal circule sur une quantité phénoménale de blogues.

Le Maire, qui jusque-là semblait sous-estimer l’importance de ce nouveau média citoyen, prend soudainement conscience de l’épidémie de solidarité que ces « notes explicatives » ont déclenchée. Il mandate alors un membre de son équipe qui, par courriel, fait parvenir une lettre aux carnetiers qui ont traité de l'affaire. Lettre que la majorité d'entre eux reçoivent froidement en la qualifiant d’excuse malhabile et d’explication tardive. Au moment où j’écris ces lignes, la blogosphère bourdonne de commentaires peu élogieux à l'endroit de M. Cardinal. Il est le seul artisan de son malheur. Désolé pour lui. Sincèrement. Son refus d’accepter la présence et le rôle important que jouent les nouveaux médias citoyens dans les communautés aura fait déferler sur la mairie de Sainte-Adèle la colère des blogueurs libres.

Un simple coup de fil du maire ou d’un de ses représentants aurait permis de régler l’affaire. En tant qu’auteur d’un carnet, je n’ai pas à téléphoner au maire chaque semaine, afin de m’assurer qu’aucun des commentaires laissés par un de ses concitoyens ne l’a écorché. J’ai régulièrement invité M. Cardinal à manifester sa présence dans les deux seuls blogues de sa ville, sans succès.

Nous en sommes là. Qu’arrivera-t-il maintenant? Une autre mise en demeure? Combien d’argent des fonds publics investira-t-il dans son entêtement à ne pas régler à l’amiable un problème qu’il a lui-même créé?

Je laisse aux Adélois le soin de juger de la pertinence de la démarche du maire et de son équipe.

Pour ma part, je vais reprendre mes activités normales de carnetiers. L’invitation à M. Cardinal tient toujours. S’il veut publier un communiqué dans mon carnet, je le ferais avec le plus grand des plaisirs. Je n’ai pas l’intention d’aller m’expliquer avec lui. Je crois sincèrement que c’est lui qui doit des explications à ses concitoyens.

André Bérard