«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

25 avril 2008

Fahrenheit 451

Lisez aussi la chronique de Josée Pilote, coéditrice du journal Accès.

Le journal Accès a la confirmation qu’un petit groupe de commerçants membres de la chambre de commerce de Sainte-Adèle a organisé «une période de temps plus dure pour le journal Accès.» Parallèlement, nous constatons depuis plusieurs semaines qu’il est difficile de se procurer des exemplaires de l’Accès dans les principaux points de distributions adélois. Je reçois personnellement des messages à ce sujet de citoyens qui se questionnent sur cette situation.

En mars dernier, j’ai mené ma petite enquête. J’ai en effet noté que les présentoirs d’Accès du Métro, de la caisse populaire Desjardins et du IGA étaient vides. Je me suis rendu à Saint-Sauveur pour constater que L’Accès était bel et bien distribué. Même chose du côté de Val-David et de Sainte-Agathe où les présentoirs étaient bien garnis. La distribution du journal se fait depuis le sud vers le nord. Il est donc étrange de constater que seule la ville de Sainte-Adèle est en «pénurie» d’Accès. Je ne conclus pas que le boycottage organisé par certains commerçants adélois est relié à ce vidage des points de distribution. Seulement, le synchronisme des événements est troublant et soulève des questions.

Je connais le nom de l’initiateur du boycottage. C’est un membre de la chambre de commerce de Sainte-Adèle. Je n’ai pas à dévoiler son nom ici, car c’est une affaire concernant le journal et l’individu. Le geste du commerçant est condamnable, car il jette le discrédit sur l’ensemble des membres de la chambre de commerce. Je souhaite que la directrice et le président de la CCSA ainsi que le maire Descoteaux (la Ville finance en partie la CCSA) prennent position publiquement et condamne une telle pratique rétrograde. Que ce commerçant et ses acolytes sachent que contrairement à ce qu’ils soutiennent, le journal Accès et ce blogue ne s’acharnent aucunement sur la Ville de Sainte-Adèle. Ce sont les Adélois eux-mêmes qui nous communiquent les informations, cherchant à faire connaître des situations qu’ils jugent inacceptables. En s’attaquant à un média, ce groupuscule foule aux pieds non seulement la liberté d’expression, mais tout un mouvement citoyen, et ce, par crainte de voir leurs recettes diminuées. Dans ce contexte, qui nuit le plus à Sainte-Adèle? Comment s’étonner ensuite que la CCSA n’ait pas bonne presse auprès des citoyens adélois?

J’invite également les membres de la CCSA qui désapprouvent de telles pratiques à prendre position publiquement.

Toute cette histoire rappelle Fahrenheit 451

Photos prises un samedi du mois de mars

Sainte-Adèle:



Val-David et Sainte-Agathe:




Photos: André Bérard

24 avril 2008

Les murales des lamentations

Cette semaine, la chambre de commerce de Sainte-Adèle distribuait un courriel à ses membres. À la lumière des réactions qui me parviennent, je constate que le message soulève beaucoup de questions chez bon nombre de destinataires. Il s’agit en réalité d’un appel à tous les membres de la CCSA leur demandant de soutenir et encourager le projet des murales des Pays-d’en-Haut. Voici la missive :

«Avis à tous les commerçants de Sainte-Adèle. Vous aimez les Murales ? Vous trouvez qu’elles participent à la richesse, l’économie et le patrimoine de Sainte-Adèle ?

Les Murales des Pays-d’en-Haut ont besoin de votre appui !


Écrivez dès maintenant une lettre ou un courriel les encourageant à continuer ce projet inspirant. La Chambre de commerce acheminera votre mot d’appui aux personnes appropriées.


Merci de votre intérêt pour votre communauté !»


Le projet des murales, comme beaucoup d’autres à Sainte-Adèle, n’a jamais fait l’objet d’un véritable débat public. Les commentaires qui me parviennent concernant ce projet sont rarement élogieux. Lors d’une entrevue menée avec l’un des artistes qui a réalisé une murale, je fus étonné de constater à quel point l’expérience lui avait semblé désagréable. Plusieurs commerçants adélois m’ont également exprimé leur opposition à ce projet. La lecture du message de la CCSA soulève plusieurs questions. D’emblée, nous percevons une urgence dans un texte ou la position qu’il faut adopter vis-à-vis de ce projet est fortement suggérée, voire imposée aux membres de la CCSA : participer à la richesse, l’économie et le patrimoine de Sainte-Adèle. Si les murales des Pays-d’en-Haut ont besoin à ce point d’un appui, faut-il en conclure que le projet ne se porte pas aussi bien qu’on veut nous le faire croire? Récemment, Pierre Grignon dans sa chronique publiée dans le journal des Pays-d’en-Haut, jugeait sévèrement le président de l’organisme, Frank Bosco ainsi que l’ensemble du projet. Son commentaire faisait écho à ceux qui me parviennent de citoyens et de commerçants adélois. Le temps serait-il venu de faire le bilan du projet et de procéder à une remise en question publique plutôt que de le promouvoir à tout prix? Plusieurs le croient, d’autres semblent déterminés à l’exiger.

Plusieurs remettent en question la pertinence de ce projet et nourrissent des doutes quant à sa capacité d’attirer des touristes à Sainte-Adèle. De plus, certains observateurs ont des réserves concernant l’impact visuel qu’auront ces murales dans l’environnement urbain adélois. À ce chapitre, les opposants critiquent l’apparition de murales sur pilotis et affirment «qu’il ne s’agit plus de murales lorsque l’on installe un mur sur des pilotis.»

Si certains interlocuteurs dans ce dossier croient que les murales contribueront à la valorisation des artistes de la région, d’autres semblent au contraire estimer que le projet est une forme d’exploitation des artistes. Combien coûte EN RÉALITÉ une murale? Comment le budget d’une murale est-il ventilé et quelle est la part de l’artiste? La question la plus récurrente est celle-ci : À qui profite le projet? Selon mes sources, un mouvement d’opposition s’organiserait présentement à Sainte-Adèle. Voilà qui expliquerait cet appel à tous lancé par la CCSA.


Les observateurs de la scène économique adéloise notent qu’il n’y a aucun projet porteur à Sainte-Adèle. Encore moins de projets rassembleurs. Dans le passé, les clés de la ville ont été confiées à des promoteurs. Une erreur en attirant une autre, certains acteurs économiques tournent en rond depuis des lustres dans leur carré de sable privé où les nouveaux amis ne sont pas admis et où l’on exerce une démocratie à sens unique. Malgré l’argent investi dans la chambre de commerce, nous sommes forcés de constater que les résultats ne sont pas là. Plusieurs groupes ont fait la preuve de leur inaptitude à dynamiser la ville et à générer des idées novatrices.

Les chasses gardées freinent l’apport de sang neuf et la mise sur pied de projets porteurs. Les clubs privés devront être dissous et le citoyen devra reprendre la place qui lui revient dans les grands débats sociaux, économiques, environnementaux, etc. Nous sommes encore loin de cet objectif à Sainte-Adèle. Les lobbys des commerçants et des promoteurs n’ont pas de contrepoids citoyen. Ces derniers doivent s’imposer davantage et participer de façon active à la reconstruction de leur ville. Les gestionnaires doivent cesser de se prendre pour des visionnaires. Les visionnaires doivent renoncer à vouloir jouer les gestionnaires. Les uns devraient plutôt travailler avec les forces des autres.

Les commerçants adélois doivent de toute urgence cesser de faire de la politique, d’organiser des boycottages infantiles, de revendiquer un statut messianique et simplement s’occuper de leurs affaires.

Puisqu’aucun débat public n’existe concernant le projet des murales, j’invite les Adélois et les lecteurs de l’extérieur du territoire à exprimer librement leurs commentaires. Ils seront lus par les «personnes appropriées.»

Légende photo: L'esthétisme de cette murale sur pilotis, installé à l'entrée de parc de la famille, est fortement critiqué à Sainte-Adèle.

Photo: André Bérard

21 avril 2008

Pierre Morabito: un homme qui se tient derrière ses mots

Dans mon billet Toujours vivant, je signalais le fait que depuis un bon moment le journal Accès est difficile à trouver à Sainte-Adèle, alors qu’il est facile de se le procurer dans les villes avoisinantes. Je parlais aussi d’un boycottage du journal «commandé» par un commerçant adélois bien connu. À la suite de la publication de ce billet, nous avons reçu un courriel de Pierre Morabito, l’un des candidats qui se présentaient comme conseiller lors des élections partielles du 24 février dernier: «Si certains commerçants boycottent votre distribution, pourquoi ne pas faire comme les camarades de Média Matin de Québec? Moi je suis partant pour être camelot bénévole et je réserve immédiatement mon emplacement: près du IGA.»

Wow! Je suis flabbergasté! Voilà qui s’appelle avoir le courage de ses convictions! Voilà une offre qui démontre que l’homme accorde une grande place à la démocratie et à la liberté d’expression. Une autre adéloise me disait concernant ce boycottage :«pour qui se prend-il (le commerçant) pour décider de ce qui est bon ou mauvais à lire sur Sainte-Adèle?» Boycotter un journal, c’est afficher un mépris, non seulement pour la liberté de presse, mais aussi envers tous les lecteurs qui s’identifient à l’hebdomadaire Accès.

Je salue l’engagement de Pierre Morabito. Qui sait si son offre ne sera pas retenue, puisque d’autres lecteurs ont même exprimé leur intention — si la situation perdure — d’organiser une manifestation pacifique devant certains commerces. Décidemment, les choses changent à Sainte-Adèle!

19 avril 2008

Séries adéloises: Ville de Sainte-Adèle 1, Marc Lupien 0

La Ville de Sainte-Adèle et ses procureurs — la firme Deveau, Bourgeois, Gagné, Hébert et associés — viennent de remporter une première victoire dans les séries judiciaires les opposant au citoyen Marc Lupien et à la Société en commandite Sommet Bleu. L’honorable Michel Delorme, juge à la Cour suprême, dans un jugement rendu le 16 avril dernier, rejette la requête introductive d’instance des demandeurs Marc Lupien et de la Société en commandite Sommet Bleu dans le dossier relatif à des travaux entrepris sur la voie publique par les demandeurs, et ce, sans autorisation.

À la suite de travaux entrepris sans autorisation sur la voie publique par Marc Lupien, la Ville avait demandé une injonction. Par la suite, Marc Lupien a exercé un recours contre les conseillers, la succession de Guy Naud et la Municipalité de Sainte-Adèle. La requête introduite affirmait, entre autres, que «ledit recours était abusif, inutile et malicieux, et le mandat qui fut donné par les défendeurs aux procureurs de la municipalité d’intenter ledit recours a été donné par les défendeurs de mauvaise foi, par malice et dans l’intention de nuire aux demandeurs.» Plus loin, les demandeurs soutiennent que «le recours était tout à fait inutile» puisque la Ville requérait l’autorisation d’effectuer des travaux sur la voie publique — propriété de la Ville —, alors que les travaux étaient déjà terminés. La requête mentionne également que le juge Journet avait affirmé à plusieurs reprises que «le recours de la municipalité était inutile et constituait une mauvaise utilisation des fonds publics.» Pour ces raisons: «les demandeurs requièrent que les défendeurs — soit Jean-Paul Cardinal, les conseillers, la succession du conseiller Guy Naud et la municipalité de Sainte-Adèle — soient condamnés à remboursés solidairement à la municipalité de Sainte-Adèle ainsi qu’aux demandeurs une somme totale de 200,000 $»

Dans son analyse, le juge Delorme écrit:«Il est acquis que personne ne peut, sans autorisation, exécuter des travaux sur la voie publique municipale et que l’injonction est un recours approprié contre celui qui exécute de tels travaux.» Résumant le déroulement des échanges entre les parties concernant le volet «inutilité des démarches», le juge conclut qu’elles n’étaient pas inutiles, mais le sont devenus:«En aucun cas, le juge Journet n’a-t-il déclaré que les procédures intentées par la municipalité étaient inutiles ab initio (initialement).

Les demandeurs reprochent aux conseillers d’avoir adopté une résolution (no 2006-006) à la demande de Jean-Paul Cardinal et qui mandate les procureurs de la Ville d’entreprendre des recours jugés abusifs, inutiles et malicieux par Marc Lupien. Selon le juge, la chronologie des événements rend «invraisemblable que les défendeurs aient, dans le but de nuire aux demandeurs, adoptés le 16 janvier 2006 autorisant l’institution contre eux de procédures judiciaires, en raison de travaux qui seront exécutés, de l’aveu de M. Lupien, quelque neuf mois plus tard.» Il observe également que Jean-Paul Cardinal s’est abstenu de voter lors de l’adoption de la résolution:«S’il n’a pas voté […], on ne peut conclure qu’il a demandé d’instituer des procédures contre les demandeurs, comme ces derniers le soutiennent.».

Concernant les accusations de mauvaise foi, le juge estime qu’il y a «absence d’allégations de faits soutenant la qualification de mauvaise foi.» En conclusion, le juge Delorme statue que «sur le tout, le tribunal est d’avis que le recours intenté par les demandeurs contre les défendeurs est manifestement mal fondé. Il y a donc lieu d’y mettre un terme immédiatement.» Pour ces motifs le tribunal rejette la requête et l’action des demandeurs.

Rappelons que ce jugement de la Cour supérieure ne concerne que l’une des causes opposant la Ville, Marc Lupien et la Société en commandite Sommet Bleu et ne concerne pas celle de la servitude. Puisqu’il s’agit du rejet d’une requête, le dossier n’a donc pas été entendu sur le fond et le juge n’a pas statué sur la preuve ni sur les témoignages qui n’ont pas été entendus.

Pour ces raisons, Marc Lupien confirme qu’il ira en appel de cette décision dans les prochains jours : «Le document est déjà prêt. Mes procureurs sont persuadés que la décision sera facilement cassée en appel, puisque le juge n’a pas rendu sa décision sur le fond.»

Publié dans l'Accès, éd. 18 avril 2008 p. 10

16 avril 2008

Effondrement à La Rolland

Le week-end dernier, une partie du toit d’un des bâtiments heureusement inoccupés du parc d’affaires La Rolland à Sainte-Adèle s’est effondré. Selon nos sources, des experts avaient déjà averti les gestionnaires du parc que la toiture qui menaçait de s’effondrer risquait de ne pas passer l’hiver. Les chutes de neige abondantes que nous avons connues cette année auront eu raison de la fragilité de ce bâtiment, qui pour plusieurs représente une grande valeur patrimoniale et est le témoin de l’histoire de l’ancienne papetière et de toute une région.

Joint au téléphone, Frank Bosco, directeur général de la Corporation d’affaires La Rolland – l’organisme à but non lucratif qui s’occupe de la gestion du parc –, confirmait qu’il a constaté les dégâts causés par l’effondrement. Il souligne cependant qu’il est encore trop tôt pour se prononcer sur les mesures qui seront prises à la suite de l’incident. Le directeur général souligne que le bâtiment en question date de 1902 et est la plus vieille bâtisse du parc :« À partir de maintenant, nous allons tenter d’accélérer le processus visant à faire reconnaitre la bâtisse comme élément du patrimoine, ce qui rendra sa restauration plus facile.» Le temps risque de jouer contre le projet, car une fois les murs de briques intérieurs exposés aux intempéries, la détérioration du bâtiment s’accélérera en raison du phénomène de gel et de dégel qui fera éclater les vieilles briques qui se gorgeront d’eau.

Les multiples problèmes du parc d’affaires adélois, qui a récemment reçu l’appui par résolution du conseil municipal pour obtenir de la Caisse populaire Desjardins un congé de remboursement de capital pour l’année 2008, soulèvent des doutes quant à l’avenir réservé au bâtiment sinistré. Selon les gestionnaires, ce congé de paiement permettra la mise en application d’un plan d’action visant à attirer de nouveaux locataires et favoriser le remboursement de la dette. Rappelons qu’en septembre 2006, Jean-Paul Cardinal alors maire de Sainte-Adèle, annonçait le dépôt imminent d’un plan d’action dans le cadre d’un dossier sur le parc d’affaires La Rolland publié dans l’Accès. Plan qui de toute évidence, est encore attendu.

Plusieurs locataires du parc estiment que ce bâtiment avec ses fenêtres placardées, ses arbres qui poussent sur les murs et son état général de délabrement confère à l’endroit une ambiance de zone sinistrée après une quelconque catastrophe. Cet effondrement s’ajoute aux misères que connait le parc d’affaires adélois qui vient tout récemment de perdre l’entreprise Infosilem – et ses emplois –, qui s’est installée dans la ville de Boisbriand dans des locaux où le coût au pied carré est nettement plus compétitif et plus près de la réalité du marché que celui exigé par les gestionnaires du parc d’affaires adélois.

Texte publié dans l'Accès édition Web du mercredi 16 avril et édition papier du 18 avril 2008

Photos : André Bérard

14 avril 2008

Toujours vivants

Je suis toujours là. Je réfléchis à l’avenir de ce carnet. N’ayez crainte, je ne lance pas la serviette. Juste une réflexion sanitaire, une mise au point, une réflexion sur la communauté adéloise, sur les marchands du temple, qui fiers de leurs deniers miraculeusement tombés du ciel, se font maintenant censeurs et gardiens du bien et fomentent en coulisse, loin de la lumière du jour, de petits boycottages hypocrites qui me donnent la nausée. Et après, on se demande pourquoi les choses ne tournent pas rond à Sainte-Adèle. Bien sûr, certains croient tenir les coupables : un journal et un blogueur «pas bons pour la ville.» C’est le réflexe adélois: tirer sur le messager croyant ainsi faire oublier le message. Mettre en punition l’élève qui pose trop de questions. Trop peu d’Adélois se doutent à quel point certains lobbys adélois détestent la démocratie, la liberté de presse et d’expression. Le dire et le redire ne suffit plus. Il faut le démontrer, faire la lumière sur le vrai problème adélois. Plusieurs me signalent que depuis un bon moment, le journal Accès est difficile à trouver à Sainte-Adèle. Difficile à trouver au Métro, à la caisse Desjardins et au IGA, les principaux points de chute à Sainte-Adèle. Mais facile à trouver dans les autres villes: Saint-Sauveur, Val-David, Sainte-Agathe (j’ai moi-même fait ma petite enquête).

Bizarre autant qu’étrange, comme le diraient les Dupontd au célèbre reporter.

Cette forme médiévale de censure au relent d’autodafé me soulève le cœur, pas vous? Qui nuit le plus à Sainte-Adèle en ce moment? Le journal Accès, le Blogue-Notes? Foutaises! Ceux qui n’aiment pas que l’on déterre les os sont généralement ceux qui les ont enterrés. «À force de critiquer Sainte-Adèle, personne ne voudra y venir», se plaignent ceux dont la principale crainte est en réalité de voir leur tiroir-caisse s’ouvrir moins souvent. Étrangement, Tourisme Laurentides, dans le cadre des Grands prix du tourisme québécois 2008 a récemment accordé une mention d’honneur à mon article Laurentides et tourisme: tendances, défis et enjeux. Ici, dans le petit village adélois où l’on résiste encore et toujours aux idées nouvelles, on persiste (du moins certains) à se couvrir les yeux, la bouche et les oreilles. Les détracteurs de la liberté d’expression adélois se vautrent dans un déni qui donnerait du fil à retordre à Freud lui-même. La clique adéloise vit ses derniers moments. Elle réagit en posant des gestes de désespoirs aussi navrants qu’inutiles.

À force d’asséner des augmentations de taxes matraques, de confier les enjeux importants de la Ville à des recrues, d’ignorer la différence entre attaque personnelle et critique constructive, il ne faut plus s’étonner que notre ville soit «la risée du Québec», comme le soulignait si justement le nouveau maire Descoteaux. À ce chapitre, saviez-vous que la Ville est sous la loupe des universitaires? J’y reviendrais prochainement.

Un projet se dessine en ce moment. Il y a beaucoup de gens allumés dans notre ville. C’est peut-être ce qui fait ombrage à certains.

02 avril 2008

Affaire Rawdon

Voici un texte d’une Rawdonoise qui souhaite s’exprimer librement sur les errances de la démocratie dans cette petite ville de Lanaudière. La citoyenne est allophone, ce qui explique certaines tournures. Je le publie dans son intégralité, afin de conserver la fougue qui anime ce texte qui nous parle de démocratie et de liberté d’expression, deux valeurs chères à ce carnet et à la blogosphère. Blogue-Notes continu d’offrir aux citoyens de Rawdon une tribune où ils peuvent exprimer librement et avec intelligence leurs prises de position, commentaires et ras-le-bol concernant la vision démocratique de leurs élus. Je prépare un dossier sur l’affaire Rawdon qui sera publié prochainement dans le journal Accès.

Avis aux élus de Rawdon qui lisent ce carnet : le texte qui suit passe amplement la barre de ce qui est acceptable en matière de liberté d’expression dans une démocratie. Le fait d’estimer qu’un élu est, par exemple incompétent, n’est pas de la diffamation, mais un droit inaliénable dans une démocratie digne de ce nom. Bonne lecture.

«L’érosion de la démocratie

Si la liberté d’expression est au cœur de notre démocratie, l’érosion de cette liberté par les autorités à Rawdon - que se soit par le contrôle de la diffusion d’information, par les obstacles pour avoir l’accès aux informations et/ou par des intimidations judiciaires - devrait signaler une alarme pour tous les Rawdonnois.

Le niveau du gouvernement municipal est le berceau où nous, les citoyens, exercent la démocratie de près. Si nous perdons nos droits de peu en peu ici, nous les perdrons aussi de plus en plus aux plans provincial et fédéral. Notre histoire témoigne que la liberté d’expression, sur laquelle nos traditions démocratiques sont fondées, est plus difficile à gagner qu’à perdre. On ne doit jamais prendre cet héritage pour acquis. Chaque génération doit prendre la relève du bon citoyen engagé. Et c’est pour cette raison que je cherche mon courage pour vous écrire aujourd’hui.

Rien ne prend place dans un vide. Donc, voici, je vous présente un peu de contexte pour essayer de mieux comprendre les événements qui ont mené au malaise présent parmi les citoyens de Rawdon:

• Le retrait d’une des périodes de questions (celle de la mi-session) lors des séances du conseil pour juste une de 30 minutes maximum à la fin de l’assemblé, souvent après 22h00, quand tout le monde est déjà très fatigué. Selon l’article dans Le Journal de Montréal, ces séances doivent être le seul endroit pour le débat publique, et dans L’Action (14 février 2008) une question et sous question par sujet; maximum 3 minutes par question! De plus, la municipalité vient d’ajouter une nouvelle menace, des amendes de 250 $ à 1000 $ pour des manquements à certains articles du nouveau protocole des assemblées, adopté au début février. Et on se demande pourquoi les citoyens Rawdonnois n’ont plus le goût de dialogue à ces séances…

• À part d’appuyer les propositions du conseil, le silence systématique règne parmi nos conseillers depuis qu’ils étaient élus. À quel prix le loyalisme de l’équipe? N’importe quel élu peut, n’importe quand, se lever et agir selon sa propre conscience. Mais pourquoi si peu de personnes se souviennent de ce principe de base? Est-ce qu’ils ont peur des représailles…?

• Le rejet en bloc d’un registre légitime des citoyens contre une place publique par un changement rusé du mode de financement, adopté à la dernière minute. Portant le nombre de signatures requises pour obtenir un référendum avait était largement dépassé.

• Le glissement de langage de celui d’un gouvernement élu par les citoyens et responsable envers eux à celui de relation clientèle: non élu et d’échanges étroitement commerciaux (l’achat et le paiement de « services »). À Rawdon, sous l’administration Major, les citoyens sont transformés en « clients » et la municipalité se vante d’être une « corporation ». Sans le vocabulaire de la démocratie, nous perdons rapidement la culture du dialogue et du débat démocratique.

• L’embauche onéreuse de deux avocats à l’hôtel de ville faite sous prétexte de sauver des frais pour conseils juridiques. Et depuis, on ajoute les services du cabinet de Dunton Rainville et plusieurs d’autres! Personne à Rawdon ne se souvient avoir jamais vu autant de cas litigieux que sous l’Équipe Major. Les Rawdonnois se demandent où l’administration veut aller avec son armé d’avocats et à quel prix pour les contribuables?

• Les actions controversées du directeur générale, Me Jean Lacroix, en épurant presque tous les employés de l’administration précédente et sa réputation de mépris incroyable envers nos citoyens.

• Particulièrement difficile actuellement est le climat d’intimidation engendré par toutes ces poursuites judiciaires contre des citoyens Rawdonnois, et souvent pour des infractions frivoles. Le plus récent étant le cas porté par la Municipalité contre Mme Delbecque pour rien d’autre qu’une clôture à neige dans son bois. Après que Mme Delbecque a gagné dans la Cour municipale, la Municipalité a demandé un appel du jugement Lalande. Le juge Brunton à la Cour supérieur a refusé l’appel; cas non-lieu. Mais tout n’est pas fini comme ça. La municipalité est maintenant en train d’adopter un amendement au règlement de zonage pour imposer, comment et où, ranger ce genre de clôture hors saison! À quand des règles municipales sur l’entreposage des parasols à l’automne et des pelles à neiges en été???

• Très, très rare que les Rawdonnois ont eu accès aux informations genre « David contre Goliath » qui étaient publiées sur le forum Internet de M. Solo qui a été fermé le 6 février 2008, pour raisons de quoi encore…?

Et voilà! Rien ne se passe dans un vide. J’espère - qu’on soit pour ou contre certains projets - qu’on a le droit de le dire et d’en discuter. Et qu’on n’oublie pas que les citoyens ont des droits et besoins aux informations honnêtes et claires de leurs élus, et aussi accès aux autres ressources d’idées, pour participer dans le débat public et pour prendre des décisions éclairées.»

Articles liés :
Montage photo: Dominique Beauregard