Avec la permission de l’auteur, Le monde… du vieux Henri, je reproduis intégralement le texte de cet excellent carnetier de l’Abitibi-Témiscamingue, dont les préoccupations rejoignent les miennes en matière de développement régional. L’auteur nous propose d’excellentes pistes de réflexion.
Une solution : la réappropriation du pouvoir
«Il est facile de se sentir impuissant et étouffé face aux nombreux problèmes qui nous entourent. Pourtant, comme je l’ai déjà écrit, il n’y a pas de solutions magiques pour les résoudre. Il faut commencer par commencer, en posant un premier geste personnel et individuel, une première fois, puis répéter ce geste et d’autres gestes afin d’apporter graduellement des petits changements dans son entourage immédiat, et par la suite agrandir peu à peu l’influence et l’impact de nos petits gestes. On pourrait dire que c’est la théorie des petits pas, d’un point de vue pratique.
D’un point de vue théorique, on pourrait traiter de cette formule sous l’angle de l’empowerment. Sur le plan individuel, l’empowerment se définit comme une démarche par laquelle un individu accroît ses capacités à satisfaire ses besoins, à régler ses problèmes et à mobiliser les ressources nécessaires pour assurer un meilleur contrôle sur sa propre vie. Il développe ainsi ses habiletés en favorisant l’estime de soi, la confiance en soi, l’initiative, la prise de conscience et la motivation à l’action sociale. L’empowerment porte également une dimension sociale impliquant l’établissement de relations avec les autres, soit pour partager des ressources ou pour assurer des collaborations, en vue de réaliser des objectifs communs.
Sur le plan collectif, l’empowerment constitue une démarche permettant à une communauté d’analyser sa situation, de définir ses problèmes et de les résoudre en misant sur ses propres forces. Il s’agit alors d’établir des interactions entre les citoyens, de développer une coopération dans le milieu, en faisant circuler l’information de façon adéquate et en participant à des actions politiques et collectives.
Au Québec, le Réseau québécois de Villes et Villages en santé (RQVVS), soutient concrètement des municipalités qui ont adhéré à cette philosophie. Et je ne suis pas peu fier de mentionner que la première initiative de Ville en santé, dérivée du concept américain de Health Cities, est née à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue, en 1987, ce qui fait des Témiscabitibiens des pionniers (encore une fois !).
Concrètement, le concept VVS peut conduire à des projets communautaires comme la création d’un parc au centre-ville afin de sauvegarder l’écosystème d’un petit lac (Rouyn-Noranda), ce qui contribue du même coup à tisser des liens entre les citoyens et à les responsabiliser davantage face à leur environnement local. Dans une autre municipalité (Notre-Dame-du-Nord), le comité VVS a fortement contribué au développement d’une pratique d’intervention originale auprès des jeunes en milieu rural, le travailleur de milieu, modèle qui fut exporté ailleurs au Québec et même jusqu’au Nouveau-Brunswick.
Bref, l’empowerment découlant de ces différentes initiatives locales permet en quelque sorte de ressouder les liens communautaires minés par des années d’interventionnisme étatique et d’individualisme triomphant, sans revenir nécessairement dans le carcan de la religion catholique. C’est un modèle, une base, une philosophie intéressante fournissant des outils adaptables afin que les citoyens, individuellement et collectivement, se réapproprient le pouvoir et améliorent leur qualité de vie.»
«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»
— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism
26 avril 2006
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