«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

26 mai 2006

Le Québec à vendre

C’était le thème de la semaine dans la ruche des carnetiers libres. Les frasques libérales des derniers mois indiquent effectivement une accélération du processus de privatisation du bien public. La question qui me taraude l’esprit est la suivante : comment expliquer que la chose se produise dans l’indifférence presque totale? À mon humble avis, le phénomène s’explique par la perte du sentiment d’appartenance. La progression des valeurs du libéralisme économique a réussi à confiner chaque individu dans un petit univers clos et suffocant où il s’intoxique lui-même à force de respirer de l’air vicié. Les années 60 promettaient un avenir hédoniste ou tous jouiraient d’un bonheur individuel à toute épreuve. Aujourd’hui, force nous est de constater qu’il a eu un dérapage. L’unique valeur qui gouverne notre époque est l’individualisme à outrance. Le souci du confort personnel a éteint toute velléité de rébellion chez les victimes du dictat du chacun-pour-soi.

Dans ce contexte, il est facile de concevoir que le bien public devienne une notion un peu vague. Nous vivons à une époque où la réussite personnelle ou sociale se mesure en dollars. Nous devons maintenir la cadence, consommer du bonheur factice afin de combler un vide qui grandit à mesure qu’on le remplit. Il faut foncer à tout prix, à n’importe quel prix! À force de nous précipiter aveuglément vers un objectif qui s’éloigne à mesure que l’on avance, nous piétinons au passage le bien public et les valeurs sociales fondamentales.

La mise à l’encan du bien collectif québécois, est le résultat d’un laisser-aller collectif et d’une abdication culturelle. Nous regardons le voleur s’emparer de nos biens, confortablement vautrés dans nos fauteuils sans rien tenter pour l’en empêcher, en souhaitant qu’il ne traîne pas trop afin de ne pas rater la fin de l’émission.

Il faut le plus rapidement possible retrouver le sens du mot collectif et secouer énergiquement le je-me-moi endémique et paralysant dans lequel nous sommes vautrés depuis trop longtemps.

1 commentaire:

Frédéric Pauzé a dit...

"Il faut foncer à tout prix, à n’importe quel prix!"

Je dirais même que, quand on veut foncer, ça a un prix.