Dimanche dernier, environ 2000 personnes ont participé à la manifestation pour la sauvegarde des falaises de Prévost, menacé par un projet domiciliaire — encore des fichus condos! — plaie des Laurentides.
Rappelons que ces falaises abritent 26 des 27 espèces de rapaces répertoriés au Québec. Le Parc des Falaises, quant à lui, est le refuge de populations d’orignaux, d’ours et de chevreuils. On y retrouve également des pékans, des porcs-épics, des reptiles et des amphibiens dont plusieurs espèces sont vulnérables, menacées ou en voie de l’être. Le Parc des Falaises est sillonné par des sentiers de ski de fond dont certains ont une valeur historique, car ils ont été tracés par le célèbre «Jack Rabbit», considéré par plusieurs comme le père du ski de fond. En plus des falaises, le territoire est constitué d’un bassin hydrographique comprenant plusieurs marais qui agissent comme de véritables filtres, purifiant l’eau qui s’écoule vers la rivière du Nord. Les études démontrent que la préservation de ces filtres naturels que sont les marais, se traduit par une économie en frais de filtration et de traitement de l’eau.
On dit que le passé est garant du futur. C’est peut-être vrai, mais pas dans les Laurentides. Serge Larin, dans son livre Histoire des Laurentides, nous rappelle les conséquences de l’urbanisation sur les zones récréotouristiques :
« Le processus accéléré d’urbanisation se déployant au Nord de Montréal après 1950 perturbera profondément l’industrie touristique des Laurentides. Il précipitera, dans un premier temps, le déclin de la villégiature dans les Basses-Laurentides, mais remettra surtout en question, de pair avec d’autres facteurs de détérioration, la suprématie générale des Pays-d’en-Haut dans le secteur touristique…».
En d’autres mots, telles des locustes affamés qui s'abattent sur les récoltes, laissant derrière eux des champs dévastés et sans valeur, les «visionnaires» de l’urbanisation transforment de charmants petits villages en tristes parcs à condos parsemés de centres commerciaux, repoussant les touristes toujours plus hauts vers le nord. Personne ne viendra admirer les nouveaux condos des falaises. Le charme de l’endroit réside dans son écosystème et dans son potentiel récréotouristique, pas dans de pitoyables cages à poules en béton et en vinyle.
Les activités récréotouristiques sont, à long terme, bien plus profitables pour l’économie des régions que la prolifération de projets domiciliaires et de temples de la surconsommation.
Préserver les falaises de Prévost, c’est protéger un patrimoine qui appartient à l’ensemble des Québécois. C’est aussi affirmer notre intégrité de citoyen devant l’appétit démesuré des promoteurs. Offrons-leur donc un petit digestif, ils se sont bien assez empiffrés jusqu’à maintenant.
«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»
— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism
09 mai 2006
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2 commentaires:
Vous avez raison Carl. Malheureusement pour nous, notre maire semble plus occupé à dîner avec les commerçants de la ville qu'à consulter les citoyens. Il va falloir lui forcer la main, car il est manifeste que les initiatives de consultation populaire ne viendront pas de la municipalité de $ainte-Adèle (le $ n'est pas une faute de frappe).
André
Je vous invite à lire mes deux derniers billets sur ExLibrex. Je crois que nous assistons présentement à la naissance d'un mouvement de masse qui a décidé de réagir à la vente du Québec à des intérêts privés...
En tous cas, c'est ce que je souhaite!
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