«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

14 juin 2006

L’allégorie de la grenouille

L’allégorie de la grenouille, vous connaissez?

Si vous plongez une grenouille (pas pour de vrai, c’est une allégorie, ne l’oubliez pas) dans un chaudron d’eau bouillante, que fera-t-elle? Elle se débattra et essayera de sortir du chaudron avec l’énergie du désespoir. Prenez la même grenouille (ou une autre si la bette de la première ne vous revient pas) et placez-la dans un chaudron d’eau froide. Que fera-t-elle? Elle restera tranquillement là à vous regarder. Maintenant, allumez le feu sous le chaudron, progressivement. Augmentez la température de quelques degrés à la fois. Que fera notre grenouille? Rien! Elle restera tranquillement là, s’adaptant au changement de température. Augmentez encore un peu la chaleur. La grenouille ne bougera pas. En fait, elle restera docilement dans l’eau devenue bouillante et mourra, car elle se sera habituée progressivement, à petit feu, à cette situation intolérable.

Cette allégorie est un classique qui illustre comment, petit à petit, on en vient à tolérer une situation qui autrement serait perçue comme insoutenable, stupide, humiliante, inhumaine, etc.

Ainsi, grâce à cette stratégie, nous en sommes venus à tolérer les bâillons d’un gouvernement inepte, les discours tendance sur la tolérance à tout prix, les décisions irrationnelles de gouvernements tous plus absurdes les uns que les autres. Nous tolérons les injustices sociales, l’intégrisme économique, les génocides, la violation des droits humains. Nous en sommes venus à supporter un niveau « tolérable » de souffrances prétextant que c’est normal, acceptable, bref : tolérable.

Notre faculté d’adaptation nous a joué un mauvais tour. C’est bien de s’adapter, mais parfois, il faut agir, réagir, fermement s’il le faut, afin que la tolérance reste une qualité et non un sauf-conduit permettant un laxisme lâche menant à une abdication citoyenne.

À mon avis, la tolérance telle que nous la pratiquons actuellement risque de se solder par le musellement du bon sens ordinaire. Il faut impérativement retrouver un esprit critique concernant l’univers parfois carrément ridicule dans lequel nous baignons paresseusement.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Le peuple finit toujours par avoir raison. Espérons que nous vivrons assez longtemps pour le voir sauter hors du chaudron et changer en vipères ou en sorcières les dirigeants qui croient qu'ils peuvent le cuire indéfinnement et impunément!

Jean-Pierre St-Germain

André Bérard a dit...

Oui, y en a marre de se faire cuisiner docilement comme de bonnes pâtes!

Anonyme a dit...

Votre texte reflète de façon pertinente la réalité d'aujourd'hui. Félicitations !

Anonyme a dit...

Que 3 commentaires? moi c'est cela qui me fait peur, plus la temperature augmente, plus les gens se taisent...