«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

17 juillet 2006

La saison des «tourisss» (prise 2)

Avertissement : Dans ce billet, le terme « vacances de la construction » prend un sens générique et désigne la période où se concentrent les vacances de la majorité des Québécois. Ce billet ne vise donc pas uniquement les vacanciers de la construction, mais aussi tous les autres.

Nous y sommes, – « En plein d’dans jusqu'aux dents » – comme le chantait Robert Charleboix. La saison des «TOURISSS»!

Je l’ai pleinement réalisé hier, en roulant sur une petite route sinueuse de mon coin de pays, lorsque je me suis fait doubler par une voiture sport pilotée par une tête brûlée qui s’est placée dans la voie contraire afin de me doubler moi, ainsi que trois autres voitures, au mépris de la prudence la plus élémentaire et en mettant en péril sa vie et celle des passagers des autres véhicules. Attention, je ne suis pas un lambineux notoire. Je roulais à 70 km/h dans une zone de 80 km/h et les voitures derrière moi suivaient à une distance normale sur une route, rappelons-le, tortueuse. Pendant que j’égrenais un chapelet d’insultes à l’intention du chauffard, j’ai jeté un coup d’œil à mon rétroviseur pour constater qu’un deuxième fêlé, cette fois en 4X4, se lançait dans la même manœuvre. Sans doute le copain du premier. Plus tôt dans la journée, c’est un motocycliste qui s’est livré au même manège. Décidemment, c’était la journée des cons ! Soudain, j’ai réalisé que les « vacances de la construction » venaient de commencer.

Ha! Me suis-je dit, voilà qui explique tout!

Chaque année, j’oublie que ces deux semaines marquent le début d’une période d’effervescence débridée dans ma ville. Le bruit, la pollution, la vitesse, l’impatience, les gestes sauvages, tout est à la hausse. Je ne dis rien, puisque, paraît-il, c’est bon pour l’économie de ma ville. Alors, j’accepte cette masse de stressés qui vient « relaxer » dans mon patelin. J’accepte d’assister plusieurs fois par jour au « lancée du papier » par la fenêtre d’une voiture. J’accepte de voir les bagnoles des «tourisss» investir les stationnements réservés aux personnes handicapées. Irritant, mais bon pour l’économie! J’accepte d’entendre certains vacanciers impatients et intolérants invectiver la pauvre caissière du Métro qui ne travaille pas assez vite pour eux. Je regarde la caissière et j’essaie de lui faire comprendre du regard que tout ça, c’est bon pour l’économie.

J’accepte aussi le trafic multiplié par 30 sur ma rue. J’accepte la musique poussée à fond que crachent les voitures qui passent et aussi les basses fréquences qui vous décrochent les plombages. J’accepte les troupeaux de Harley-Davidson qui déversent co2 et vacarme en traversant le village. Je me bouche alors le nez et les oreilles et je me dis : « André, c’est bon pour l’économie! »

J’accepte tout ça parce que, après tout, si je ne suis pas content, je n’ai qu’à aller voir ailleurs si j’y serais mieux. Le centre-ville, même celui d’une petite ville comme Sainte-Adèle, ce n’est vraiment pas pour moi, du moins, pendant la période des vacances.

J’ai été moi-même un touriste dans la ville où j’habite aujourd’hui. Nonobstant «l’apport économique» que je représentais pour la région, je ne me suis jamais comporté comme un figurant d’une pub de Molson Ex. Je n’ai jamais considéré cette ville comme MA cour de récréation où mon statut de « bienfaiteur de l’économie régional » m’aurorisait à agir comme le dernier des cons.

Une région touristique ce n’est pas uniquement un produit de consommation que l’on jette après usage. C’est aussi un lieu de vie pour des milliers de citoyens qui doivent, malgré les vacances estivales, vaquer à leurs occupations quotidiennes, faire leur épicerie, aller à la banque, dormir, etc.

Heureusement, et j’insiste sur ce point en le soulignant au crayon gras, la majorité des touristes se comportent avec civilité. Ils sont sympathiques, détendus et souriants. Les «tourisss», quant à eux, sont arrogants, stressés, renfrognés et se foutent de tout. Ils payent, alors ils ont, selon eux, tous les droits. Ils ne sont là que pour s’éclater sans retenues. Malheureusement, c’est eux qu’on remarque et qui laissent des traces. Même les morons ont droit à des vacances et il semblerait que beaucoup d’entre eux aient choisi les Laurentides.

C’est bon pour l’économie!

Cet été, promis, je fais un effort pour voir le verre à moitié plein. Vais-je y parvenir? Tout dépendra du ratio touristes/tourisss.

En complément :
Je sais que plusieurs lecteurs concluront que je déteste les touristes. Rien n'est plus faux. Je déteste les morons, c'est différent. La période estivale attire les bons touristes, mais aussi les morons. Conclusion : durant la période estivale, la population de morons grimpe significativement à Sainte-Adèle! Demandez-le aux commerçants de la ville. Ils vous diront bien sûr que « c'est bon pour l'économie », ça, on le sait. Mais en coulisse, quand vous êtes un habitué et que vous leur tendez la perche, accrochez-vous bien, car la valve s'ouvre et le ras-le-bol vous frappe de plein fouet!

Allez, bonnes vacances à tous! Moi, je reste au poste et je surveille les morons pour vous.

À suivre.

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Cher André, comme je vous comprends et j'adhère à votre propos.

André Bérard a dit...

J'arrive de Montréal. Très peu pour moi. Je suis né à Montréal, mais c'est en région (Saint-Adèle, ce n’est pas vraiment la région, mais bon) que je vais mourir, en souhaitant que ce ne soit pas pour bientôt.

AB

Anonyme a dit...

Moi j'ai des morons "harley davidson" dans mon quartier alors imagine quand ils vont en vacances dans votre coin,,,ca devient mes vacances à moi.

:( j'ai l'hiver et les 2 semaines de la construction pour avoir la paix.