
Je tente une approche. L’homme n’a pas vu ma voiture arrivée. Il est donc plausible que, comme lui, je sois un marcheur qui souhaite prendre une pause sur le banc. Je m’avance, l’air détaché, en prenant grand soin de ne pas le brusquer. Je m’installe à l’autre bout du banc et lui dis simplement : « bonjour! » Il me regarde, impassible, ne réponds pas, et me tourne résolument le dos. Voilà, ça y est, j’ai l’air d’un parfait idiot. Que dois-je faire maintenant? Me lever et partir? J’aurais l’air encore plus louche. Alors, je reste là, feignant de m’intéresser au fini de la chaussée. Pendant ce temps, je l’observe du coin de l’œil. Il se lève et transporte méthodiquement sa petite radio et son parapluie sur le banc d’à côté. Message non verbal limpide : je l’emmerde, je suis une nuisance. Je laisse passer quelques minutes avant de retourner d’un pas nonchalant vers ma voiture. Quelques secondes plus tard, constatant mon absence, le marcheur retourne avec tout son bagage à la place d’où il a été chassé.
Visiblement, mon marcheur de Sainte-Adèle n’aime pas la compagnie. Je n’en sais pas plus sur lui, sur sa vie. Il semble vivre en marge des autres, coupé de son environnement. Le seul lien qu’il entretient avec le monde extérieur se résume à cette petite radio rafistolée qu’il traîne partout avec lui.
Je l’ai observé encore quelques minutes. Il regardait les nuages en écoutant la voix déformée par le petit haut-parleur de son poste.
Je me suis senti triste.
Bonne route marcheur de Sainte-Adèle.
1 commentaire:
Je crois aussi qu'il est autiste. Tout porte à le croire. Il me fait penser à Rainman.
Votre commentaire est plein de sagesse!
AB
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