«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

25 septembre 2006

Monté de lait

Je ne suis pas branché. J’ai même le fil qui traîne derrière. Les gens marchent dessus et je ne sens rien. Je suis débranché, je l’assume et j’en suis fier.

Nos ancêtres se flairaient le derrière pour se reconnaître entre membres d’un même groupe. Les moeurs ont évolué. Départager le in du out exige plus qu’un simple reniflement là où le Soleil ne brille jamais.

Pour faire partie du groupe, vous devez d’abord rejoindre les rangs et vous fondre dans le plus gros dénominateur commun : vous devez être branché. Les « branchistes » écoutent tous la même musique, regardent les mêmes émissions, se fringuent avec les mêmes marques, ont la même opinion préfabriquée sur les sujets tendances, lisent les mêmes magazines, les mêmes romans, fréquentent les mêmes bars, les mêmes boutiques. Ils sont branchés.

Être branché, c’est être labouré et ensemencé par les bonzes de la pub et du marketing. C’est être « profilé » pour le plus grand bien de ceux qui veulent le vôtre. Branché rime avec conformé, aligné, modelé, rangé, récupéré. J’exècre ce mot qui chaque fois qu’il est prononcé confirme l’emprise du dictat de la consommation.

Affirmer sa « branchitude » c’est clamer haut et fort son abdication de la pensée créative, de l’originalité et de l’indispensable dissidence. C’est se complaire paresseusement dans un moule fabriqué par d’autres.

Voilà. Ça fait du bien d’en parler. Excusez-la!

7 commentaires:

Inkognitho a dit...

Voilà tout est dit. Mais pourquoi donc être branché? Pourquoi remonter son statut social en se proclamant branché? Est-on supérieur à un autre parce que l'on est branché? Ce qui compte c'est l'être humain, ce que l'on est. T'as beau manger dans les restaurants branchés, conduire une automobile branchée et lire branché. Si tu es un trou de cul, tu le resteras quand même. Seule consolation, tu seras un trou du cul branché ; )

Inkognitho

Inkognitho a dit...

Il va sans dire que le commentaire précédent ne s'adresse pas à quelqu'un en particulier, mais bien à la masse qui se croit supérieure.

Anonyme a dit...

Il y a aussi la masse qui se croit inferieure donc elle trouve que l'autre masse se croit superieur
c'est le debat entre la masse de la ford focus a la john le grec et la masse de la bmw 325 a l'esmeralda qui elle se fait aussi snober par la masse de la mercedes 500S a la cle des champs
voici le resume du statut social 2006

André Bérard a dit...

@ Accent Grave

Tout à fait d'accord avec vous. Ce qui est branché n'est pas nécessairement condamnable. La réciproque est également vraie. Lorsque je cherche une voiture, j'étudie d'abord sa fiche technique, ses caractéristiques, j'essaie d'évaluer si elle répond à mes besoins. Je me fiche de savoir si elle est à la mode ou non. La personne branchée fera le même exercice, mais dans le sens inverse. C'est ça être branché!

AB

Anonyme a dit...

ok les autos j'ai compris mais les resto?
mal manger coute presque le meme que bien manger
qui est d'accord avec ca??
la seul diference c'est de se faire voir descendre de la bm devant E-M-R-L-A

Anonyme a dit...

Bon... J'ajoute mon grain de sel.

Mon Père, je m'accuse de conduire une voiture branchée, de porter des vêtememts branchés et oui, de fréquenter des resto branchés. Il m'arrive aussi de bouquiner branché.

Mais j'ose espérer que mes habitudes qui font tant rugir l'ami Bérard n'occupent qu'une place secondaire dans l'échelle de mes valeurs.

C'est, je crois, l'essentielle distinction entre exister en soi et exister par procuration. Se définir par ce que nous sommes et non par ce que nous avons. Etre plutôt que souhaiter être.

Voilà. Maintenant, je vais citer 3 Notre-Père.

André Bérard a dit...

Vous êtes pardonné. Mais ne recommencez plus! ;-)

AB