«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

27 septembre 2006

Un article recyclé

Je publie cet article refusé par mon rédacteur en chef : « j’aime le concept et la forme, c’est le sujet qui ne m’inspire pas trop comme lecteur », m'a-t-il écrit. D'accord, Éric-Olivier, j'en conviens, un article sur le recyclage des vieilles piles, c'est un sujet limite pour un journal comme Accès. Je n'ai pas dit mon dernier mot. Je vais quand même le publier dans mon carnet, na!

Recyclage des vieilles piles

Qu’advient-il des piles qui ont rendu l’âme? Reposent-elles en paix? Celles qui gisent dans le mausolée de plastique posé sur mon bureau n’en sont qu’à la première étape de leur transhumance. Pas question de les jeter à la poubelle. Trop facile. Je veux m’assurer qu’elles seront en lieux sûrs et entre bonnes mains. Après avoir tout donné, elles ont bien droit à ça.

L’Association canadienne des piles domestiques (ACPD), estime qu’au Québec seulement, il s’est vendue environ 48 millions de piles durant la période de 12 mois allant de juin 2002 à mai 2003, pour un poids total de 1 565 tonnes. Cette masse de piles usées pèse lourd sur l’environnement et sur ma conscience de citoyen qui aspire à consommer vert . Pour en avoir le cœur net et la conscience tranquille, j’ai plongé dans les mystérieux arcanes de l’après-vie des piles.

Les piles qui prennent la direction des résidus domestiques dangereux (RDD) sont récupérées par des entreprises spécialisées qui les trient afin de séparer les piles rechargeables des autres. Ces « autres » sont traités de façon sécuritaire par des entreprises telles que Stablex à Blainville. Développé par l’entreprise, le procédé du même nom consiste à couler les piles moribondes dans un composé qui rappelle le béton. Sur le site Internet de l’entreprise, on nous explique que « Le procédé Stablex est une méthode reconnue de traitement de résidus industriels inorganiques et de sols contaminés. Ce procédé consiste à rendre les contaminants non solubles dans l'environnement grâce à un traitement chimique suivi des étapes de stabilisation et de solidification ».

Une fois stabilisé et solidifié, le produit est à son tour déposé dans des cellules de placement sécuritaire sur un site adjacent à l’usine. Dédié aux activités de placement du produit fini de Stablex, le site est la propriété du gouvernement du Québec et occupe une superficie de 325 acres. « La strate géologique supérieure de ce site de dépôt est constituée d'une couche de sable d'une épaisseur variant entre 1,5 à 3 m. Sous le sable de surface se trouve une couche de 15 à 27 m d'argile marine de haute qualité, sous laquelle s'étendent de 3 à 6 m de sable et de gravier (moraine). Enfin, sous les trois unités sédimentaires, on trouve la fondation rocheuse (calcaire). »

Cette approche nous débarrasse des vieilles piles, mais il ne s’agit pas véritablement de recyclage, mais plutôt de disposition sécuritaire. C’est mieux que de jeter nos vieilles piles à la poubelle, mais c’est aussi une belle façon « d’enterrer » le problème.

Les piles rechargeables, quant à elles, sont véritablement recyclées. À partir des différents points de collecte, elles rejoignent le réseau de la Société de recyclage des piles rechargeables (RBRC) qui s’occupe du recyclage des piles rechargeables et des téléphones cellulaires. Ces piles usées sont expédiées à l’extérieur du Québec pour être recyclées. Grâce à un procédé de récupération thermique, on extrait les différents métaux contenus dans les piles (nickel, fer, cadmium, plomb et cobalt), pour les utiliser dans la fabrication de nouveaux produits.

Je sais donc maintenant où iront les vieilles piles de mon mausolée. Je sais aussi que je vais revoir mes habitudes de consommation en n’achetant que des piles rechargeables. C’est de loin le choix le plus environnemental. Après avoir animé la multitude de gadgets électroniques qui meublent mon quotidien, elles se réincarneront dans d’autres produits qui seront éventuellement recyclés à leur tour.

Voilà! Ce texte aura quand même été lu avant de prendre la direction de la poubelle!


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6 commentaires:

André Bérard a dit...

Merci de pratiquer le recyclage! ;-)

Anonyme a dit...

Pourtant c'est bien intéressant de connaître le sort réservé aux piles.
C'est vrai qu'Accès, comme les autres journeaux est surtout là pour vendre du papier plutôt que de déniaiser les gens comme moi !!!

Jean-Pierre St-Germain

André Bérard a dit...

@ Pierrot

Ce texte a été écrit dans le cadre d'un projet de chronique sur l'environnement. Je comprends le point de vue du rédacteur en chef : le recyclage des piles, c'est pas le sujet du siècle. Je respecte son point de vue. Ce n'est que partie remise. Le projet de chronique existe toujours!

AB

Anonyme a dit...

Merci André... Je ne me souviens pas dans quel carnet, mais il avait été question de ça... Maintenant que je sais, j'opterai aussi pour les piles rechargeables (ce que je faisais il y a longtemps mais que j'ai cessé).

Pour ce qui est des piles conventionnelles, il me semble bien qu'il doit y avoir d'autres façons de faire... Ça m'énerve qu'on ne fasse que les "solidifier" et les entreposer.

Tout près d'ici, à Joliette, le fourneau de Ciment St-Laurent brûle des résidus chimiques et toxiques. La température qui y prévaut est, supposément, tellement haute que les gaz qui s'en échappent sont, selon leurs dires, inoffensifs. Si, dans une de tes chroniques, tu pouvais vérifier ça... Est-ce une solution? Est-ce une arnaque pour procurer du combustible à bon marché à une cimenterie? Les GES émis sont-ils moins pire que les effets à long terme de ce qu'on y brûle?

On en vient à ne plus trop savoir ce qui est bon ou pas... De telles chroniques permettent de développer un sens critique par rapport à la "mode" environnementale.

André Bérard a dit...

Si je me souviens bien, c'est dans le carnet de Henri que le sujet des piles a été abordé, dans le cadre de ses chroniques des petits pas. Les incinérateurs me laissent perplexe. Pas sûr que ce n’est pas toxique. Il semble bien que la seule manière de disposer de façon sécuritaire des vieilles piles non recyclables soit celle dont je parle dans mon article. C'est désolant, j'en conviens. Comme je le souligne dans mon texte « c'est une belle façon d'enterrer le problème ».

La solution : les piles rechargeables.

AB

André Bérard a dit...

MISE À JOUR

Finalement, le texte est publié dans le site La vie rurale


C'est bien, pas de gaspillage.

AB