Le week-end dernier, ma copine et moi avons effectué notre première sortie en kayak de la saison au populaire lac Monroe, dans le parc du Mont-Tremblant. Je dis populaire, car c’est en effet le lac le plus prisé par les touristes et les familles qui visitent le parc. C’est un très beau lac qui est malheureusement victime de son succès.
Ce qui m’emmène à aborder la notion de bien public. Rendre notre nature accessible à tous est pour plusieurs un droit fondamental. Je fais partie de ces «plusieurs». Je suis aussi de ceux qui croient qu’un droit est associé à des obligations. Dans le cas des parcs dédiés à la conservation de la nature et aux activités récréotouristiques, ces obligations se résument à des choses simples, comme le respect de la nature, de la flore, de la faune, de l’environnement et des autres visiteurs du parc. Étant un utilisateur assidu du parc du Mont-Tremblant depuis plusieurs années, force m’est de constater que les visiteurs exercent davantage leurs droits que leurs obligations. Ainsi, lors de notre randonnée de dimanche dernier, nous avons dû nous farcir la musique poussée à fond d’un visiteur qui exerçait son droit. Installé pour la journée dans un des campings, il a imposé ses goûts musicaux aux autres visiteurs. Tous les goûts sont dans la nature, dit-on. Les siens y étaient, au sens propre du terme. Le bruit craché par les haut-parleurs de sa voiture s’entendait d’un bout à l’autre du lac, bondissant d’une montagne à l’autre, pour le plus grand malheur de nos oreilles. Oubliez le nostalgique chant du huard ou la chorale des grenouilles. Nous avions droit au palmarès de M. j’Exerce-Mon-Droit, qui avait planté son drapeau au camping 56. Au même moment, un groupe de motos, des Harley-Davidson, est venu ajouter sa voix à la cacophonie.
Imaginez, le parc n’est même pas encore ouvert officiellement!
Pour conclure, durant une pause sur une des plages du lac, nous sommes tombés sur un dépotoir, contenant les sous-produits de l’exercice du droit à la nature (voir la photo).
Chaque année, nous observons un nombre grandissant d’utilisateurs bafouer les règles imposées par les gestionnaires du parc, prétextant qu’ils ont des droits. Les aires de nidification sont piétinées. La consigne concernant la musique et le bruit est violée. Des détritus sont lancés dans les lacs, le long des sentiers, etc. Étrange interprétation de la notion du bien commun. Les agents du parc peuvent désormais remettre des contraventions aux dissidents, mais ils sont trop peu nombreux et préfèrent appliquer la méthode douce de l’éducation, ce qui, à mon avis, ne donne strictement rien avec certains spécimens de notre espèce.
Je crois que les Québécois ont perdu la notion du bien public. Je crois que le Québécois moyen estime que tout lui est dû, point. Je, me, moi. Pas étonnant que nous observions l’échec des grands projets au Québec. Nous sommes d’accord avec tout, seulement si l’on n’exige pas de nous l’effort et les compromis exigés pour y arriver.
Concernant les parcs du Québec, j’augmenterais le prix d’entrée, j’exercerais un contrôle et une application plus stricte des règlements. Je dresserais une liste noire des utilisateurs-preneurs qui ne respectent rien.
Merci à vous qui prenez soin de la nature. Merci à tous ceux et celles, qui dans l’ombre, font de petits gestes en apparence insignifiants, mais dont la portée est inestimable. J’ai le plus grand respect pour vous, pour votre conscience éveillée et pour votre engagement anonyme et silencieux.
Merci, sincèrement.
«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»
— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism
07 mai 2007
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16 commentaires:
Pourtant, ce n'est pas si difficile. Mais pour certains, c'est un trop grand effort. Dommage... Je ne crois pas que l'éducation les fera changer d'idées. Cependant André, le dépotoire que tu as découvert date de plusieurs années. Une O'Keefe en cannette, c'est presqu'une pièce de collection. Il y a de cela 35 ans, les berges des lacs servaient de dépotoir, puis avec les années les gens sont devenus plus responsables. On dirait que le vent a tourné...
C'est vrai inkognitho. (Et ça veut dire que ça fait au moins 30 ans que des autres l'ont laissé là aussi...)
C'est difficile à imaginer comment quelqu'un peut se justifier à faire ça.
@ Inkoghitho
Belle observation! Cette zone du «dépotoir» est effectivement plus ancienne. J'aurais déplacé la caméra de quelques pouces et vous auriez eu un cliché de détritus récents. En fait, dès que vous quittez la portion sablonneuse de cette plage, vous êtes en plein dépotoir. Sans parler des centaines de mégots que nous avons mis 1 h à ramasser et des 40 sacs à ordures que nous remplissons chaque saison. Il y a 35 ans, les gens jetaient leurs ordures au vu et au su de tout le monde. Aujourd'hui, ils les cachent ici et là. C'est pire, car cela indique que les pollueurs sont conscients, mais qu'ils le font quand même, hypocritement.
Dans la veine "Polluons notre environnement" j'ai visité encore une fois le fameux tuyau en face de la Rolland dimanche dernier. J'ai constaté qu'il déversait encore du "stuff". Pourtant il n'a pas plu depuis plusieurs jours et la neige a fondu depuis belle lurette donc "so much" pour mes théories de trop plein occasionnel.
Je songe à contacter le conseiller(ère) responsable de l'environnement pour de l'information.
Aurais-je cette patience, pauvre de moi qui n'a n'en a guère?
Jean-Pierre St-Germain
@ Pierrot
Nous avons également observé que le tuyau déverse encore et toujours ses «surplus». Demain, nous tenterons de communiquer avec le président d'Abrinord (qui, soit dit en passant, devait nous rappeler) pour recueillir ses commentaires sur ces déversements d'égouts dans la rivière. Lors de notre visite sur les lieux, nous avons observé, en plus des grands classiques (condoms, papier hygiénique, etc.), une substance noire qui flottait dans ce spa pour coliformes.
Je vous communiquerai les résultats de notre conversation avec Abrinord
On parle trop peu souvent de la pollution par le bruit. Et pourtant, c'est dommageable pour la qualité de vie et la santé mentale des individus. Il serait temps que l'on s'en occupe.
@ Henri
Je suis tout à fait d'accord avec vous. La pollution par le bruit est insidieusement dommageable. Notre espèce est l'une des plus bruyantes, et le brouhaha produit par nos activités n'a rien d'une symphonie. Je crois qu'il existe des lois concernant le bruit, notamment celui émis par les échappements modifiés des véhicules. À l'oreille, nous pouvons conclure qu'elles ne sont pas appliquées
Comme quoi on retrouve des Elvis Graton a peu près n'importe où!
Ça remonte un souvenir chez moi...
L'été dernier, j'étais allée faire du camping à la Montagne d'Argent à Saint-Faustin. Installée le vendredi soir, je me fais réveiller à 6 h le samedi par un type de style Graton qui rie grassement et gueule comme un veau en faisant cuire son bacon.. Les yeux bouffis, enragée comme pas deux, je sors en pyjama et me dirige vers le type qui me regarde les yeux ronds. Je lui balance une ou deux morales sur la qualité de vie et la bienséance et file me recoucher, le coeur battant.
Finalement, fièrement, je resors deux heures plus tard pour constater que je suis entourée par une bande d'abrutis sans classe...et tous aparentés avec le gars en question. Les blagues grasses et à double sens surgissent ça et là tout au long de la journée et je sais qu'elles me sont destinées. Pendant trois jours, je me suis farçie les cons qui ne cessaient de se lancer des phrases du genre"
Hé! l"gros! met pas ta musique trop forte, la voiésine aime pâs çâ"
"Et les p'tits! pas trop fort, la voiésine a dort encore".
Bref, je ne rentrerai pas trop dans les détails parce que disons que j'ai...heu...repris ma vengeance le soir même en renversant "malcontreusement" un verre de punch aux fruits de ma princesse de quatre ans sur le bel habit blanc de la madame Graton.....qui passait pas là.....
Ben ouais quoi! "J'me suis enfargée dans les fleurs du gazon".
@ Bien des choses à la fois
Une connaissance de Kayak m'a raconté une histoire similaire. Un groupe de morons venus renouer avec leur instinct de Cro-Magnon dans un camping voisin avait poussé le volume de la musique au plafond. L'ami en question va les voir pour leur demander poliment de la baisser de quelques crans. Ça a mal tourné. Les hominidés l'ont carrément menacé et lui ont souhaité une crise cardiaque!!
Le lendemain, ils ont fait de l'intimidation en passant en pick-up devant son terrain de camping et en l'invectivant de nouveau. Mon ami a du porter plainte aux gardiens du parc.
Bravo pour ton cran avec la tribu de Cro-Magnon!
Plus le nombre de membre dans un groupe est élevé, plus le QI est bas.
Dieu a créé les hommes à son image et à sa ressemblance. Méchant fucké.
D'imposer sa musique et sa façon de vivre (ou de ne pas savoir vivre?!?) à tout le monde, j'en reviendrai jamais comment c'est un manque total de respect.
Tous les endroits que vous mentionnez, je les ai visités souvent et j'ai constaté la même chose que vous, alors, je les boude maintenant. Mais c'est très répandu comme problème, je vous assure.
Chez moi qui suis riveraine, la belle saison nous ramène son lot de motomarines qui ne savent que virer en rond devant nos résidences, des bateaux à gros moteurs qui passent et repassent avec ou sans skieurs nautiques et les malapris qui squattent sur nos plus belles îles en y laissant leurs traces dégueulasses qu'on va ramasser les lendemains de veille... Ils font péter des feux d'artifice aussi, pas besoin d'une fête officielle pour ça (si vous saviez comme ça traumatise les huards et les hérons) et ils nous imposent aussi leurs cris, leurs bruits, leurs musiques. Et je vous signale que tout ça se passe sur un lac qui est aussi l'approvisionnement en eau potable de la MRC Rouyn-Noranda!
Pourquoi ils ne restent pas en ville, ces imbéciles, tant qu'à apporter avec eux tout ce que la ville peut offrir.
C'est rendu que quand on voit glisser paisiblement des canots, kayaks, voiliers, planches à voile, on a le goût d'aller leur dire qu'ils sont beaux à voir et qu'ils nous réconcilient avec la nature humaine!
Il y a des gens impossibles à éduquer, je les appelle des fils de béton...
Moi j'en ai une autre mais elle va dans l'autre sens.
J'était à venise en québec sur le bord du lac champlain, il était peut-être 10 heure du soir, on était devant un feu et on jasait et riait quelque fois fort mais sans tomber dans le bruit excessif et on sait fait crier "FERMEZ VOS GUEULES"
Il y une limite, je sais à ce que les gens fasse des conneries mais il y aussi une part de laissez vivre.
Moi si je vais en camping, je préfère être seule et pas avoir des gens autour de moi qui soit vont être dérangé par un peu de bruit et ou moi-même dérangé par des troglodytes.
C'est pas parce que les gens rient et écoute un peu de musique le matin en se réveillant que c'est des morons qui n'aiment pas la nature.
Et si tu veux faire la grasse matinée et bien c'est mal choisir son spot lorsqu'il y a des enfants dans la place et ou un groupe.
J'abonde dans le sens d'avoir la paix lorsque je vais en camping et certains enfouarrés violent litéralement nos ouies parfois mais c'est pas tout le monde.
On peut toujours se retrouver dans une situation ou c'est nous qui seront jugés cro-magnons et morons et pour bien moins.
@ Christian
Voilà comment je vois la chose : si je veux le silence, la paix, je n'irai pas en ville sur la rue St-Denis et ensuite exiger de la foule qu'elle garde le silence simplement pour satisfaire mon besoin de solitude. C'est absurde. Inversement, si c'est le party qui m'attire, je n'irais pas dans un parc dédié à la conservation afin de m'éclater sans retenue. Ça me semble un principe simple. Tellement simple.
Je ne vise pas les familles ni les visiteurs qui respectent les règles élémentaires du civisme 101. Je vise plutôt les Cro-Magnon (malheureusement en pleine croissance démographique) qui gâchent l'expérience des autres. Lors d'un week-end de camping, il y avait un groupe de «protohumains» qui à l'aide d'une génératrice écoutait un film en pleine nuit dans un camping classé rustique! On les a expulsés du parc sous les applaudissements des autres campeurs.
On ne peut pas faire ce qu'on veut, n'importe quand et n'importe où. Quand tu veux gueuler, tu vas au Centre Molson, pas dans une bibliothèque.
Le parc du Mont-Tremblant effectue une étude visant à mesurer l'impact des activités humaines sur la faune et la flore. Je suis impatient de connaître les conclusions de cette étude. Pour ma part, j'ai observé une certaine dégradation du milieu et les observations animales se font plus rares.
"Quand tu veux gueuler, tu vas au Centre Molson, pas dans une bibliothèque."
Bien dit.
Puis quand tu cherches un condo couvert en vinyle tu vas à Rosemère, pas Ste-Adèle...
En passant, je gage que notre maire apporte son mangnetoscope en camping.
@christian beauregard
J'ai moi-même des enfants et je ne les enverrai pas s'exciter à 6 h le matin dehors, même en camping. Moi, je me suis fait réveiller, tambour battant, à six heures pile, alors que les morons faisaient un vacarme du tonnerre.
Quant à la musique, je l'écoute aussi en camping, mais les décibels sont nettement moins élevés que dans une disco.
Désolée, mais les morons suprêmes, chus pas capable!
je fait quand même la diffèrence entre du bruit acceptable, le gars qui amène sa t.v. en camping avec une génératrice, ca c'est plus que morons.
J'ai un garçon d'a peine 2 ans et si je l'amenais en camping il serait bien dur de le garder silencieux avant 7 heure le matin, j'irais pas jusqu'à l'empêcher de s'exprimer, je peut lui dire de parler moins fort mais on s'entend que le raisonnement d'un bébé est loin d'un enfant de 3 ans et plus.
mais je crois que dans certaines situations, il y a des gens qui sont excessivement intransigeant envers le moindre petit bruit, je le sais, j'en suis un, moi après 8 heure le soir, j'hai le bruit
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