«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

14 juin 2007

Ras-le-bol d'une amie

Demande de changement de zonage de l’Île Charron

Ah non! Après le mont Tremblant qu’on continue de faire trembler, les falaises des Laurentides qu’on ne cesse de défigurer, la chicane au parc du mont Orford, sans compter les montérégiennes éventrées, c’est au tour de l’Île Charron de subir l’assaut des «développeurs».

Pour moi, lorsqu’on invoque le développement économique obligé pour agir de la sorte, l’origine de l’expression «tête à claques» prend tout son sens. Quand je vois en ville s’ériger précipitamment, sans permis, ces tours résidentielles voleuses de soleil pour ceux qui habitent déjà les environs, je me désole. (Quoiqu’avec le réchauffement climatique, cela risque de devenir plutôt un service appréciable...) Quand on parle d’amener, à l’entrée d’un parc national à valeur biologique et archéologique plus qu’appréciable; asphalte, égouts, vidanges, lampadaires, fils électriques, tondeuses, bateaux à moteur, bruits, pollution bref, perturbation de la vie naturelle pour voler à l’ensemble de la population un horizon, une beauté, une tranquillité, un refuge face aux conneries de nos semblables, alors là je dis «C’est assez!». Faut se loger certes, mais ce besoin, mené par la vanité et la folie des grandeurs devient de mauvais goût.

Il y a certaines limites, certains besoins fondamentaux qu’on ne peut écarter du revers de la main parce qu’un promoteur à l’écume aux lèvres! Peut-on une fois pour toutes définir et respecter le droit à la nature d’être nature? Peut-on comprendre ce besoin collectif autant qu’individuel d’avoir des lieux où les caprices de nos semblables n’auraient pas leur place? Des lieux sacrés où il nous serait possible d’oublier la vie artificielle et la brutalité d’un monde dit civilisé? Où les animaux auraient le droit d’être eux-mêmes, où les oiseaux auraient droit de nicher selon leur convenance, où la «mauvaise herbe» aurait le droit d’exister sans être empoisonnée, où les étoiles pourraient enfin briller de tous leurs feux? Parce que nous revendiquons le droit à la vie de vivre sans être perturbée, nous avons créé des parcs. Je considère ces lieux sacrés, et théoriquement inviolables. En effet, ils sont nos temples qui, à mes yeux, revêtent encore plus de valeur que n’importe quel temple créé par l’homme. Car ils sont empreints d’une réalité, d’une vérité qui transcende toutes nos fabulations religieuses et toutes les «hommeries» socio-politico-légales.

Pourrait-on juste être bien, sans voir le rappel constant de l’orgueil insatiable de nos congénères et de l’arrogante inconsidération avec laquelle on pousse continuellement la nature jusqu’à ses derniers retranchements? Comme les meilleures terres agricoles des banlieues montréalaises et lavalloises qu’on sacrifie pour des châteaux de ville, collés les uns sur les autres, au détriment de notre autonomie alimentaire. Il est maintenant normal de gaspiller de l’énergie pour faire venir notre bouffe d’ailleurs. Ah... c’est vrai; faut faire rouler l’économie. Kyoto? On y préfère le sushi qu’on mangera dans son château de rêve après avoir passé sa tondeuse... au gaz je suppose? «Et malheur au raton laveur qui va venir faire mes vidanges et à la marmotte qui va faire un trou... ils n’avaient qu’à rester chez-eux!»

Nous sommes de loin l’espèce la plus dérangeante, perturbante et aliénante pour toutes les autres formes de vie. On traite les plus verts d’entres nous, d’égoïstes ou d’attardés à vouloir protéger et maintenir de maigres habitats presqu’intacts. Mais, s’ils sont de piêtre valeur pour nos «kings» de la finance, s’ils ne représentent à leurs yeux que des lotissements inutiles, pourquoi les promoteurs sentent-ils donc la bonne affaire à vouloir y coller du monde à tout prix? Pas juste pour écœurer le peuple; pas juste pour agrémenter le gratin de la bourgeoisie mais bien parce qu’eux aussi ressentent cet appel de la nature. Ils l’expriment juste différemment parce qu’ils l’écoutent différemment; c’est-à-dire: pan toutte!



Doris Hall
Membre du CRPF (Comité régional pour la protection des falaises)
Prévost, Qc

3 commentaires:

Marcel Gagnon a dit...

Doris,
L'humanoïde détruit tout sur son passage et essaie par la suite de recréer la vie en laboratoire, comme s'il n'avait de respect que pour ses propres réalisations ! Un seul mot me vient en tête: ORGUEIL !

Merci pour votre vibrant rappel à la raison !

Anonyme a dit...

Très bien dit par Doris.
Ça sera une vraie honte de procéder avec un tel projet. Que les admins responables peuvent même le considérer (et nous le proposer) est assez inquétant!

Anonyme a dit...

On appelle cela la folie des hommes, ou bien donc inconscience !!!