Petit bijou de relations publiques, le communiqué est publié deux jours après l’entrevue et reprend les sujets qui ont fait l’objet de mes questions. Par le plus grand des hasards, je connais très bien les rouages des relations publiques ainsi que les techniques utilisées pour faire dévier les véritables enjeux vers les voies secondaires.
Alors, on y va ?
Mes commentaires sont en rouge. Dans le communiqué «certains» me désigne, moi et le journal Accès, sinon nommément, du moins implicitement.
Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate
PRÉCISION SUR DEUX DOSSIERS
Pour diffusion immédiate
PRÉCISION SUR DEUX DOSSIERS
Sainte-Adèle, le jeudi 6 septembre 2007 - La ville de Sainte-Adèle désire répondre à certains questionnements exprimés depuis quelque temps et repris par les médias locaux concernant la position de la Ville dans deux dossiers.
Dossier André Mongeau, directeur général
Il est important de rappeler que M. André Mongeau est suspendu (on omet volontairement de préciser «avec solde» afin de ne pas augmenter la grogne chez les Adélois) depuis plusieurs semaines comme suite à une série d’articles parue dans les médias locaux. Afin de faire toute la lumière sur cette situation, le conseil municipal a pris ses responsabilités en instituant une enquête indépendante aux allégations de conflits d’intérêts. (Indépendante de qui? De la Ville? Manifestement pas, puisqu’il s’agit d’une firme qui offre ses services à la Ville depuis des lustres. De plus, on le sait : « les avocats n'ont aucun pouvoir d'enquête en vertu de la Loi dans le dossier du D.G. Ils ne peuvent convoquer une tierce personne ou les représentants d'une compagnie pour les obliger à témoigner. Ils ne peuvent les obliger à produire un document, sauf dans une procédure instruite devant le juge. Il s'agit de termes pour masquer la réalité... tout au plus une étude de dossier...!» On persiste à nous faire croire qu’il s’agit d’une véritable enquête.)
Comme toute personne est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire, il est dans l’ordre des choses d’attendre les conclusions de l’enquête avant de se réunir à nouveau pour discuter de la situation, tout comme il était tout à fait normal d’attendre la version de M. Mongeau avant de le suspendre, d’où le délai. (Plusieurs sources ont confirmé que le rapport est déposé depuis au moins deux semaines. En entrevue, le maire préférait utiliser le terme «séances de travail» plutôt que dépôt du rapport. Un bel euphémisme! Après plus de 80 jours sans conclusions, ce n’est plus une enquête, mais bien une incurie).
C’est ainsi que s’exerce le pouvoir de contrôle et d’enquête dont est investi le maire d’une municipalité.. Dès lors que des informations nécessitant un approfondissement sont transmises au premier magistrat, ce dernier prend, à ce moment, des actions positives pour répondre aux questionnements, pour faire cesser une pratique ou pour s’assurer qu’elle ne se reproduira pas. C’est ce que le conseil municipal de Sainte-Adèle a fait — il a pris ses responsabilités — et il continuera à le faire.
Certaines personnes affirment (qui affirme ça? Vous? Moi pas!) que la responsabilité démocratique d’un maire est au-delà du connu et que les élus se doivent d’être au parfum de tous les faits et gestes des employés d’une municipalité; bref, d’enquêter journalièrement sur les faits et gestes de chacun, et ce, même dans la sphère de la vie privée. Évidemment, la réalité est plus mitigée. Le devoir de surveillance et de contrôle accordé par la Loi sur les cités et villes en est un a posteriori, c’est-à-dire que lorsque les responsables politiques prennent connaissance d’une situation, ils se doivent d’agir avec toute la diligence raisonnable. ( Ha bon? À plusieurs reprises, on m’a affirmé que l’on était au courant, bien avant la parution de l’article dans l’Accès, que le directeur général roulait dans une voiture enregistrée au nom du promoteur Attitude Nord. Le maire et les conseillers n’auraient-ils pas dû, a priori, faire «cesser la pratique», s’assurer qu’elle ne se «reproduira pas» et «prendre des actions positives?» Il aura fallu que l’histoire soit publiée dans l’Accès pour mettre en marche la diligence municipale. Sinon, il y a fort à parier que la situation aurait perduré.)
Dossier Attitude Nord, promoteur
Dans la même veine, certains reprochent ouvertement aux élus d’avoir favorisé le développement de la ville de Sainte-Adèle. (Voici une phrase qui vise à altérer les faits et à vous distraire du véritable sujet. Personne ne reproche à la Ville de favoriser le développement. On lui reproche plutôt ses méthodes et ses choix. On critique la présence du maire dans la brochure publicitaire du promoteur. On lui reproche également de s’emballer trop rapidement pour certains projets, et ce, au nom des Adélois. De son propre aveu, le maire Cardinal affirme que si c’était à refaire, il s’y prendrait autrement.)
Effectivement, on affirme aujourd’hui que l’on n’aurait pas dû donner un prix de reconnaissance, il y a quelques années de cela, à une entreprise dont on tente de faire le procès médiatique. (J’avais presque oublié que selon cette administration, le journalisme d’enquête est un procès, la critique un outrage à magistrat. Non vraiment, quelle cécité sélective! Des acheteurs floués, des entrepreneurs au seuil de la faillite, des impacts économiques, sociaux et humains gigantesques, et on a le culot de prétendre que l’on fait le procès médiatique de l’entrepreneur. Quelle dérision! Comment peut-on à ce point être inapte à faire la différence entre information et procès médiatique?).
On reproche aux élus d’avoir accueilli un projet de plusieurs millions de dollars, un projet ayant fait l’objet de discussion du Comité Consultatif de l’Urbanisme (CCU), et recommandé par ces derniers, en plus d’une consultation publique pour présenter le projet. Il est important de comprendre qu’aucune municipalité ne se refuse la participation à diverses inaugurations, lancements ou ouvertures officielles, il en est de même avec des projets de grande envergure favorisant une communauté, son développement économique, social et communautaire. (Encore une fois, on dévie le reproche vers la mauvaise cible afin de faire pitié, de jouer la victime, l’éternel incompris des médias et de la population. Le fait de siéger au CCU ne fait pas de vous un brillant urbaniste. Ça ne vous immunise pas contre les mauvaises décisions. Concernant les consultations publiques de cette administration, on repassera!).
Le choix des résidents, investisseurs et promoteurs ne revient pas aux membres du conseil municipal. (Contradiction: le choix des promoteurs ne revient pas aux membres du conseil municipal, mais le maire affirme dans la brochure du promoteur Attitude Nord : « la Ville de Sainte-Adèle est fière de la venue du projet Delacroix sur son territoire et travaille en étroite collaboration avec le promoteur Attitude Nord. Pour moi, il s’agit bel et bien d’un choix signé).
Les citoyens et citoyennes doivent être assurés que la Ville agit en fonction du cadre législatif en vigueur et auquel elle est assujettie, et c’est la raison pour laquelle différentes démarches doivent être entreprises, avant toute chose, c’est dans le respect de la loi que Sainte-Adèle travaille pour le bien-être de ces citoyens et citoyennes. Malgré la pression journalistique d’un média, notre administration n’a pas l’intention d’agir trop rapidement en improvisant : « notre administration entend poursuivre sa gestion rigoureuse », a tenu à préciser le maire cardinal. ( «Notre administration n’a pas l’intention d’agir trop rapidement en improvisant». Trop tard, c’est déjà fait!)
-30-
Source : Cabinet du maire
À vous maintenant.
4 commentaires:
En vous lisant,je dirais plutot." communiqué d'une autopsie"
Pas grand chose de nouveau.
Seriez vous assez naif pour croire qu'ils vont mettre la table et vous inviter?
Vous avez au moins le mérite d'avoir essayé.
Si l'info sort,ce n'ai surement pas de cette table,a moins qu'un autre Juda se manifeste,l'avenir nous le diras.
Alain
Et la montagne accoucha d'une souris!
Pauvre Monsieur Cardinal!
Jean-Pierre St-Germain
Ce communiqué de presse, enrichi de vos commentaires en rouge en filigrane, est un cours magistral en « département des menteries publiques 101 ». En effet, à l'UQTR comme à l'UQAM, pour les étudiants au bacc. en communication, on ne pourrait leur servir meilleur exemple de la manipulation de l'opinion publique. Réussi ou pas, comme exercice? Ça dépend d'une foule de facteurs mais déjà, je trouve que la population ne fait pas assez la part des choses, que les journalistes indépendants et les hommes libres sont trop rares...
Le pouvoir, maintenant, se situe dans cet art de présenter les choses aux gens qui sont de plus en plus mal informés ou carrément désinformés.
Parfois, j'ai honte du métier que je pratique, (consultante en communication) même si je n'ai pas ce genre de clients. D'ailleurs, je les refuse quand je ne suis pas d'accord avec ce qu'il faut communiquer comme message. Pas riche mais libre! J'ai déjà quitté des emplois à cause de mes opinions sur des sujets où j'étais non négociable, quand le travail que j'avais à faire allait à l'encontre de mes valeurs. Ce communiqué et tout ce qu'il veut véhiculer en est un bel exemple, je reconnais (et vous aussi) les tournures de phrases, les stratégies, les citations en dernier paragraphe, tout, et ça me lève le coeur.
Et encore, je ne parle même pas du contenu, seulement du contenant...
@ Zoreille
Quel bon commentaire! Merci de participer à ce carnet. Comme vous, j'ai régulièrement refusé des contrats qui allaient contre mes valeurs personnelles. La clé est là : cessez de voir la communauté en fonction de ses propres intérêts. Sinon, vous devenez complice d'un complot contre vous-même.
Bravo à vous!
Publier un commentaire