Texte publié dans Accès, édition du 26 octobre 2007
Politique municipale et région : administrer n’est pas gouverner.
Un conseiller municipal qui est également celui qui entretient votre voiture; un autre qui est aussi la personne qui vous sert le repas du midi… Comme le soulignait un humoriste: « vous savez que vous êtes dans une petite ville, quand c’est le maire qui livre votre bois de chauffage. »
La politique municipale en région se pratique dans un cadre qui se veut convivial où élus et citoyens sont amenés à se côtoyer quotidiennement.
Cet «espace de proximité» permet, en théorie, aux citoyens des municipalités à faible densité de population, comme les villages ou les municipalités rurales, de se réapproprier leur cadre de vie et d’agir concrètement au sein de leur communauté.
En théorie, car l’actualité nous présente davantage une réalité où les villes sont laissées entre les mains des élites locales, de spéculateurs fonciers et de réseaux d’influences, qui souvent, agissent en fonction de leurs propres intérêts. Les petites municipalités des Laurentides vacillent entre ce passé politique — pas si lointain — où seuls les propriétaires avaient droit de vote et un avenir prometteur où les enjeux sont d’ordre collectif et doivent s’affranchir des jeux de coulisses.
Cette approche de la politique municipale s’est insidieusement fixée dans notre langage, lorsque nous parlons d’«administration municipale» plutôt que de «gouvernement municipal». Un vocable qui a pour effet de «dépolitiser» les fonctions municipales. Cette conception purement administrative de la politique municipale laisse peu de place aux idées et aux grandes orientations politiques et confine les élus dans des rôles de simples gestionnaires. Lorsque le développement économique est laissé entre les mains d’intérêts privés, les villes prennent des allures de simples marchandises à brader que s’arrachent les plus offrants. Les consultations populaires se limitent légalement à des avis publics rédigés dans un langage hermétique et inaccessible au commun des mortels. Le désengagement des citoyens de la politique municipale est une conséquence inévitable de cette vision purement administrative et comptable de la municipalité où la Loi fait loi et qui laisse peu ou pas de place à l’épanouissement d’une véritable démocratie participative.
Dans ce contexte, imposture, tractation, manipulation des informations et désinformation représentent l’ordinaire des municipalités. Les médias régionaux, plus que tout autres, doivent faire preuve de solidarité. Ils doivent surtout se préserver de toute influence qui nuirait à leur liberté de presse. Seule la liberté d’expression permettra d’atteindre cet «espace de proximité», où il sera possible d’agir concrètement pour les intérêts supérieurs de la communauté. C’est pourquoi le journalisme civique doit occuper la ligne de front, car comme le souligne Jan Schaffer du Pew Center for Civic Journalism : « le journalisme civique permet aux citoyens de surmonter leur sentiment d'impuissance et d'aliénation et les incite à passer à l'action, à s'engager et à considérer les problèmes de la collectivité comme leurs problèmes.»
«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»
— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism
27 octobre 2007
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2 commentaires:
Il me semble que ''l'ìnventeur''de l'expression administration munici-
pale était nul autre que le montré-
alais Jean Drapeau, il prétendait qu'il ne faisait pas de la politi-
que...mais de l'administration!C'est vrai que les Hebdos régionnaux ont une responsabilité d'information et qu'ils ne doivent pas être de simple rapporteur offi-
ciel.Les citoyen-e-s doivent cependant tenir comptent du peu d'effectifs des salles de rédaction
de ces hebdos et de la course effrénée des directions de ces hebdos à la publicités municipales.
Je gages que le conseil municipal n'est pas près d'acheter de la pub dans ACCÈS pour souhaiter Joyeux Noel aux adélois.De toute façon les
les citoyen-e-s ne doivent pas se décharger de leurs responsabilités
et commencer à exiger de leurs futurs élus des orientations claires avant les élections et les accompagner tout au long de leur mandat.Cet été lors de la séance spécial du conseil votant la suspension du d.g. un citoyen a déposé une pétition de citoyens demandant la réfection d'un chemin municipal, en réponse à ses questions nous avons appris qu'il n'y avait pas de planification,pas de calendrier d'établi pour la réfection des routes, ni pour l'émondage des arbres le long des chemins.L'absence de planification
sérieuse donne emprise à toute sorte de manigance grande et petite.
Et Mme Barbeau, la conseillère récalcitrante, où est-elle donc?
Disparu avec le greffier-DG ? ou l'ex-maire ?
D'une transparence telle que l'on ne la voit aucunement dans les médias pour nous informer sur la vie municipale de Sainte-Adèle ?
Le vide ... comme avant le brou-ha-ha r!
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