[Autopsie d’une enquête journalistique]
L’affaire Mongeau a fait couler beaucoup d’encre et a donné des sueurs plutôt froides à plusieurs. Ça, on le sait. Ce que la plupart ignorent, c’est que tout a commencé ici, dans ce carnet. Une histoire à mon avis sans précédent où un média citoyen, des journalistes et un hebdomadaire régional ont modifié le paysage politique d’une ville. Tout commence par un informateur, des documents et une confiance envers un journaliste-blogueur. Ensuite, une rencontre organisée dans un endroit secret où l’informateur remet son dossier. Du béton. C’est gros, très gros : le directeur général de la Ville de Sainte-Adèle a l’utilisation d’un véhicule enregistré au nom d’un promoteur immobilier très actif sur le territoire. Les preuves sont là, noir sur blanc : un rapport de la Société d’assurances automobile du Québec (SAAQ) et une contre-vérification au Registre des droits personnels et réels mobiliers (RDPRM).
Je refais alors les mêmes vérifications que l’informateur, dans le but de confirmer la validité des deux documents émanant des organismes officiels. Pas de doute, l’information est de bonne qualité et de surcroit public. Bien que déterminé, l’informateur est inquiet. Il craint que la publication de l’affaire dans Accès permette de remonter jusqu’à lui. Afin de protéger mon contact, je décide de ne pas associer mon nom au dossier et de travailler dans l’ombre, éliminant ainsi tout risque pour la sécurité de mon informateur. Éric-Olivier Dallard, journaliste et rédacteur en chef du journal Accès, accepte de travailler de concert avec moi et de rédiger l’article qui sera publié. En compagnie de Josée Pilote, l’une des éditrices du journal, il fait une tournée d’entrevues auprès des principaux concernés : promoteur, maire et directeur général. Tous ont la chance de s’exprimer et de livrer leurs versions des faits. La suite, vous la connaissez : démission mouvementée du DG, mutinerie des conseillers et finalement, démission du maire Cardinal. Beaucoup de dégâts pour ce qu’une des personnes compromises dans l’affaire qualifiait récemment de «tempête dans un verre d’eau.»
Le danger qui pesait sur ma source est aujourd’hui écarté. C’est pourquoi je peux lever le voile sur les coulisses de cette enquête journalistique qui a permis une «connivence des médias», qui à ma connaissance, n’a pas de précédent. Une histoire de confiance d’un informateur envers un journaliste-blogueur; une enquête journalistique menée dans les règles de l’art qui a permis de mettre à jour certaines pratiques discutables d’un fonctionnaire municipal. Une affaire qui marque l’histoire des blogues et confirme leur impact dans les communautés. Cette solidarité entre un média régional indépendant et un journaliste-blogueur permet de croire que le journalisme d’enquête n’est pas mort dans une région «peu habituée aux journalistes zélés», comme le soulignait le rédacteur en chef du journal Accès lors d’une entrevue accordée au magazine le Trente. Accès et Blogue-Notes dérangent, car ils posent publiquement les questions que d’autres osent à peine chuchoter. Le boycottage dont l’hebdomadaire est la cible n’est que la réaction puérile d’une administration à bout d’arguments qui se cache derrière un mutisme opaque et pourtant éloquent.
Voilà, vous savez maintenant tout sur l’«affaire Mongeau.»
Merci à Éric-Olivier Dallard pour le titre.
«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»
— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism
07 novembre 2007
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4 commentaires:
Bien contente de voir qu'un bon travail journalistique récompense toujours!
Toute une histoire en effet.
Je suis d'avis que ta prudence dans ce dossier en a été la clef du succès aussi. Trop souvent nous sommes témoins de "journaleux" qui sortent un peu n'importe quoi juste pour faire vendre des copies. Ça, ça ne donne jamais rien de bon.
Probable qu'avec des journalistes sérieux et une population plus avertie qu'auparavant, les choses ne seront plus jamais les mêmes au Conseil municipal de Sainte-Adèle.
André, je prends cet opportunité pour souligner que tu
es sans doute le journaliste le plus important et
influentiel des laurentides en 2007 (et depuis
longtemps). Ton exposé de Mazdagate était juste et
influentielle. Sans exageration, tu es un exemple de
la professionalisme, de la rigeure, et de la prudence
dans le journalisme. J'éspère non juste de continuer
de lire tes articles, mais que ton exemple puisse inspirer
d'autres à poursuivre ce travaille noble et important.
Bravo et merci! Laches-pas!
@ Maurice
Votre commentaire est vraiment très apprécié. Merci!
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