[Jean Pierre Charce, un lecteur de ce carnet, m'a fait parvenir une lettre ouverte à propos du parc régional Dufresne, un dossier qui fait régulièrement la manchette. Blogue-Notes offre sa plateforme à tous les citoyens qui souhaitent s'exprimer librement. Seule exigence: les textes des auteurs doivent être signés.]
Je me souviens…
On parle de nouveau beaucoup du parc Dufresne ces temps-ci, de ses querelles de clochers et de ses «non-dits », du manque de transparence entourant certains actes et des réels enjeux qui se profilent à l’horizon. Je me souviens, à une époque pas si lointaine – Guindonville était devenu poussière et gravas –, d’une certaine discussion avec quelques ardents défenseurs du projet qui me tenaient ce langage : «Vous comprenez monsieur, dans la vie il faut parfois savoir se sacrifier pour le bien-être de sa communauté et de ses descendants».
Je restais sceptique, demeurant convaincu que la cause environnementale devait inévitablement passer par le respect des résidents des lieux, mais leur accordais tout de même le bénéfice du doute. Toutefois, en observant ce qui se passe aujourd’hui dans notre «monde à part», je me remémore l’acte de bravoure d’une certaine dame (qui se reconnaîtra sans doute), une visionnaire, en quelque sorte. Elle avait osé s’opposer et dénoncer publiquement certaines malversations entourant le projet de stationnement ainsi que celui du parc : cet engagement lui a coûté cher, car toute vérité n'est pas bonne à dire, semble-t-il. Je me souviens d’un couple de personnes âgées rencontrées récemment, natifs du village de surcroît, qui ont rebroussé chemin lorsqu'on leur a demandé de payer pour prendre une marche dans ce qu’il croyait être leur parc. Une autre personne croisée par hasard, qui se promenait nonchalamment son vélo à la main, s'est vue obligée de quitter les lieux, car son V.T.T n'était soi-disant pas dans les normes, d’autres encore à qui l’on a refusé l’autorisation d’escalade, car sans doute ne faisaient-ils pas partie de la bonne école. Et ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres. Je me pose la question suivante : faut-il avoir la panoplie complète du parfait randonneur et posséder un portefeuille plus que garni pour avoir accès à notre parc ?
Il me semble que les taxes que nous payons en tant que résidents devraient suffire amplement à s’acquitter de ces frais. Je pense alors au conte philosophique célèbre d’Antoine de Saint-Exupéry : le Petit Prince, parmi les nombreux personnages rencontrés lors de son périple galactique, a fait la connaissance d’un businessman. Celui-ci passait le plus clair de son temps à comptabiliser des étoiles qu’il ne cessait d’accumuler sans répit. Intrigué par ce comportement étrange, le Petit Prince se disait qu’elles n’appartenaient pourtant à personne, toutes ces étoiles. Justement, rétorquait l’homme d’affaires, elles ne sont à personne, donc elles sont à moi. Mais que faites-vous donc avec ces milliers d’étoiles? demandait encore le garçon. Je les possède, un point c’est tout. Et s’il venait à l’esprit du Petit Prince de visiter la planète «parc Dufresne», ne serait-il pas étonné de constater combien les idéaux écologiques des premiers jours ont cédé la place à des motivations apparemment plus mercantiles que philanthropes?
Jean-Pierre Charce
Val David
«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»
— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism
03 avril 2009
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