«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

31 mars 2009

Immobilisme ou écœurement?

J’avais récemment une discussion fort intéressante sur l’immobilisme avec quelques amis. Je m’apprêtais à écrire un billet sur le sujet, mais voilà que je suis doublé par le Vieux Henri qui nous livre un texte bien senti sur la question.

Il serait intéressant d’analyser d’un point de vue sociologique ce courant d’opposition citoyenne à tout projet d’envergure. Assistons-nous à une redéfinition collective du développement, de l’innovation et du progrès, où au contraire, à la progression d’un manque de vision endémique ? La confiance des citoyens envers les élus, les organismes et les développeurs, s’est-elle à ce point effritée que l’on préfère, par prudence, s’opposer systématiquement à tout projet ? Sommes-nous à ce point enlisés dans le consensus mou que toute initiative s’épuise en consultations, en études et en discussions pour finalement mourir dans l’œuf ?

Somme-nous, collectivement, à développer un esprit plus critique ou plus cynique ?

Au-delà du syndrome bien réel du «pas dans ma cour», peut-être assistons-nous en effet à l’émergence d’un esprit plus critique envers les propositions des développeurs. C’est du moins une hypothèse à explorer. La mauvaise gestion, les dépassements de coûts, l’incompétence des intervenants, les «enveloppes brunes» et le manque de transparence ont peut-être poussé les citoyens à adopter une attitude de méfiance parfois excessive. Les promesses ne suffisent plus, les résultats doivent être au rendez-vous.

À quoi s’opposent au juste les citoyens ? À la nature d’un projet, ou aux méthodes de gestion et de mise en œuvre ? La question se pose, car souvent, le projet annoncé n’est pas celui qui est livré. La crise économique qui sévit actuellement, particulièrement aux États-Unis, démontre bien que certains modèles économiques mènent à un échec couteux et socialement inacceptable. Plusieurs credos de l’économie devront être revue et corrigés.

Dans ce contexte, devons nous parler d’immobilisme ou d’écœurement ?

3 commentaires:

Le vieux Henri a dit...

Désolé de vous avoir devancé André :-)

Pour ma part, je me demande même si ce n'est pas simplement de l'individualisme : on veut une voie de contournement... mais pas derrière la maison. On veut du développement économique... mais ne pas toucher à un seul arbre, une seule roche, ne surtout pas modifier notre paysage quotidien. On veut construire des infrastructures... mais surtout ne rien payer de plus.

Un moment donné...

Anonyme a dit...

Une hypothèse:

Si c'était parce que les citoyens ont tellement l'impression que tout leur échappe? Alors, afin d'avoir l'impression d'avoir un peu plus de "pouvoir" sur leur vie, ils protestent sur tout...

Un peu comme le "refus adolescent"... Peut-être... Je ne sais trop...

André Bérard a dit...

@ Henri,

Il y a certainement une part d'individualisme dans l'attitude que vous décrivez.

@ Pierre Lafontaine

J'aime bien cette hypothèse également. Une chose est sûre, ce «refus global» est forcément le symptôme d'un phénomène sociologique qui n'est pas encore défini avec précision. Nous en devinons à peine les contours, sans plus.