«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

01 avril 2006

Un mâle qui terrasse : en passant par «Saint-Sau»

Les terrasses sont ouvertes. Le troupeau est au rendez-vous, bien parqué à l’intérieur des limites exiguës des barrières de l’enclos. Verres fumés, faces tournées vers le soleil, on dirait de petites cours surchargées de tournesols qu’on aurait plantés trop près les uns des autres. Rompus à la gestuelle des terrasses, ils sirotent une bière, un drink ou un Perrier. Dans leurs vêtements de plein air fashion, ils jettent des regards à la dérobé aux tables autour, histoire de s’assurer qu’on remarque bien les marques affichées sur leurs fringues.

Ils sont attablés en couple ou à plusieurs. Il y en a un dans le coin qui est seul. C’est un mâle qui terrasse.

C'est un habitué. Sa gestuelle est parfaite : il affiche un air faussement détaché, prend une longue gorgée, dépose son verre avec une grimace de satisfaction, se replace un peu sur sa chaise, se tourne vers le soleil et se croise les jambes. Un pro je vous dis! La parade est sans doute destinée à attirer l’attention des femelles. Mais ça ne semble pas fonctionner aujourd’hui. Il retire ses lunettes, se frotte les yeux, reprend une gorgée, repose le verre, remet ses lunettes : 9.5 sur 10! Technique parfaite, volet artistique impeccable, peut-être juste une petite hésitation avec les lunettes. Quelque chose le déconcentre. Il palpe du regard son environnement. Le problème est là, à quelques tables de la sienne, un artiste connu se trouve sur la même terrasse que lui. Il monopolise l’attention de la petite foule captive. Notre mâle ne marquera pas son territoire aujourd’hui. Il se lève et quitte la terrasse d’un pas nonchalant. Ce n’est que partie remise, car la saison ne fait que commencer.

Chaque printemps, le phénomène des terrasses me fascine. L’amateur de plein air et de grands espaces que je suis comprend mal ce goût pour les endroits clôturés où l’on s’entasse pour profiter du retour du beau temps. Trop de monde dans un trop petit espace. Très peu pour moi!

Je préfère me trouver là où les « terrasseurs de St-Sau» regardent : dans le paysage.

Je n’aime pas les terrasses et les terrasses ne m’aiment pas. Nous sommes quittes.

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