Récemment, j’assistais à un point de presse annoncé par le maire Cardinal qui nous promettait une bonne nouvelle concernant le parc d’affaires La Rolland. Étaient présents : Éric Nicol, du journal La Vallée, Christian Asselin, du journal des Pays d’en Haut et moi-même pour Blogue-Notes et le Journal Accès. Je vous reparle de ce dossier, car quelque chose titille l’esprit critique du journaliste en moi et plusieurs courriels de lecteurs ont fait écho à mon propre questionnement.
Si vous lisez les trois articles résumant le point de presse, vous constaterez que celui du Journal des Pays d’en Haut fait bande à part. Le titre annonce le ton de l’article : La Rolland sauvé? Le texte du journaliste Asselin prend des allures de « bonne nouvelle TVA », alors que celui de M. Nicol et le mien sont, disons, moins « enthousiastes » et plus critiques vis-à-vis de la fameuse nouvelle. Pourtant, nous avons tous assisté au même point de presse. À la lecture du texte du journaliste Asselin, j’avais l’impression du contraire.
Plusieurs lecteurs de ce carnet m’ont d'ailleurs écrit pour exprimer leur perplexité devant la dichotomie qui existe entre le texte du JDPH et ceux des autres journaux de la région.
Certains affirment qu’il existe une « sympathie » entre le journal des Pays d’en Haut et l’administration en place. Nous devons admettre que l’approche éditoriale de cet hebdomadaire dans le dossier de La Rolland tend à consolider cette thèse. Ça ne s’arrête pas là. En feuilletant le dernier numéro du bulletin municipal La Croisée, j’ai constaté que l’infographie et l’impression de la publication étaient assurées par le Journal des Pays d’en Haut. De plus, nous savons que le maire Cardinal rédige une chronique dans ce même journal. En agissant ainsi, le JDPH ne contribue-t-il pas à créer une apparence de partialité? À la lumière de ces observations, nous sommes en droit de nous questionner sur la neutralité de l’hebdomadaire. Rappelons que durant l’affaire des mises en demeure qui a secoué ce carnet, le JDPH a refusé de couvrir l’événement, alors que le journal La Vallée et l’accès l’ont fait, ainsi que plusieurs médias nationaux.
La crédibilité de l’information est liée au droit de réserve que les médias doivent exercer. Comment peut-on accorder crédit à un hebdomadaire qui semble occulter tous les dossiers chauds de la région, ou qui se contente d’analyses à ce point légères qu’elles en deviennent futiles et vide de contenu? À force de regarder à gauche quand les événements se passent à droite, le JDPH va s’infliger un sérieux torticolis. À mon humble avis, ce journal devrait s’abstenir de produire des documents pour la Ville de Sainte-Adèle. En agissant ainsi, il laisse planer des doutes quant à son impartialité et à celle des élus.
Je précise, pour les gens de l’administration municipale qui liront ce billet, qu’il ne s’agit pas de propos diffamatoires, ni d’allusion à une hypothétique collusion avec un média. Remettez au fourreau injonctions et mises en demeure. Il s’agit simplement d’observations critiques. Puisque l’administration Cardinal semble avoir accepté la présence des médias citoyens, je l’invite à nous éclairer sur cette situation qui a poussé plusieurs citoyens à m’écrire à ce propos. Les Adélois s’interrogent et veulent des réponses.
J’invite les lecteurs à faire preuve de sagesse dans leurs commentaires. Ceux qui prétendent avoir des « preuves » peuvent communiquer avec moi par courriel. J’agirai en fonction de la qualité des informations reçues.
«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»
— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism
08 janvier 2007
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7 commentaires:
M. Bérard, je n'irais pas jusqu'à dire que vous avez raison, mais raconté à votre manière, j'admets que pour une personne de l'extérieur il peut effectivement y avoir apparence de partialité. C'est pourquoi j'aimerais dire ceci: Pour ce qui est de La Croisée, la ville de Sainte-Adèle a payé pour obtenir les services d'infographie et d'imprimerie du JPDH et a ainsi encouragé une entreprise locale qui a pignon sur rue sur son territoire.
Quant à la chronique du maire, encore une fois, la ville paie pour cet espace du journal et vous conviendrez avec moi qu'il serait bizarre de voir la même chronique dans le journal de Prévost par exemple.
Quant à mon article au sujet de la Rolland, j'avoue que le ton utilisé est différent du vôtre ou de celui de M. Nicol. De là à titrer "Un journal qui manque de dents", je ne serais pas allé jusque là. Au cours des deux dernières années, je ne me suis jamais gêné pour dénoncer quoi que ce soit, mais c'est votre opinion, et, comme je peux voir celle de plusieurs Adélois, je la respecte donc.
Au plaisir
M. Asselin, je salue le fait que vous preniez le temps de commenter ce billet. J'avoue : j'ai un penchant pour les titres « mordants ». Une déformation professionnelle, sans doute. Je ne doute pas un instant que la ville paie pour les différents services qu'elle utilise. Là n'est d'ailleurs pas la question. À mon humble avis, un journal devrait se contenter de ses revenus publicitaires. Il y a aussi beaucoup de graphistes qui ont pignon sur rue dans la région et dont l'infographie et la production de documents imprimés sont les activités premières.
Personnellement, j'ai rarement lu un article incisif concernant l'administration municipale dans les pages de votre journal. Si vous en avez quelques-uns en tête, partagez-les avec nous. Je me rétracterai sans un mot. Les médias traditionnels, à quelques exceptions près, répugnent à malmener leurs gros annonceurs. C'est malheureusement la qualité de l'information qui écope. Je suis conscient que vous n'êtes pas responsable des choix éditoriaux du journal pour lequel vous bossez. Chaque publication a, en quelque sorte, sa « ligne de parti ». C'est ainsi.
Au plaisir de vous croiser à nouveau lors d'un point de presse!
Vive les blogues libres!
Il me semble avoir entendu, lors de la dernière séance du Conseil de Sainte-Adèle, que le journal Accès avait reçu lui aussi un beau contrat de publication de la Ville. Est-ce que les prochains titres d'Accès auront autant de mordand?
@ anonyme
Je dirais que oui!
C'est malheureusement souvent le cas pour tous les médias dans les "petits" milieux (lire "milieux où il y a peu de gens"). Il faut toujours faire attention aux critiques, car on peut froisser un commanditaire ou l'un de ses proches.
Ça m'est arrivé il y a plusieurs années, à un moment où je faisais de la pige pour un journal. Je me souviens que la première consigne de mon patron a été : écris un texte "léger" afin de ne pas déplaire à personne. Ce fut un dur coup à mon "objectivité" journalistique. :-)
M. Asselin, vos arguments sont peu convaincants car nous savons très bien que le JDPH n'est pas le seul endroit dans la région pour des services d'infographie et d'imprimerie.
Je ne crois pas que l'objectif de la ville était d'encourager l'économie locale car comment expliquer que pour la RollandGate ils ont choisi 2 compagnies (CITEC et SciParc) de Montréal pour gérer 5 clients ?
La crise qu'a provoqué l'envoi des mises en demeures semble avoir ammené une autre firme de Montréal Octane-Stratégie..., etc...
Je crois beaucoup plus à la théorie de M. Bérard, il est apparait être évident que le JDPH est très proche de l'équipe Cardinal.
Vous dites jamais n'avoir été gêné de dénoncer une situation et bien je vous offre une chance dans le dossier de la Rollandgate, j'ai un "scoop" pour vous !
Contactez-moi !
Malheureusement je ne fait que suivre à distance et à peu de temps les dossiers mentionnés. Cependant, ayant une partie de mes occupations professionnelles dans le milieu des médias, certains commentaires et comportements rapportés font sonner la cloche d'alarme "éthique journalistique" en moi... De plus, et sans nécessairement vouloir mettre de l'huile sur le feu, la phrase suivante de M. Asselin :"Pour ce qui est de La Croisée, la ville de Sainte-Adèle a payé pour obtenir les services d'infographie et d'imprimerie du JPDH et a ainsi encouragé une entreprise locale qui a pignon sur rue sur son territoire." n'exclut pas la possibilité des pots-de-vin (je ne fais que signaler une logique défaillante et non accuser qu'il y ai des pots-de-vin).
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