Une amie, col bleu de son métier et horticultrice passionnée, m'a demandé d'utiliser cette tribune pour relater un événement qu'une de ses collègues a vécu dans l'exercice de ses fonctions pour une importante ville.
Au travail, il arrive dans la vie des moments où l’on remet en question le bien-fondé d’une requête de son patron. Dois-je abattre des arbres sains dans un parc renommé parce que quelques citoyens sont temporairement incommodés chaque été par les «moumousses» de peupliers? Hon! Encore un exemple d’intolérance envers la nature pourtant convoitée.
- «Je veux voir vert, mais je ne veux pas que ça vive!»
- «Je veux voir des arbres, mais je ne veux surtout pas des fruits de leurs entrailles!»
- «Je veux vivre devant un parc, mais je me «câlisse» de faire disparaître une source de nourriture pour les oiseaux et les petits mammifères… Et je serai en «crisse» lorsqu’ils s’amèneront dans ma cour pour voler mes beaux tournesols!»
- «Que nos abeilles n’aient jamais autant eu besoin de la résine des peupliers (propolis) pour protéger leurs ruches des maladies ne me concerne pas!»
- «Et de savoir que je pourrais bénéficier de l’usage de leurs bourgeons pour me soigner m’importe peu, tout comme d’entendre le chant de leurs feuilles.»
Ce que je veux, moi l’humain, c’est d’avoir un terrain PROPRE, tout en jouissant de la vue du parc! ÇA me coûte assez cher de taxes…
Oui, ma consœur aurait «pu plier» devant l’insistance du patron, qui lui-même subit l’insistance des résidants qui ONT TOUT DE MêME CHOISI DE VIVRE EN FACE DU PARC! A-t-elle raison de prendre parti pour le respect de la vie, même et malgré l’abondance des «moumousses» pendant quinze jours en juin? On a préféré entacher son dossier d’une réprimande écrite pour avoir refusé d’abattre de gros arbres sains. Quant aux «moumousses», elles ont toujours été prétextes à éduquer et sensibiliser les citadins. Ainsi, il n’y a pas que les petits pissenlits, les asclépiades et les épilobes qui entourent leurs semences de poils légers et gracieux. Il y a des arbres aussi qui font ça! On appelle ça l’anémochorie; joli mot pour décrire la dissémination des semences au gré des vents. De la pure poésie sexuelle! Dommage que ces voisins ne soient pas «anémochoriques»; on pourrait alors leur dire de s’envoler légèrement vivre ailleurs… Quant aux peupliers en question, ils seront certainement tombés au moment où vous lirez ces lignes… il y en a de plus dociles qui auront su couper «les chanteurs de l’arboretum.»
Col bleu mortifié
«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»
— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism
01 novembre 2007
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
12 commentaires:
Cette histoire me rappelle un voisin un peu fêlé, qui sortait précipitamment de la maison, chaque fois que des oiseaux se posaient sur les branches de son arbre, afin de faire fuir les volatiles. Le cinglé secouait l'arbre en hurlant! Les oiseaux fuyaient et l'homme retournait se cacher et recommençait son manège plusieurs fois par jour.
J'aurais probablement refusé, moi aussi, d'abattre des arbres matures et sains pour la simple raison que leurs semences perturbent quelques citoyens aseptisés.
Elle a refusé de faire le bouleau...
C'est une pratique courante. Les gens de la ville veulent vivre à la campagne mais ils veulent transformet la campagne en ville!
Ils veulent des condos à la place de maisonnettes, des centres d'achats à la place des épiciers du coin, des relents de gaz d'échappements à la place de l'odeur des vaches et des cochons.
Et les élus quels qu'ils soient et d'où qu'ils soient se laissent convaincre que c'est économiquement bien.
Et nous, les résidants on les laise faire, moi le premier.
Jean-Pierre St-Germain
Situation dégueulasse mais qui ne me surprend pas.
L'humain ne peut se résigner à "laisser la nature tranquille". Puis, lorsqu'on s'aperçoit des impacts des gestes posés, il est trop tard.
Prends l'exemple de la prolifération des cyanobactéries... Ouin... Une belle pelouse exempte de pissenlits qui s'étire jusqu'à la berge où l'on bâtit des murets "propres propres" avec des belles boîtes à fleurs généreusement arrosées d'engrais de synthèse, etc...
C'est vraiment navrant de voir autant d'insouciance... À force de vouloir tout contrôler, on finit par foutre un gigantesque bordel.
J'ai beaucoup d'admiration pour cette personne qui a refusé de couper des arbres sains. Si davantage de gens "osaient"...
JP
Elle a bien fait de refuser, des fois il faut s'opposer à certaines choses.
Peut-être aurait-elle mieux fait de quitter son emploi mais je crois que dans certains cas il faut refuser.
Surtout si cela va à l'encontre de ses principes
il est vrai que les peupliers génèrent beaucoup de pollen et que oui les gens ont beaucoup d'allergies a ceux ci,dans les régions agricoles ont plante souvent des peupliers entre les champs,,,parce que ces arbres poussent vite et aide a protéger les champs contre l'érosion causé par le vents,de la a couper les arbres parce qu'il produise de la tite moumousse et bien je ne suis pas d'accord,mais je trouve que les ville quand il plantes des arbres ils ne pense jamais a prendre en considérations les espèces indigènes,,il n'y a pas de rêglements a ce sujet,il a été aussi prouvé que le moin qu'on est exposé au pollen le plus on peut dévelloper des allergies!plus c'est propre plus on est malade!
Le dernier commentaire d"Annonyme" laisse presque entamer une réflexion sur "nos" visions de la "propreté", de la "beauté", des aménagements, etc.
Oui, envisager des espèces indigènes est une alternative à certainement explorer.
Ceci étant, je maintiens que la "non-information" d'une grande partie de la population (et j'inclus ici élus et décideurs) est responsable de tels faits.
Tu vois, ici j'ai payé (et ce n'est pas terminé) un ingénieur forestier spécialiste en revitalisation des berges pour "juste" déterminer les essences que je planterai le printemps prochain... Ouin... Et je suis un simple citoyen.
On s'est donné la peine de tout regarder autour, sur les rives encore relativement "sereines" de nature. Et nos choix se sont portés vers des espèces compatibles (et/ou semblables) bien que pas nécessairement indigènes en tant que telles.
Pourquoi ais-je cette préoccupation? Parce que j'ai juste le goût de (faire ma petite part pour) redonner sa place à la nature. Et cette réflexion peut s'étendre longtemps.
pourquoi ne pas planter sur vos berges,,des rosiers sauvages(indigènes) ou bien des framboisiers oui oui indigènes!!!et les abeilles et oiseaux aiment ca,et sa se mange en plus!et en même temps vous atteignez votre but ,,protéger la flore mais aussi la faune!
Afin d'apporter un peu plus de précision sur les peupliers, disons que l'aménagement du parc en question, s'est fait autour des végétaux déjà naturellement en place. A l'origine, on avait l'idée de conserver le cachet naturel en mariant des variétés horticoles en pourtour des variétés `"indigènes". Et oui, faudrait revoir notre vision de la propreté en y intégrant la pensée conséquente. Comme pour les détergents et autres...
Excusez-moi de revenir à la charge mais l'opération d'abattage des peupliers, est sencée se poursuivre dès la semaine du 12! Que voulez-vous, il n'y en avait pas encore assez d'éliminés, dans
ce lieu supposément protégé, ce lieu de CONSERVATION et D'EDUCATION! Par le biais d'un Code de l'Arbre,on interdit pourtant aux citoyens de couper leurs arbres sans raisons majeures. Que d'incohérence dans la politique municipale! Quelle tristesse...Et oui, j'abonde dans le même sens qu'Esperanza. Les gens ont besoin d'être informés. Et je remercie Anonyme pour ses commentaires sur les allergies. Je rajouterai que si nous cessions de bouffer de la cochonnerie artificielle, et de respirer de la pollution à plein nez, le corps serait sans doute moins fragilisé face aux "stress naturels". Dans ce cas-ci, si une personne se serait plainte d'allergie, il aurait fallu qu'elle prenne en considération la proximité d'une autoroute avant de s'en prendre qu'aux arbres du parc! Merci à tous...je transmettrai vos commentaires à ma collègue. Elle m'avoua qu'elle ne pouvait tout simplement pas faire face à sa conscience que de commettre un tel geste.
Je pense que l'on commence par couper des arbres dans un parc , pour y planter une espèce sauvage du nom de ...condo .
En réponse au dernier commentaire d'Anonyme: Dans le cas qui nous concerne, le seul lien avec "condo" est le mot CONDOLEANCES pour les arbres de l'arboretum! Heureusement, ce parc, qui figure au répertoire des Grands Jardins du Québec, est protégé des promoteurs. Malheureusement, il ne l'est pas des caprices et de l'inconscience des citadins.
Publier un commentaire