«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

14 décembre 2007

Le cadeau de Noël de Réjean Tremblay

Je reproduis ici un commentaire de Réjean Tremblay, journaliste à la Presse, adressé à Josée Pilote, l’une des éditrices du journal Accès. Lorsque j’ai choisi d’écrire dans l’Accès, il y a maintenant un peu plus d’un an, c’était en gros pour les raisons évoquées par le journaliste de la Presse. La pratique du vrai journalisme en région n’est pas une mince affaire. Lorsque vous tâter au journaliste d’enquête, ça devient parfois carrément périlleux. Pour peu qu’il s’éloigne du journalisme de communiqué, le journaliste en région se heurte rapidement aux effets pervers de la consanguinité politique, aux échanges de bons procédés et des «You Scratch My Back, I'll Scratch Yours.» En région, tout le monde il doit être beau, tout le monde il doit être gentil. On pratique la cécité volontaire au détriment de la vérité et de la démocratie la plus élémentaire. Les firmes d’avocats ont la main mise sur beaucoup d’administrations municipales, les firmes de relations publiques se goinfrent dans les fonds publics afin de maintenir en poste des politiciens inaptes — et parfois ineptes — au pouvoir. Les exemples abondent.

Alors, lorsque l’on reçoit des compliments de l’extérieur, ça fait chaud au cœur, je dois l’avouer.

« Bonjour Madame Pilote, Réjean Tremblay journaliste à la Presse et citoyen de Sainte-Adèle. Je lis votre journal depuis maintenant près de deux ans, et je tenais à vous dire personnellement que je ne suis pas certain que les gens savent reconnaître un vrai journal et s’ils ont la moindre petite idée du travail journalistique qui se fait dans l’Accès. Je dois dire que j’ai moi-même commencé en région et je sais combien il est difficile d’avoir à peu près tous les notables de la région qui veulent vous voir «sortir de la place» pour avoir enfin la paix. Je vous lis avec plaisir et avec un très grand intérêt. J’ai beaucoup d’admiration pour ce que vous faites… C’est tout.»

En ce qui me concerne, c’est le genre de commentaire qui me donne envie de persévérer.

Merci M Tremblay !

14 commentaires:

Guy Vandal a dit...

Je ne te commente pas souvent, mais je lis tous les textes que tu publies. Je ne connais pas le journal Accès, mais je sais que tu y bosses.

Je suis vraiment estomaqué par le journaliste que tu es. Je te trouve très, très courageux. C'est clair que de cette race, vous n'êtes pas nombreux. Mais vous êtes des exemples à suivre !!!

Anonyme a dit...

Comme le dirait un prisonnier « Bravo
on récidive». Pratiquer le journalisme en région c'est du sport, mais y demeurer en plus cela devient un sport extrême...Maintenant, je cours les dépôts de journaux pour lire Accès au plus vite chaque semaine. Merci à la gang!

Anonyme a dit...

Premier commentaire d'un lecteur et du blog et du journal en question: bravo M. Berard, nous attendons encore plusieurs miracles de votre part! Joyeux Noel!

André Bérard a dit...

@ Guy Vandal

Connaissant ta perception des journalistes, ton commentaire prend un sens particulier pour moi.

@ Le prisonnier et Kaiser

Côtoyer quotidiennement ceux et celles qui font l'objet de vos articles exige en effet une bonne dose de témérité. Pour y arriver, chaque fois que je termine un article pour le journal ou un billet pour ce blogue, je me pose la question suivante: pourrais-je tenir le même propos en face des personnes concernées? La réponse doit invariablement être oui.

Merci pour vos commentaires

Anonyme a dit...

Voici un texte que je ferai parvenir a Accès en leur demandant de le publier.

TOUT UN CADEAU M. TREMBLAY

M. Réjean Tremblay dit avoir beaucoup d’admiration pour ce que fait le journal Accès. Peut-être qu’il n’a pas remarqué la tendance lourde de ce journal à livrer seulement une partie des informations, soit celle qui nourrit la cause que ce journal a épousée depuis l’automne 2006. Je vous donne un seul exemple parmi les nombreux écarts observés.

Le 7 décembre, Accès nous informe que son rédacteur en chef s’est fait mettre à la porte par l’avocat de la ville de Ste-Adèle, de la salle où se tenait un interrogatoire dans la cause opposant le citoyen Marc Lupien à la Municipalité de Ste-Adèle. Ce que le journal a omis de nous dire, c’est qu’il s’agissait d’un interrogatoire au préalable qui se tient dans une petite pièce en présence des parties, des avocats et d’un sténographe. Le journal ne nous a pas dit non plus que ce genre d’interrogatoire est soumis à une obligation de confidentialité tant que la partie qui interroge n’a pas déposé en cour le cahier de la transcription.

Je vous cite le résumé de la décision de la cour suprême du 13/09/2001 qui a édicté ce principe.
“ Malgré son importance fondamentale dans une démocratie moderne, le droit d’accès des médias à l’information doit se concilier avec le droit au respect de la vie privée. Puisque l’interrogatoire au préalable ne constitue pas une audience des tribunaux (…) aucun impératif de transparence du système judiciaire ne justifie la sortie de cette information du domaine de la vie privée pour la rendre accessible au public et aux médias.”

Puisque le rédacteur en chef du journal nous a dit avoir été avocat dans sa première vie, il connaît très bien cette information, mais ne la livre pas aux lecteurs. Il sait également que la requête que veut présenter le supposé “comité de citoyens” afin que ces interrogatoires soient publics est vouée à l’échec et ne servira qu’à faire un show médiatique aux frais des citoyens de Ste-Adèle. Cela non plus il ne l’explique pas aux lecteurs et préfère dénoncer le coût engendré pour la ville par les poursuites judiciaires.

Et pendant ce temps M. Réjean Tremblay pense que les habitants de notre région sont trop habitants pour savoir reconnaître un vrai journal. Bravo M. Tremblay.

Doris Poirier

André Bérard a dit...

@ Mme Doris (Poirier ?)

Je n'ai pas l'intention de parler au nom du rédacteur en chef du journal Accès. Je sais seulement que selon ce qu'il m'a dit, durant les interrogatoires précédents, un juge aurait permis la présence des médias à condition qu'ils ne gênent pas le processus. La logique permettait de conclure que le principe s'appliquait également aux interrogatoires auxquels vous faites allusion. D'autres journalistes qui «épousent» la cause ont tenté d'assister aux interrogatoires, sans plus de succès, notamment Christian Asselin, du journal des Pays-d'en-Haut. La référence à la cour suprême stipule seulement qu’il n’y a pas «d’impératif» de transparence. J’en conclus donc que c’est une question de bonne foi, de transparence? Cette même transparence dont se réclame la mairesse suppléante et qui a fait l’objet d’un dépliant dans lequel elle invitait les citoyens à mieux s’informer et même à se présenter au Palais de justice?

J'aimerais bien connaître l'avis des autres avocats qui lisent ce blogue sur ce que vous avancez.

En ce qui me concerne, je trouve que vous y allez un peu fort en laissant planer des allégations vagues quant au manque de rigueur du journal. Si vous avez des faits précis, présentez-les, sinon abstenez-vous. Les «nombreux écarts observés» relèvent d'une analyse biaisée de votre part, j'en ai bien peur. Facile de se référer à de supposés faits, sans les mentionner.

Votre «antilupienisme» est de notoriété publique, madame Doris. C'est votre droit de l'exprimer. Tenter de trouver des failles dans le travail d'un journal qui souhaite simplement mieux informer les citoyens en présentant les deux côtés de la clôture, sans prise de position, est une manœuvre vaine qui ne vous honore pas. Je m'étonne de votre manque de curiosité concernant la version de la partie adverse dans ce dossier. Auriez-vous peur de découvrir les errances de certains de vos précieux élus?

En fait, vous illustrez parfaitement les propos de M. Tremblay. Votre idée est faite, et vous méprisez toute tentative qui pourrait éventuellement la remettre en question.

Bienvenue à Sainte-Adèle

Anonyme a dit...

Doris,

Merci de nourrir l’actuel débat, et de le faire avec qualité.

Les procédures judiciaires auxquelles vous faites références ici sont à ce point publicisées, autant dans les journaux locaux que nationaux, que le débat est devenu un débat public.

En effet, la mairesse par interim de Sainte-Adèle, Marlène Houle, a fait distribuer dernièrement à chaque citoyen un dépliant intitulé « Message de votre Municipalité » sur lequel la ville fait mention des litiges judiciaires de la croix et du sommet bleu (voir aussi le communiqué de presse remis aux médias à cette occasion).

À la lecture du dépliant, on constate que la mairesse invite les citoyens à s’informer du dossier et que les dossiers sont publics : « La Ville de Sainte-Adèle appuie les citoyens et citoyennes qui voudront s’informer sérieusement de ces dossiers très complexes. Pour ce faire, les dossiers judiciaires sont publics et peuvent être consultés au palais de justice » (je souligne).

J’ai eu entre les mains, en lien avec le dossier dont nous parlons, un jugement de l’Honorable Jean-François de Grandpré, juge de la Cour Supérieure, rendu le 22 juin 200, jugement rejetant les objections des procureurs de la demanderesse et permettant la présence d’un citoyen, en l’occurrence l’intervenant Lessard et des journalistes aux interrogatoires, en raison de la publicité des procédures, sujet au respect des règles de procédure et d’éthique.

Or, malgré qu’il y ait chose jugée vu ledit jugement, malgré l’invitation de la mairesse dans son dépliant et l’aveu qui y est contenu à l’effet que le dossier est public, les procureurs de la demanderesse refusent de donner accès aux interrogatoires hors cour… alors que les procureurs des défenderesses consentent à la présence de l’intervenant, Béranger Lessard, et des médias!

De plus, les procureurs de la demanderesse consentent à ce que soit présent à tous les interrogatoires et toutes autres étapes du débat judiciaire Me Pierre Paquin, du cabinet Dunton Rainville, procureur de l’ancien maire de Sainte-Adèle, monsieur Jean-Paul Cardinal mais refuse l’accès aux intervenants…

Enfin, contrairement à ce que vous annoncez, de nombreuses jurisprudences + récentes que celle de CSC à laquelle vous référez, sont en train de «refaire» l’interprétation du droit d’accès du public aux interrogatoires préalables, notant que ceux-ci font «partie intégrante du processus judiciaire» et qu’en conséquent ils se doivent d’être publics (affaires Mulroney et Southam (The Gazette), CA)…

RAPPELLEZ-VOUS, DORIS, DE VOUS MÉFIER DE LA «PROCÉDURITE» ET DES «AVOCAILLERIES» QUI NUISENT TANT ET FINISSENT PAR RÉCHAUFFER «LA FINE COUCHE DE GLACE» SUR LAQUELLE PATINENT NOS DÉMOCRATIES… ET DE VOUS RAPPELER AUSSI DE CE PRINCIPE SACRÉ DE NOS SOCIÉTÉS DE PRIMAUTÉ DU DROIT DANS L’INTERPRÉTATION DE NOS LÉGISLATIONS : L’ESPRIT PLUTÔT QUE LA LETTRE…

:-)

- E.-Ol. D.

Anonyme a dit...

Mme Doris vous défendez l'indéfendable. N'avez-vous pas félicité Cardinal, Mongeau et le reste du troupeau pour tenir tête à ceux qui, selon vous, causent du tort à notre municipalité ?

Sachez Doris, que votre étroitesse d'esprit et votre champ de vision restreint vous empêche de voir le réel débat.

M. Lupien est un gagnant, quelqu'un qui a réussi et qui continue de réussir. C'est ce genre de personne que certains Adélois comme vous ne veulent pas.

Cette personne est uniquement coupable d'avoir réussi dans la vie et réussi à se défendre contre les abus de pouvoir d'une administration municipale corrompus.

Ne me faites pas chier avec les lumières de la croix, le droit de passage pour le bassin d'eau ou la protection des sommets.

Au Québec et surtout en région, il faut niveler vers le bas. Cette mentalité, je ne suis plus capable.

Pierrot a dit...

Vous qui êtes si compétents et si connaissants en droit pourriez-vous m'expliquer à quoi ça sert ces fameux interrogatoires?
J'ai l'impression que ça sert surtout à engraisser davantage les avocats, à enrager les journalistes et à mêler les culs terrreux de mon espèce!

Jean-Pierre St-Germain

Anonyme a dit...

Pour simplifier les choses, ce genre de procédure peut se comparer à une partie de pêche... Enfin, surtout pour juger de la teneur d'une preuve et de sa qualité.
Cette procédure permet une meilleure préparation du procès en connaissant les réponses de la partie adverse à certaines questions. C'est souvent ce qui permet d'obtenir un règlement à l'amiable si une partie juge qu'elle aura l'air «trop cave» au procès»...Donc, ce qui permet souvent d'économiser des $$$.

Mme Doris croit peut-être qu'un journal doit se transformer en professeur de droit et expliquer une procédure civile à ses lecteurs avant de rapporter un fait? Je n'aurais pas le courage de lire un tel journal.

A mon avis,le point important de cette affaire n'était pas la procédure mais l'expulsion par l'avocat de la ville. En effet, cette municipalité a clairement fait part de son intention d'appuyer les gens qui voulaient en savoir plus sur ce dossier en se rendant à la Cour.

Donc, la municipalité qui est la cliente dans ce dossier, aurait dû transmettre des instructions claires à son avocat à ce sujet. A défaut, Le fameux dépliant aurait dû faire mention de l'exclusion des journalistes!

Une telle attitude équivaut a envoyer une invitation à un brunch, pour ensuite refuser un invité en prétextant qu'il a trop faim!

Zoreilles a dit...

Que c'est complexe parfois, l'administration publique, la politique municipale en général et... le journalisme sérieux. J'ignore comment vous faites mais continuez à le faire, on voit que c'est éminemment nécessaire.

J'apprends toujours beaucoup à venir lire ce qu'on trouve sur votre blogue mais surtout, je tenais à renchérir sur les propos tenus par Monsieur Réjean Tremblay.

Il a su tout dire en quelques mots.

Pierrot a dit...

C'est bien ce que je pensais, une autre occasion pour les avocats et le juges de s'engraisser et prolonger des conflits qui pourraient se régler en face à face avec de la bonne volonté et un peu d'humilité!

Jean-Pierre St-Germain

Anonyme a dit...

Vrai. Par ailleurs, L'appareil de justice ne court pas après les gens qui se battent...c'est plutôt le contraire. La justice est une belle machine qui ne mange que ce que les parties veulent bien lui donner... pour engraisser ou suivre un régime, selon la bonne volonté des parties comme vous le dites si bien.

Toutefois si la bonne volonté était
une qualité très répandue, nous ne retrouverions pas des milliers d'avocats, de notaires , de psychologues, de travailleurs sociaux,de médecins, de curés etc. Il y a une phrase célèbre à Noël qui dit «Paix aux hommes de bonne volonté»...Pas trop parce que je n'aurai plus de job!

En passant, j'aimerais bien en savoir un peu plus sur ce que les habitués de ce blog feront durant les Fêtes...Allez chialeux et chialeuses un petit morceau de votre vie pourrait égayer la nôtre. Nous pourrions peut-être ainsi découvrir des lieux secrets dans notre région.

Les thérapeutes sont généralement en vacances durant les Fêtes. Si votre vécu est à l'abandon...Bien sûr avec la permission du maître du LOFT...oups! du BLOG.

André Bérard a dit...

@ Curieuse

Excellente suggestion! J'en ferai bientôt un billet.