«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

07 décembre 2007

Solide, vous avez bien dit solide?

«Quatre élus «solides» à Sainte-Adèle» titre le journaliste Henri Prévost dans l’un de ses articles publiés dans l’Écho du Nord édition du 5 décembre.

Remarquez l’utilisation des guillemets qui encadrent l’adjectif «solide», le nouveau leitmotiv de la mairesse suppléante de Sainte-Adèle, Marlène Houle. La grammaire municipale adéloise propose une révision en profondeur des règles générales de l’accord de l’adjectif avec le mot qu’il qualifie. Solide : qui est fait pour durer, qui est difficile à défaire. En politique, on utilise généralement l’épithète contraire à la réalité observable. Le manque évident de contenu dans le discours de cette mairesse non élue doit être habillé par ces qualificatifs visant à attirer notre attention ailleurs. En vain. Lors de la prochaine séance du conseil, observez la «solidité» de la mairesse lorsqu’on lui pose une question de fond. Elle se tourne alors vers le greffier, qui le plus souvent lui répond : « non, Madame la Mairesse, je n’ai rien à ajouter. » Posez ensuite une question au conseiller Latour, vous constaterez là aussi la solidité qui caractérise le mortier politique adélois. Plus qu’un simple mot, la solidité se mesure aux résultats, aux prises de décisions éclairées et au leadership d'une équipe. Quand un tiers doit répondre aux questions pour vous, votre solidité est alors obtenue par procuration.

Dans le même article, la mairesse se lance dans une profonde analyse de la crise adéloise (qui selon elle n’existe pas), en affirmant que les récentes démissions sont «saines», comme le souligne l’article:« ces personnes étaient démotivées et ne voulaient plus travailler dans une cadre rationnel qu’exige l’administration d’une ville.»

Quand je lis entre les lignes, ça donne plutôt ceci : enfin, ils sont partis! J’aurai maintenant les coudées franches dans le dossier du financement de la chambre de commerce et de la commercialisation de l’Îlot Grignon. Je pourrais maintenant faire mon one woman show, attitude que je dénonçais récemment dans ma lettre de démission du parti. Ça fait du bien d’être libéré des idées dissidentes, de l’opposition et du débat. Maudit qu’on va avoir du fun!

Pour la bonne santé de la démocratie municipale, il devient urgent que les citoyens se présentent aux séances du conseil avec des questions de fond, histoire de mesurer la solidité dont on se réclame à l’Hôtel de Ville.

La «solidité» de cette machine n'est-elle pas attribuable aux diverses firmes qui la maintiennent artificiellement en vie. Claude Cousineau, député de Bertrand, est à mon avis le seul politicien qui ose commenter de façon lucide les misères de cette administration. Pour le reste, on se contente de frapper dans le vide, au hasard, espérant frapper la piñata et récupérer les sucreries cachées à l’intérieur.

La mairesse suppléante s’est-elle laissé séduire par une machine qui la dépasse et dont les engrenages finiront par la broyer? La question se pose.

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