«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

29 août 2008

Musée Zénon Alary: de guenilles et de bois

Il y a de ces personnes qui, en silence, discrètement, loin des regards, réalisent de remarquables choses. Il arrive souvent que leurs histoires soient une source d’inspiration. Simone Constantineau, directrice du Musée Zénon Alary, est l’une de ses personnes. Une frêle silhouette de dame de 86 ans, couronnée d’une auréole de cheveux blancs qui encadrent un visage souriant et engageant. Étonnamment alerte, les yeux de cette octogénaire brillent d’un étrange feu dès que vous abordez avec elle le sujet de sa passion: le sculpteur animalier adélois: Zénon Alary.

Dans les années 60, Simone Constantineau ignorait tout des musées. Voisins du sculpteur, elle et son conjoint s’appliquaient à rendre de menus services à l’artiste solitaire qui passait le plus clair de son temps dans son atelier, absorbé par son travail: «Je préparais ses repas, nous tondions sa pelouse, etc. Nous l’invitions parfois à souper. Sitôt le repas terminé, il regagnait son atelier». Un homme de peu de mots, timide, un homme de toutes les fragilités, peut-on lire dans l’un des rares ouvrages consacrés au sculpteur. Fasciné par le travail de l’artiste, Simone Constantineau considérait important de conserver ses sculptures à Mont-Rolland: «Je lui avais dit un peu avant sa mort: ne vendez plus vos œuvres, un jour il y aura un musée», se souvient Simone Constantineau. «À l’époque, je ne savais que ce serait moi qui m’embarquerais dans cette aventure!», lance-t-elle en riant.

Après la mort du sculpteur, en 1974, Simone Constantineau, tel un capitaine sans équipage, entreprend la longue traversée des écueils qui se dressent entre elle et son projet de musée: «Au début, personne ne voulait y croire. J’ai d’abord placé mes propres sculptures à la Caisse populaire de Mont-Rolland. Ensuite, au centre communautaire et au presbytère ». Autour de 2000, elle s’installe dans un local situé dans l’ancienne école des garçons de Mont-Rolland, qui par la suite a fait office d’Hôtel de Ville. En 2003, La Ville cède la bâtisse à Simone Constantineau, lui permettant ainsi de jeter l’ancre et de concrétiser son projet. Le Musée survit grâce aux revenus générés par le marché aux puces situé dans un local adjacent. Les familles adéloises peuvent s’y procurer des vêtements à bon marché: «C’est la guenille qui fait marcher le musée», s’amuse à dire la directrice. Le musée tire également des revenus de la location de salles pour des événements, des mariages, des groupes de discussion, etc.

Armée de sa seule détermination à conserver un patrimoine culturel local, cette dame passionnée est parvenue à constituer une importante collection des œuvres de Zénon Alary. Toutefois, la directrice du musée s’inquiète pour l’avenir, car à ce jour, aucune relève sérieuse ne semble disposée à prendre le relai. D’une façon artisanale et sans ressources, Simone Constantineau a réussi, à l’arraché, à conserver et valoriser un patrimoine adélois. Les inquiétudes de la directrice sont fondées, surtout lorsque l’on se rappelle que la ville de Sainte-Adèle a laissé filer le projet du musée Claude-Henri Grignon qui sera accueilli et soutenu par la Ville de Saint-Jérôme. Simone Constantineau souhaite que cet article éveille l’intérêt de la communauté pour son patrimoine culturel.

Né le 9 octobre 1894 à Saint-Sauveur-des-Monts, Zénon Alary rendra l’âme en 1974 à l’âge de 80 ans. Son goût pour la sculpture se manifestera dès l’enfance. C’est durant les années 30, au lendemain de la Grande Dépression, que Zénon Alary s’installe à Sainte-Adèle, le rendez-vous mondain de l’époque. Il ouvre un atelier sur la rue Morin, près du Sainte-Adèle Lodge. Il s’installera finalement entre l’ancienne route et la route 11 (aujourd’hui la 117), près du pont de Mont-Rolland. Les plus vieux se souviendront de l’orignal grandeur nature qu’il avait sculpté et peint pour ensuite l’installer sur son terrain, près de la route. On dit que l’œuvre était d’un tel réalisme qu’elle attirait de véritables orignaux. Sculpteur animalier et écologiste avant la lettre, Zénon Alary était un amoureux de la nature et de la faune d’ici, comme en témoigne son œuvre. Dans un hommage rédigé par Simone Constantineau et couronné en 1981 par la Société d’Histoire des Pays-d’en-Haut, nous apprenons que Zénon Alary a côtoyé les maitres de l’époque, Elzéar Soucy et Alfred Laliberté, desquels il a beaucoup appris. Simone Constantineau conclut son texte ainsi: «Malgré tant de douceur et de calme, il lui fallait une force de caractère indéfectible pour continuer, dans cette période où sculpter était synonyme d’oisiveté. Il a persévéré, gravissant à petits pas ce chemin tortueux qui mène à la gloire. Car le talent ne suffit pas, l’art exige bien davantage, il faut lui consacrer toute une vie. Il y avait entre nous une tendresse simple, une tendresse d’habitude sans soupçon.»

Le Musée Zénon Alary est situé au 1425 rue Grégoire à Sainte-Adèle. Ouvert les week-ends de 13h à 16h et en semaine sur rendez-vous: 450 229-2674.

Publié dans l’Accès, édition du 29 août 2008
Texte et photos: André Bérard

24 août 2008

La tache verte

Depuis le début de l’été, la maison où j’habite — ainsi que celles situées autour — est aux prises avec un véritable phénomène qui se manifeste par l’apparition de taches vertes sur les déclins, les antennes, les poubelles, les bacs à recyclage, les plantes, les fleurs, etc. Ces taches sont le fait d’un «peintre» embauché par un propriétaire économe et qui, depuis plusieurs semaines, nous prouve qu’il existe un virus du nul occidental. Ce badigeonneur, sorti tout droit d’une boite de Cracker Jack, manie le pinceau comme un primate. Il est parfois accompagné d’une amie, barbouilleuse de son état, qui elle, est atteinte de la grippe à bière — si l’on en juge par les bouteilles vides trouvées ici et là, abandonnées par cette artiste qui donne tout son sens à l’expression «s’emmêler les pinceaux.»

Notre tandem de peinturlureux connait de toute évidence les «coulisses du métier», surtout les vertes, comme celles que l’on retrouve un peu partout. Appliquant les hauts principes de la simplicité volontaire, le taouin travaille léger et puise dans votre propre matériel pour effectuer ses tâches et ses taches: boyau d’arrosage, balai, manche, etc.

Le tâcheron, qui tire son salaire d’un malhonnête travail, possède bien quelques notions. Il sait qu’avec un marteau, on peut frapper, qu’un rouleau sert à rouler et un pinceau à dégouliner. Doté d’un mandat clair du propriétaire où il est stipulé de faire simple et de ne pas s’attarder sur les détails, notre génie du pinceau ne s’encombre donc pas de gratter la peinture écaillée avant de badigeonner avec débordement. Son étonnant sens des priorités l’amène à peinturer la première marche d’un escalier qui en compte deux le lundi et de peinturer la deuxième marche le vendredi. Ayant un sens inné du temps qu’il fera, notre peintre en balbutiement a le don de se pointer juste avant l’orage. Résultat: une peinture de style lavis qui laisse voir toute la richesse du bois usé.

Prisonnier d’une boucle sans fin, il tache le blanc en appliquant le vert et tache le vert en appliquant le blanc. Cet ersatz de peintre tâte également de la menuiserie, et ce, en dépit des notions plus complexes associées à la manipulation d’outils électriques, de rallonges et de prises électriques. Ainsi, il échafaude des méthodes inutilement complexes pour brancher ses outils électriques dans une prise se trouvant à 60 pieds du lieu où il sévit, alors qu’il en existe une à seulement quelques pieds de lui. Véritable caméléon, il prend la couleur de la peinture qu’il applique, ce qui fait de lui un personnage très coloré.

De ma vie, jamais je n’ai observé un tel étalage d’incompétence, de crétinisme et d’ânerie chez un seul individu. L’excuse du propriétaire pour avoir embauché cette plaie: «Nous sommes dans les Laurentides, faut pas s’attendre à plus.»

Depuis quelques jours, pas de manifestation de la chose, dont la «carte de peintre» porte la mention «deux de pique». Le calme est enfin revenu sur notre petit bout de rue. Il ne reste plus qu’à faire l’inventaire des dégâts.


Toutes les photos présentent le travail final du «peintre»

13 août 2008

Fermeture des pentes 40-80 [prise 2]

Dans la foulée du précédent billet, je publie, avec la permission du journal Accès, le commentaire d'un Adélois de 74 ans qui a fait parvenir une lettre manuscrite aux bureaux du journal. Certains dossiers suscitent plus de réactions que d'autres. Celui de la fermeture des pentes 40-80 est de toute évidence un de ceux-là et semble jouer sur une des cordes sensibles des Adélois. 

«MONSIEUR LE MAIRE, VILLE DE SAINTE-ADÈLE
Vous avez réussi votre entrée et laissé personne indifférent en annonçant la fermeture des côtes 40/80 de Sainte-Adèle.
La fabrique aurait annoncé le déboulonnement de la croix ou la fermeture de l’église qu’elle n’aurait pas causé plus de surprise. La raison invoquée? La rentabilité.
Est-ce qu’on s’attend et qu’on exige qu’une plage publique, que des terrains de tennis, qu’un aréna ou une patinoire, qu’un parc municipal, etc., soient rentables?
Les coûts de construction et d’opération font partie des raisons du maintien de tels services, bien sûr. Mais, heureusement, font aussi partie des considérations, le bien-être et le sain développement des jeunes et des moins jeunes, la qualité de vie de la communauté, et dans le cas qui nous concerne, l’histoire des côtes 40/80, qui depuis 70 ans, offrent à Sainte-Adèle et aux touristes le plus beau parc naturel.
Puisque vous parlez de rentabilité, alors pourquoi ne pas fournir à la population un état des revenus et dépenses du centre pour les 20 dernières années? Par la même occasion, vous pourriez peut-être nous expliquer pourquoi les ententes avec la commission scolaire n’ont plus lieu. En plus d’apporter des revenus assurés à la municipalité, ces ententes permettaient aux étudiants d’avoir des classes et jours de plein air dans un décor enchanteur. Mens sana in corpore sano, disaient avec sagesse les Romains. Le développement de la jeunesse et son bonheur ont un prix.
Si Sainte-Adèle fut longtemps chef de file, ce n’est pas le fruit du hasard. Il y a eu des gens dynamiques qui ont cru à Sainte-Adèle, qui ont bâti Sainte-Adèle, soit par des hôtels comme le fameux Chanteclerc, le Ste-Adèle Lodge, etc., soit par des activités sportives ou artistiques comme le prestigieux centre d’art de Pauline Rochon et autres associés, qui permis à Sainte-Adèle de rayonner avec les différents cours (céramique, etc.) et le théâtre. Les premières pièces de Dubé (ex. Zone) furent jouées en plein air, le soir, au pied des côtes 40/80. Quelles belles soirées de découverte pour la jeunesse d’alors, dont je faisais partie. J’oubliais la maison blanche et la famille Marin, instigatrice du premier “rope tow” aux dites pentes.
Si le seul critère retenu pour conserver ou fermer les côtes 40/80 est la rentabilité, alors pourquoi pas un marché aux puces dans le magnifique parc de la famille, il deviendrait ainsi sûrement rentable?
Soyons sérieux. Avant de fermer les côtes 40/80 pour cause de non-rentabilité, des réponses devraient être fournies à la population, qui ainsi éclairée, devrait être consultée par référendum.»
- Un natif de Sainte-Adèle de 74 ans
 Vous pourrez lire ce commentaire dans l'édition du journal Accès du 15 août prochain.

12 août 2008

Fermeture des pentes 40-80

Suite à la publication dans l’Accès de mon article portant sur la fermeture des pentes 40-80, deux lecteurs du journal ont laissé leur commentaire que je me permets de reproduire intégralement. Le volet patrimoine y est abordé de belle façon et enrichit la réflexion à propos de la décision prise par l’Administration Descoteaux de fermer les pentes.

«Belle promesse électorale, MOsieur le maire. ''Non, je ne serai pas le maire qui fermera les pentes 40.80'' Nous sommes en présence du manque de vision d'une minorité d'élus qui, pour sauver la ville d'une perte insignifiante de quelques 150,000$ par année, tourneront le dos à des revenus touristiques qui excèdent probablement ce montant (sans mentionner un patrimoine irremplaçable).

Tenez-vous le pour dit, 40/80 attirait une bonne quantité de gens de la ville (dont ma famille), et ce seront les restaurants, auberges et motels du coin qui sentiront le plus la perte de ce centre de ski.

Quelle sombre période dans l'histoire de Sainte-Adèle. Dire que ce centre opérait depuis plus de 60 ans, et que ce n'en fut que de quelques semaines pour qu'une nouvelle administration lui ferme ses portes...»

- Pierre Reznor, commentaire mis en ligne le 28 juillet 2008

«Quelle tristesse! Ce centre de ski, un des derniers survivants de la belle époque des Mont-Sauvage, La Marquise, Sun Valley et autres, s'éteindra donc en 2008. Raisons financières? Probablement en effet. Mais s'il y avait eu volonté sérieuse, 40.80 aurait pu continuer à être un tremplin pour de nombreux jeunes skieurs, y ayant moi-même introduit ce sport à mes trois enfants. Site idéal où il est très facile pour les parents de localiser leurs enfants en balayant simplement du regard les pistes. Le chalet en décrépitude? — de toute évidence par absence de volonté de cette même ville qui aurait pu le moderniser il y a longtemps de cela et qui utilise maintenant cet argument pour fermer le tout. Combien de jeunes familles ont délaissé le centre depuis les 10 dernières années ne pouvant que constater cette évidente négligence de la ville? Est-ce que les dirigeants (et résidents) de cette même ville réalisent qu'ils se départissent d'un morceau important de l'histoire du ski des Laurentides? Ces pentes, la 40, la 80, historiquement liées aux pentes du Mont St-Sauveur (la fameuse 70)? N'est-ce pas le ski qui a contribué à l'essor économique de toute la région? Est-ce que les pentes 40.80 financées étaient réellement de la "concurrence déloyale" envers les Mont-Gabriel et Chantecler?? Soyons sérieux... Si un effort y est consacré, la Ville pourrait se doter d'un petit centre ultrafamilial d'où sortiront, à l'âge de la pré-adolescence, des centaines de futurs clients pour les plus gros centres avoisinants.»

 - Michel Kakos, commentaire mis en ligne le 28 juillet 2008

08 août 2008

Motus et bouche foutue

Je jouis, grâce à mes activités de journaliste, d’une position privilégiée de laquelle je peux observer à loisir le jeu des acteurs de la scène adéloise. Je suis en quelque sorte situé au carrefour où se croisent tous les discours, toutes les contradictions, tous les mensonges. Nous assistons actuellement à un grand moment de la comédie adéloise: l’Îlot Grignon. Ce projet à lui seul est un formidable étalon nous permettant de mesurer l’ampleur des dégâts d’un cardinalisme outrageant qui a provoquer l’acculturation adéloise. Faut-il rappeler que la facture actuelle du projet et son insaisissable nature nous les devons à cette inénarrable administration et à quelques-uns de ses sbires qui persistent et signent (toujours) des résolutions à la table du conseil municipal. Situation qui pourrait prendre fin en 2009.

Chaque semaine, je m’applique à ajouter à ma collection les contradictions, les commentaires off record — habituellement les plus pertinents et porteurs d’idées — de la faune politique et économique adéloise à propos de la revitalisation du centre-ville. En toute honnêteté, je n’ai encore recueilli aucun commentaire positif concernant ce projet (à part, bien sûr, ceux émanant des promoteurs). Plus inquiétant encore, certains intervenants de première ligne tiennent en privé un discours diamétralement opposé à celui qu’ils défendent publiquement. Sachez donc que certains défenseurs de l’Îlot Grignon estiment en réalité qu’il s’agit d’un mauvais projet. Étonnant direz-vous? Pas tant que ça, je vous répondrai. C’est le pattern adélois. Celui que j’ai rencontré un nombre incalculable de fois lors de mes échanges avec ces fameux «acteurs» de l’actualité. Peut-on ramollir davantage un consensus déjà mou? Il semble qu’à Sainte-Adèle, la réponse à cette question soit un oui sans équivoque.

Il est là le drame adélois. Pas dans un tellurisme atypique qui ne perturberait que le territoire de la ville. Non, il est dans cette détestable et néanmoins réelle lâcheté, dans ce motus et bouche foutue, dans cette peur irrationnelle de la dissidence. Une ville où tous les «acteurs» sont à ce point prisonniers de leur personnage qu’il devient pratiquement impossible pour eux de se détacher du discours dominant, du scénario écrit, celui qui est encensé publiquement, mais hué en privé. Une ville où objecter rime avec ostraciser. Le projet de l’Îlot Grignon comporte tous les ingrédients qui donnent son arrière-goût à la recette adéloise: un peu de tout, beaucoup de riens. Une manière de nouvelle cuisine mijotée dans le chaudron de l’improvisation.

Attention, on vous parlera de légitimité de gouverner. C’est le nouveau discours:«Nous avons été élus pour prendre des décisions», clame-t-on. Le largage de Fat boy fut aussi le fruit d’une décision. Avec les conséquences que l’on connait. Ainsi, le maire Descoteaux organise de petites rencontres avec des associations de personnes âgées, la fabrique de Sainte-Adèle, le club optimiste, dans le but de présenter différents projets dont celui de l’Îlot Grignon, projet qui officiellement est encore à l’étape conceptuelle. La présidente d’un des groupes de l’âge d’or invité à l’une de ces assemblées de cuisine m’a confirmé qu’on lui a ensuite demandé une lettre d’appui. Être élu pour prendre des décisions consiste-t-il à cautionner les décisions prises par des lettres d’appui soutirées à des groupes de personnes âgées? Un procédé qui soulève de sérieuses questions quant à la volonté de transparence exprimée lors de la campagne électorale. L’Administration Descoteaux tenterait-elle avec ces demandes d’appuis de contrebalancer un mouvement citoyen émergent?

De bonnes idées, il en circule des masses dans cette ville. Seulement, elles ne parviennent que trop rarement à occuper les tribunes qui sont sous l’occupation d’un système qui se nourrit de lui-même et qui est figé dans un immobilisme et un mutisme incurables.

Sainte-Adèle retrouvera sa voix lorsque les langues se délieront. Lorsque le discours off record occupera enfin la place publique. Lorsque la peur de la dissidence sera muselée. Lorsque la petite politique deviendra grande. Car Sainte-Adèle est une foutue belle ville. Une ville de promesses, de paysages et d’histoire, celle qui l’a construite et celle qui reste à écrire.

Éditorial publié dans l'Accès, édition du 8 août 2008

06 août 2008

Chambre à part

Les récentes prises de position de la chambre de commerce de Sainte-Adèle me laissent — une fois de plus — perplexe. Récemment, la directrice de l’organisme plaçait une publicité dans le journal des Pays-d’en-Haut dans laquelle elle félicitait, au nom de l’organisme, le maire Descoteaux pour avoir rallumé la croix de Sainte-Adèle. Même si l’intention est louable, est-il pertinent que la CCSA s’exprime officiellement sur un dossier qui n’a strictement rien à voir avec son mandat?

Lors de la réunion du conseil de la CCSA du 8 juillet dernier, on adoptait la résolution suivante:«Entendu que la relocalisation de la bibliothèque municipale au coin chemin Pierre Péladeau et la rue Sigouin serait bénéfique pour les commerçants et les adélois, que les nouvelles infrastructures suggérées se marieraient convenablement au caractère culturel de la Ville, les membres du c.a. appuient majoritairement et sans réserve le conseil de Ville dans ce projet.»

Dans une autre lettre officielle adressée à la Ville de Sainte-Adèle et signée cette fois de la main de Me Denyse Langelier, présidente du comité de développement des affaires de la CCSA, on peut lire au cinquième paragraphe: «L’implantation de la bibliothèque municipale dans cet Îlot en plus des logements résidentiels, n’aura aucun effet d’attirance sur le tourisme bien nécessaire pour tous les gens d’affaires de notre ville.»

Outre les positions manifestement divergentes au sein même de l’organisme et le fait que l’argumentaire manque de substance, je constate avec étonnement qu’aucune mention n’est faite du commerce qui occupe actuellement l’emplacement de la future bibliothèque : les Moulées du Nord. La propriétaire, qui a récemment fait une sortie publique dans les pages d’Accès, me confirme que la chambre de commerce n’a jamais communiqué avec elle suite à la publication de l’article. La CCSA ne manque-t-elle pas ici une belle occasion de prendre position en faveur d’un de ses membres à qui elle a remis en 2004 un trophée pour le meilleur service à la clientèle?

Plusieurs observateurs ne s’expliquent pas la prise de position de la chambre de commerce en faveur de la construction d’une nouvelle bibliothèque et encore moins son mutisme concernant la menace qui plane sur les Moulées du Nord. Je suis de ceux-là.

L’étrange appétit de la Ville pour le terrain occupé par le commerce à succès soulève également beaucoup de questions. Si un de mes informateurs souhaite me communiquer le nom des promoteurs retenus pour le projet de l’Îlot Grignon, je promets une enquête journalistique en règle sur ce dossier. Les informateurs bénéficieront bien sûr du sceau de la confidentialité.