Les mauvais plis semblent résister au lavage à Sainte-Adèle.
[J'ai publié ce texte dans l'édition du 19 octobre 2007 du journal Accès. C'est une réaction épidermique au boycottage en règle pratiqué par l'Administration de la Ville de Sainte-Adèle dont le journal et moi-même sommes les cibles. Un texte d'opinion. ]
Récemment, la fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) publiait un communiqué qui condamnait certaines pratiques des élus adélois relativement à leur conception inusitée de la transparence avec les médias :
« La FPJQ demande aux élus d’être équitables et transparents dans leurs relations avec les médias d’information. Dans les derniers mois, à Sainte-Adèle, un média n’a pas été invité à une conférence de presse et n’a pu obtenir le communiqué de presse qui en est ressorti. Dans un autre cas, un communiqué a fait l’objet d’une distribution « sélective » quelques jours avant d’être envoyé aux autres médias. La FPJQ Laurentides tient à rappeler aux élus Adellois que de telles pratiques ne sont pas souhaitables dans un contexte démocratique.»La FPJQ Laurentides omet de mentionner que le média exclu par l’Administration adéloise est le journal Accès. Cette semaine, la mairesse remplaçante, Marlène Houle, rechute en distribuant «sélectivement» un communiqué qui annonce que la sécurisation du sommet bleu est complétée. Encore une fois, l’Accès ne figurait pas sur la liste d’envoi. Qu’avons-nous donc fait? Nous n’avons pas levé la main avant de parler? Nous n’avons pas donné la bonne réponse? Nous sommes donc en punition? L’odeur de vendetta est prenante et donne la nausée. Récemment, j’ai tenté de communiquer avec la mairesse afin de recueillir ses commentaires sur un dossier important pour la Ville. Elle ne m’a jamais rappelé. Une semaine plus tôt, c’est le greffier, Michel Rousseau, qui m’a promis un document par courriel. L’homme, qui pourtant n’est pas réputé pour être un inénarrable boutentrain, s’est tout de même permis une petite flèche, lorsque je lui épelais mon adresse courriel :
«Bérard avec un petit b ou un grand b?» m’a-t-il demandé. Devant ma réaction, il s’est justifié :
«désolé, je ne suis pas familier avec l’informatique.» Rousseau, ça prend un petit ou un grand «air»? Un mois plus tard, pas de nouvelle du document. Un problème d’adresse avec l’informatique? Soyons indulgents, c’était probablement le premier envoi de courriel de sa carrière.
La transparence annoncée par le «nouveau conseil indépendant» semble manquer d’un ingrédient essentiel : la transparence. Ce n’est pas en pratiquant cette petite politique revancharde, et avouons-le un peu pubertaire, que ce conseil s’affranchira des «anciennes pratiques qui ne doivent plus avoir cours», comme le soulignait avec conviction l’un des conseillers lors de la première séance du conseil marquant l’ère postcardinale.
Lorsque vous boycottez l’Accès, vous ne faites qu’aiguiser la mine du crayon qui servira à souligner en gras votre hostilité antidémocratique. Vous offensez plus de 50 000 lecteurs, dont bon nombre sont des Adélois. Un certain Mongeau a un jour dit : «le pouvoir, c’est le contrôle de l’information.» Est-ce à ce principe que vous portez allégeance? Croyez-vous sincèrement exercer un empire sur l’information en isolant l’Accès? Membres du conseil, apprenez que tout se sait. Le communiqué que vous tentez de nous dissimuler atterrit invariablement sur nos bureaux pas plus d’une heure après sa diffusion.
Vous souhaitez aller de l’avant en effaçant le passé comme s’il s’agissait d’un tableau magique qu’il suffit de secouer pour retrouver une page vierge. Comme le soulignait avec tellement d’à propos une lectrice de mon blogue :
«C'est bien beau "d'aller de l'avant”, Madame la Mairesse, mais... c'est exactement ce qu'un chauffard complètement ivre se dit lorsqu'il heurte un piéton... Aller de l'avant c'est apporter de l'aide, réparer les dégâts, respecter les victimes et assumer courageusement ses responsabilités. À Sainte-Adèle on engage des avocats pour poursuivre le piéton et on fait un chèque au responsable de l'accident...» Elle ajoute :
«les vrais responsables du chaos actuel ne sont pas ceux qui le dénoncent.» Tenter de faire taire celui qui pose des questions, c’est lui donner raison.
Les élus doivent accorder des entrevues, divulguer des informations et livrer leurs communiqués à TOUS les médias. C’est l’ABC de la démocratie 101. Lorsque vous comprendrez que les médias ne sont pas des agences de relations publiques, vous commencerez alors à aller de l’avant.
Alors, on y va?
[Dernière heure La Ville de Sainte-Adèle assure que le communiqué a bien été expédié par courriel à Accès ce lundi. Malheureusement, nous n'avons aucune trace du document. De plus, la Ville n'a pas télécopié le communiqué, comme elle le fait habituellement. Ça n'explique pas le fait que la mairesse n'ait jamais répondu à mon appel et que le greffier n'a pas donné suite à ma demande. Des explications peu convaincantes, qui arrivent trop tard.]