«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

25 juin 2008

Mots dits

Je vous livre à l’occasion, à petite dose, histoire de faire durer le plaisir, mes «traits d’esprit », que je consigne scrupuleusement dans un petit cahier. En voici quelques-uns ayant pour thème les politiciens.

«Les politiciens craignent les questions des journalistes
alors que c’est de leurs propres réponses qu’ils devraient se méfier.»

«Vous savez qu’un politicien tente de vous embobiner quand son discours est cousu de fil blanc.»

«Lorsque vous lancez des promesses en l’air, elles vous retombent toujours sur le nez.»

«Un politicien qui pratique la langue de bois aura une carrière en dent-de-scie.»

22 juin 2008

Blogue Îlot Grignon

Ne manquez pas de lire le texte de Pierre Grignon. Plus qu’un simple appui à la création du blogue îlot Grignon, l’ancien maire de Sainte-Adèle nous propose une réflexion des plus intéressante à propos des nouveaux médias: «les voies de communication, et les voix des communicateurs risquent de bifurquer vers des canaux parallèles ou innovateurs en matière de démocratie.»

Vous pourrez entendre Pierre Grignon dans le cadre d'une causerie qui se tiendra au parc de la Famille, le 24 juin prochain à 16 h 30, à l'occasion des festivités de la Fête nationale du Québec qui cette année se dérouleront sous le thème: quatre siècles... à célébrer !

19 juin 2008

Affaire Rawdon : mise à jour

Bref rappel des événements
Il y a quelques mois, la Sureté du Québec et les procureurs de la Ville de Rawdon perquisitionnaient au domicile de Steve Solo, l’auteur et modérateur du forum «Dans mon village», où les citoyens de la municipalité discutaient d’affaires municipales. La perquisition visait également les domiciles de Beverly Prud'homme, son fils, ainsi que l’hébergeur du site, situé à Toronto.

Dans la mise en demeure rédigée par la firme d’avocats Dunton Rainville, on reprochait aux membres du forum de tenir «des propos haineux et méprisants envers les élus et particulièrement la mairesse Louise Major et le directeur général Jean Lacroix.»

Des poursuites
Grâce à l’obtention d’une ordonnance Anton Piller, mesure décrite comme «l’arme nucléaire du droit», la Ville de Rawdon est parvenue à identifier certains anonymes. Le 13 juin dernier, un des participants au forum qui écrivait sous le pseudonyme de «fantôme» s’est vu remettre par huissier une mise en demeure produite par la même firme d’avocats et où l’on exige du citoyen une somme de 45 000 $ en dommages et intérêts.

Lire le contenu de la mise en demeure ICI

Requêtes, motions, etc.

14 juin 2008

Billet week-end: Le clitoris serait apparu vers 1957

Le clitoris serait apparu vers 1957 - C’est du moins la conclusion que l’on peut tirer de la consultation de deux anciens ouvrages de référence portant sur… la langue. Le premier: le Dictionnaire Larousse complet des Frères des Écoles Chrétiennes, édition 1928. L’ouvrage passe du mot clisser à clivage, sans que l’on rencontre de clitoris au passage. Il s’agit tout de même d’un Larousse, si aucune mention n’est faite du clitoris, c’est forcément qu’à cette époque, il n’existait pas. De plus, s’il avait existé, les frères nous en auraient certainement informés.

Le deuxième ouvrage consulté dans ma quête visant à mettre le doigt sur la date précise marquant l’apparition du clitoris est le Dictionnaire Bélisle de la langue française au Canada, édition 1957 (?). Le clitoris est là, décrit laconiquement comme un « Petit organe érectile, placé à l’avant de la vulve.» Tiens, la vulve, c’est vrai, je l’avais oubliée! Existait-elle en 1928? Les Frères des Écoles Chrétiennes vont m’informer, eux qui étaient chargés de l’enseignement n’auraient pas passé sous silence la vulve dans un manuel scolaire signé Larousse. Eh bien non! Pas de vulve en 1928! Conclusion: selon toute vraisemblance, le clitoris et la vulve sont apparus spontanément la même année, soit en 1957.

Étonnant tout ce que l’on peut apprendre, simplement en consultant de vieux livres!

Bon week-end!

Références:

12 juin 2008

Blogue Îlot Grignon: appui de Claude Cousineau, député de Bertrand

Après Charles Garnier, préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut, c’est au tour de Claude Cousineau, député de Bertrand, de souligner l’initiative de la mise en ligne du carnet Îlot Grignon qui, depuis le 19 mai dernier, offre aux Adélois une tribune virtuelle consacrée au projet de revitalisation du centre-ville. Une invitation officielle à soutenir cette initiative démocratique a été lancée au maire Descoteaux, à la chambre de commerce de Sainte-Adèle, au député Cousineau et au préfet Charles Garnier, dès la mise en ligne du site. Je remercie le préfet Garnier et le député Cousineau pour leur soutien ainsi que leur commentaire à propos de ce projet inédit visant à stimuler la démocratie participative au sein de la communauté adéloise.

Lentement, mais sûrement, les acteurs de l’actualité régionale apprennent à apprivoiser les possibilités du web participatif, comme en témoignent les appuis recueillis jusqu’à maintenant. Si l’on compare l’achalandage sur ce site et sur celui portant sur l’Îlot Grignon à, par exemple, celui observé aux séances du conseil ou sur le site de la Ville de Sainte-Adèle, nous constatons que ces deux tribunes attirent un plus grand nombre de citoyens, même en ne calculant que les visites uniques. Ce qui augure très bien pour l’avenir.

10 juin 2008

«Je veux être préfet à la place du préfet !»


Non, il ne s’agit pas de la dernière lubie d’Iznogoud qui aurait abandonné sa fixation d’être « calife à la place du calife ». Il s’agit d’une rumeur, émanant de diverses sources très fiables, qui soutiennent que Jean-Paul Cardinal, l’ex-maire démissionnaire de Sainte-Adèle, lorgnerait du côté de la préfecture de la MRC des Pays-d’en-Haut. Selon toute vraisemblance, Jean-Paul Cardinal n’a pas jeté l’éponge et s’apprêterait à franchir à nouveau les câbles de l’arène politique. Puisqu’il s’agit d’une rumeur, aussi solide soit-elle, je réserverai mes commentaires pour l’annonce officielle.

04 juin 2008

Les médias selon Valdombre

Dans la foulée des deux précédents billets traitant du journalisme, je reproduis un extrait des Pamphlets de Valdombre, un texte qui date de 1938. Qui est Valdombre? C’est le pseudonyme de Claude-Henri Grignon, l’auteur d’Un homme et son péché. La culture populaire retient surtout cet ouvrage — du reste très signifiant dans la culture québécoise — de cet Adélois qui fut aussi l’un des plus grands pamphlétaires de la première moitié du 20e siècle. Valdombre, le penseur libre, le lion, celui dont la plume trempée dans le vitriol en a empoisonné plus d’un. Les Pamphlets, rédigés et publiés à Sainte-Adèle, se vendaient 25 sous l’exemplaire. Alors que plusieurs prédisaient une courte vie à ses pamphlets, l’auteur écrivait dans un texte étonnamment actuel intitulé Deux ans ont passé:

«Où donc les Pamphlets puisent-ils leur force? Certainement pas auprès des trusts, des sociétés anonymes et des gouvernements. La plupart des journaux et des revues font le jeu des puissants et se trainent dans la fange. Ils vivent par les annonces et une publicité scandaleuses. Enlevez-leur cette source de revenus et ils ne résisteront pas deux mois parce qu’ils ne possèdent aucun attrait, presque pas d’idées et de prose personnelles. La presse est devenue la chose de tout le monde et de personne. On ne saurait la prendre au sérieux puisqu’elle exploite le mensonge, la nouvelle tapageuse, les instincts les plus bas et les passions populaires. La plupart du temps, on ne signe pas les articles. On n’ose pas prendre ses propres responsabilités et le lecteur reste à la merci des farceurs, de certains forbans qu’il ne serait pas mauvais de fouetter sur la place publique. Aussi, les grosses gazettes n’agissent plus du tout sur les esprits. Elles ne provoquent aucun courant d’opinions et elles galvaudent ce qu’il y a de plus sacré au monde: la vérité. Puis ces journaux servent à envelopper des ressemelages* de chaussures. On ne leur connait pas d’autres utilités. Impossible de parler ici de feuilles infectes qui vivent de jaunisme et qui offrent à leurs millions de clients une pâture ramassée dans les ruisseaux et au fond des lupanars. Quelle horreur!»

— Claude-Henri Grignon, Pamphlets de Valdombre numéro 12, novembre 1938.

Le saviez-vous?
Le mot vitriol est une dénomination de l’acide sulfurique. Il est également constitué des premières lettres d’une formule de base de l’antiquité. V.I.T.R.I.O.L. Visita Interiora Terrae (visite l’intérieur de la terre) Rectificando Occultum Lapidem (et en te rectifiant, tu trouveras la pierre cachée).

Source: Encyclopédie du savoir relatif et absolu de Bernard Werber

*Action de ressemeler, soit garnir de semelles neuves.

03 juin 2008

À quoi sert un journaliste?

C’est à cette question que répond Alain Girard, Premier Secrétaire général
du Syndicat national des journalistes sur le site Assises internationales du journalisme.

«A quoi sert un journaliste ? Les réponses ne manquent pas : décrypter le monde ; informer le citoyen et lui permettre de se faire une opinion ; rechercher et dire les choses tues ; apporter un éclairage sur la conduite des politiques publiques et les conséquences des initiatives privées ; alerter la société sur les dangers qui la menacent et souligner les mouvements qui la font grandir… Ayant choisi d’y faire toute ma carrière, je m’arrêterai toutefois sur le rôle particulier de la presse « de proximité », et donc du journaliste « localier » : contribuer à faire vivre ces piliers de la démocratie que sont la liberté d’expression et l’égalité entre les citoyens, jusque dans les plus petits recoins du territoire. Le journalisme ne doit pas, en effet, se limiter aux faits majeurs et aux discours dominants. La profession, dans sa diversité, se doit d’être à l’écoute des mouvements d’opinion les plus divers, de mettre en perspective tous les événements, grands et petits, de se faire l’écho des interrogations et des initiatives citoyennes, jusqu’aux plus modestes.»

Plusieurs acteurs de la scène politique et économique régionale devraient méditer sur les paroles d’Alain Girard.

02 juin 2008

Journaleux, une espèce en voie d’apparition

Ce titre est un clin d’œil à celui de la chronique de Lise Payette, publiée dans l’édition du 30 mai du Devoir: Journaliste, une espèce en voie de disparition. Je retiens cet extrait du texte lumineux de Lise Payette que je vous invite à lire en entier:

« Faire taire les journalistes — C'est le rêve de tout pouvoir. Pour le comprendre, il suffit de regarder la performance des premiers ministres Stephen Harper et Jean Charest dans ce domaine. Priver les journalistes des renseignements qu'ils demandent, cultiver le mystère et souvent le mensonge, apprendre à ne pas répondre aux questions, ignorer les journalistes. Les traiter en minables pour les remettre à leur place plutôt que de les traiter comme des représentants du public à la recherche de la vérité. Sans les journalistes, notre monde nous paraîtrait plus tranquille au jour le jour, mais nous aurions une drôle de surprise quand nous découvririons tout ce qui nous a été caché et que nous aurions dû savoir pour prendre les bonnes décisions.»

En région, la pratique du vrai journalisme est périlleuse. Sans doute les effets pervers du journalisme de proximité. Les journalistes qui s’y aventurent sont la cible d’intimidation de groupes attachés à leurs privilèges et qui tirent avantage du maintien de l’ordre établi. Les hebdos locaux — pas tous — deviennent les promoteurs d’une réalité factice où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Écouter l’autre partie — audi alteram partem — est un principe qui désormais sommeille tout au fond des tiroirs des bureaux de rédaction. Il ne faut pas choquer, ne pas brusquer. On se complait dans un positivisme ronronnant, dans un bonheur insoutenable. Si bien, que les journalistes deviennent des journaleux qui font office de relationnistes à la solde des éditeurs, des annonceurs, et autres petits groupes. Les dossiers de fonds sont aiguillés vers la voie de service et sombrent dans l’oubli.

Il fut une époque où l’on comptait sur les journalistes pour nous informer. Aujourd’hui, la profession vit ce que plusieurs décrivent comme une véritable crise. La crédibilité des journalistes est mise en doute — souvent avec raison — depuis que l’actualité est un produit de divertissement et que les articles servent de décoration aux publicités. Le lectorat doit exiger du contenu de qualité et faire pression sur les éditeurs. Les journalistes doivent être plus solidaires et défendre, toute bannière confondue, la liberté de presse, un élément essentiel à la bonne santé de la démocratie.

La prochaine révolution de l’information en région aura lieu sur le web: aucun coût d’impression et de distribution, donc, plus de budgets à consacrer au contenu et aux journalistes, qui sont généralement sous-payés, surexploités et souvent traités comme de la marchandise jetable.