«Le journalisme civique vise à fournir aux gens des possibilités d'intervention afin de les amener à agir, et encourager l'interactivité entre les journalistes et les citoyens. Il cherche à créer un dialogue avec les lecteurs, au lieu de se borner à transmettre les informations en sens unique et à inonder le public de données, comme cela se passe si souvent dans le journalisme traditionnel.»


— Jan Schaffer, directeur du Pew Center For Civic Journalism

31 août 2006

Urbanisation VS tourisme

Récemment, les différents médias écrits de la région des Laurentides reprenaient certains passages du communiqué émis par Tourisme Laurentides et ses partenaires. Le document présentait les grandes lignes du Plan directeur de développement touristique régional Laurentides 2006-2011.

Ce plan, dont la réalisation a été confiée à la firme Zins Beauchesne et associés, nous parle, entre autres choses, de la perception qu’ont les tourismes de notre région. Un passage a particulièrement capté mon attention.

« La région des Laurentides est donc appréciée pour ses deux visages : l'aspect vivant, convivial, actif, achalandé d’une part, et l'aspect grande nature, calme, repos, juste un peu en retrait des grands axes, d’autre part. Les clientèles sont par ailleurs inquiètes quant au développement trop commercial de la région, de la dégradation des paysages, de l'urbanisation accélérée.»

On reproche également à notre région le manque d’activités culturelles et la congestion des routes.

À la lumière de ces précieux indicateurs, nous sommes en droit de nous demander si la ville de Sainte-Adèle n’est pas en train de dévier les touristes vers les villes qui ont synchronisé leur développement avec celui du secteur touristique. Des projets comme les condos Delacroix et la « revitalisation » du centre-ville de Sainte-Adèle ne seraient-ils pas les prémisses d’une longue série de projets qui cristaliseront les points négatifs soulevés par les sondages menés dans le cadre du plan directeur? Soyons lucides, avec ses 500 places de stationnement et l’ajout de commerces, le terme commercialisation convient davantage que «revitalisation» utilisée par l’administration municipale pour décrire l’avenir de notre centre-ville.

L’urbanisation et la commercialisation de Sainte-Adèle n’ont pour objectif que d’accueillir la masse de baby-boomers qui se déversera sur la région dans les prochaines années. C’est une vision à court terme qui ne fait que repousser les problèmes reliés au véritable développement des régions dans la cour des générations futures. N’oublions pas que la génération des baby-boomers, comme toutes celles avant elle, s’éteindra un jour. Miser sur un mouvement éphémère de population ne représente pas une solution rentable à long terme. Cette vision purement comptable de l’avenir de notre ville risque d’allonger la colonne des pertes dans un avenir plus ou moins rapproché.

Les villes de la région dotées d’une véritable vision du développement durable et soucieuses du respect des patrimoines bâtis et naturels, constitueront des milieux de vie de qualité et offriront aux touristes un lieu agréable où séjourner. Notre ville ne vise-t-elle pas à côté de la cible tout en gaspillant ses précieuses munitions?

Et vous, qu’en pensez-vous?

30 août 2006

Je suis toujours là

Ça doit vous arriver à vous aussi: panne totale d’inspiration. Je regarde le petit curseur clignoter, égrenant les secondes sans que rien ne vienne. Les idées se bousculent pourtant dans ma tête, mais elles refusent obstinément de rejoindre le curseur qui s’emmerde, seul dans ce désert blanc. Vous pourrez toutefois me lire dans le journal de vendredi. D’ici là, je vais tenter de me secouer un peu.

Je savais que regarder les reprises de Symphorien sur Prise 2 aurait des conséquences néfastes!

Merci de votre patience

27 août 2006

Le message de la bouteille

J’écris ce billet sous l’emprise de la rage et de l’écœurement devant l'inconscience. Je ne veux pas parler du Liban ou d'autres conflits qui sévissent un peu partout sur cette malheureuse planète. Je veux parler d’une inconscience à plus petite échelle. Une inconscience qui mène à poser des gestes en apparence banals et dans lesquels prennent racine les grands conflits. Je veux parler du je-m'en-foutisme qui semble s’enraciner chaque jour davantage dans notre quotidien.

Hier, nous nous sommes payé une petite randonnée en kayak au lac Rossi, dans le parc du Mont-Tremblant. Lors d’une pose sur une des nombreuses plages du lac, nous sommes tombés sur une manifestation flagrante d’inconscience et de malveillance. La plage était jonchée d’éclats de bouteilles de bière. Sur une distance d’environ cinquante pieds, des dizaines de tessons étaient disséminés juste sous la surface de l’eau. Certains éclats semblaient avoir été placés dans le seul but de blesser quelqu’un. Moi et ma copine avons passé près d’une heure à faire le ménage en prenant soin de ne rien oublier. L’an dernier, nous avons rempli au bas mot une quarantaine de petits sacs à ordures de débris de toutes sortes jetés un peu partout dans les lacs et sur les rives. Les parcs nationaux sont des biens publics, notion qui manifestement échappe à monsieur et madame tout-le-monde.

En arrivant au lac, une agente nous informait qu’il était interdit de pêcher. «Nous venons d’aviser tous les campeurs» a-t-elle rajouté. Sur le lac, j’ai vu un père qui pêchait avec son fil, faisant fi de la consigne. J’imagine l’excuse: «je suis venu ici pour pêcher avec mon fils et personne ne m’en empêchera». Ce père venait de manquer une occasion unique d’inculquer la notion de respect à son enfant. Au contraire, il venait de lui enseigner que l’environnement, c’est quelque chose qu’on utilise à ses propres fins en dépit des impacts négatifs. Nous sommes venus, nous avons vu et nous avons vaincu! S’il n’en tenait qu’à moi, je chasserais ces petits Césars de pacotille à grands coups de latte hors du parc!

Un peu plus tard, un hydravion s’est posé sur le lac, alors qu’il est strictement interdit aux avions privés d’amerrir sur les lacs du parc. Le pilote n’était pas en difficulté. Il a simplement fait un petit tour dans un des campings et a redécollé. Ce bon petit bourgeois avec son joujou à 140 000$ se croyait probablement tout permis. J’ai noté le numéro d’identification de l’appareil et je l’ai photographié. J’ai ensuite porté plainte à l’accueil du parc et leur ai laissé dans le même élan le sac de tessons de bouteilles. S’ils ne font rien, je porte plainte directement à transport Canada.

Pour terminer la journée, j’ai brisé ma pagaie.

Depuis trois ans, le nombre de visiteurs dans le parc ne cesse d’augmenter. Parallèlement, les observations d’animaux sont à la baisse et les détritus à la hausse. Je sais qu’on tente d’établir, à grand renfort d’études, si les activités humaines exercent une pression sur la flore et la faune du parc. En ce qui me concerne, je n’ai pas besoin d’études. Je n’ai qu’à me fier à mes observations et aux commentaires des agents du parc qui sont quotidiennement sur la ligne de front. Il faudrait revoir l’accessibilité à certains lacs, qui sont devenus de vraies piscines publiques.

Force m’est de constater que le parc du Mont-Tremblant n’est plus ce qu’il était et ça me désole. Encore une fois, au nom des impératifs économiques, un joyau de notre patrimoine naturel est rongé par le «droit de tous» de «profiter» de cette nature. Selon ma conception des choses, un droit est toujours associé à une obligation, une responsabilité.

Il semble bien que ceux qui pensent comme moi ne soient pas légion.

24 août 2006

Expert en arbre recherché

Y a-t-il un expert en arbre dans la salle? Je cherche à identifié avec précision cet arbre

23 août 2006

Pont de la Rivière aux Mulets : Un bilan positif

Je reproduis ici le texte de ma première collaboration au journal Accès. Les travaux du pont de la 15, à Sainte-Adèle, pouvant aussi affecter les lecteurs des autres régions qui nous visitent régulièrement, je trouvais pertinent de reprendre cet article dans ce carnet. De plus, si les Adélois ont des questions concernant les travaux, il me fera grand plaisir (s'il m'est possible de le faire), de répondre à leurs questions.

Amorcés en février 2006, les travaux de démolition et de reconstruction du pont de l’autoroute 15 enjambant la rivière aux Mulets, à Sainte-Adèle, entraient cette semaine dans une phase importante. Accès fait le point sur les travaux.

Mme Marie-Claude Janelle, ingénieure au ministère des Transports et chargée de projet dans ce dossier, dresse un bilan positif des travaux effectués jusqu’à maintenant sur le chantier. Elle estime en effet qu’au rythme où vont les choses, la nouvelle structure sera complétée à la date prévue, soit en décembre 2006.

Sur le chantier, le ministère des Transports ainsi que l’entrepreneur se sont heurtés à certaines difficultés mineures concernant la construction des appareils d’appuis, difficultés rapidement résolues par les ingénieurs du projet.

Après l’étape spectaculaire de la démolition de la structure existante, le chantier est entré dans la phase moins retentissante de la construction des unités de fondation. Durant cette période, les automobilistes circulant sur la structure jumelle ainsi qu’aux abords du chantier pouvaient parfois avoir l’impression que les travaux n’avançaient pas. Cette semaine, avec la mise en place des poutres d’acier de plus de trois mètres de haut, les curieux ont pu s’en mettre plein la vue et constater l’avancement des travaux. L’entrepreneur prévoit que l’installation de ces poutres, qui s’effectuera à l’aide d’une grue d’une capacité de 250 tonnes, prendra au moins cinq semaines. Suivra la mise en place du tablier en béton qui constituera également une étape clé de la construction.

Précisons que le pont en direction nord ne fait pas partie des travaux de cette année. L’état actuel de la structure étant jugé sécuritaire, les ingénieurs estiment qu’elle a encore plusieurs années de vie devant elle. Cependant, les mouvements et le comportement de la structure seront mesurés en temps réel afin de détecter tout signe de faiblesse.

Questionnée sur l’impact des travaux sur la circulation sur la 117, la 15, ainsi que sur la rue du Mont-Sauvage qui passe sous la structure et tout près du chantier, la représentante du ministère se dit très satisfaite, vu l’ampleur des travaux effectués par surcroît en plein cœur de la période estivale. Des équipements ont été installés aux feux de circulation du boulevard Sainte-Adèle afin de gérer plus efficacement le flot accru de véhicules sur cette artère principale. Aucun problème majeur n’a été signalé ni au ministère des Transports, ni au service de Police de la Ville, comme le confirme M. Bernard Demers du service de Police de Sainte-Adèle. Ce dernier souligne également ne pas avoir eu recours une seule fois à la cellule de crise qui fut créée dans le but de prévenir d’éventuelles situations d’engorgement sur la portion de la 117 qui traverse la municipalité.

En outre, Mme Janelle annonçait également cette semaine la réouverture de la bretelle d’accès à l’autoroute 15 nord qui se prend depuis la rue du Bourg-Joli, à Sainte-Adèle. Une autre bonne nouvelle pour les automobilistes.

D’origine européenne, l’ancien pont de la rivière aux Mulets a été érigé en 1964 lors de la construction de l’autoroute des Laurentides. À cette époque, le pont représentait un ouvrage unique en son genre en Amérique du Nord. En 2006, la démolition de cette structure constitue, elle aussi, une première nord-américaine compte tenu de la méthode de construction et de l’âge de la structure.

Selon l’ingénieur Matthieu Tremblay, la durée de vie de la nouvelle structure est estimée à environ 70 ans, ce qui représente une nette amélioration par rapport à l’ancienne âgée seulement de 42 ans.

Les progrès dans les méthodes d’ingénierie ainsi que des matériaux de meilleure qualité expliquent en partie la plus grande longévité des constructions d’aujourd’hui. Le pont de la rivière aux Mulets s’inscrit dans la liste des ouvrages de nouvelle génération qui profitent des connaissances tirées des expériences passées. Comme le souligne avec humour M. Tremblay « peu de ceux qui liront cet article assisteront à la démolition du nouveau pont ».

En images : arrivée et installation de la première poutre.





19 août 2006

Maman

AVIS: le contenu de ce billet absurde est frappé du sceau BW (billets week-end).

Je vous présente maman. Maman est un petit dessin que j’ai gribouillé sur le bout d’une table du Café des artistes il y a maintenant 19 ans. Moi qui me targuais de ne pas chérir d’objet fétiche, je dois me raviser : Maman est bel et bien mon objet fétiche. N’eût été de The Artist, ce gribouillis dormirait tout au fond d’un carton à dessins. C’est en effet grâce à elle que maman occupe maintenant une si grande place dans nos vies. C’est elle qui, la première, l’a placé dans ce petit cadre en plastique transparent et qui l’a fièrement exhibé sur son bureau. Ainsi, nous nous sommes habitués à la présence de cet improbable personnage. Un jour, maman s’est retrouvée sur mon bureau. Elle me regardait du gouffre de ses orbites et semblait me dire : « essaie un peu de me chasser d’ici ». Je ne l’ai pas défiée. Au contraire, je me suis même habitué à sa présence.

Aujourd’hui, elle me suit partout. Lorsque je travaillais en agence, maman était là, plantée sur mon bureau. Elle accrochait le regard de certains clients compréhensifs qui fermaient les yeux sur cette extravagance de concepteur. Mon statut de travailleur autonome a mis un terme à la vie publique de maman qui fut de courte durée. Aujourd’hui, elle trône près de mon Mac et apprivoise sa retraite de la vie publique. Grâce à ce billet, je lui permets un dernier tour de piste sous vos regards sans doute perplexes.

Et pourquoi maman, me demanderez-vous? Allez donc savoir!


Maman dans son environnement (je sais, mon bureau est un foutoir, j'y travaille).

Je transmettrai tous vos commentaires à maman.

16 août 2006

Planète PPP

Près de 2500 astronomes se réuniront à Prague lors de la 26e assemblée générale de l’Union astronomique internationale. L’objectif de la rencontre : établir un consensus sur la définition officielle de ce qu’est une planète.

Dommage que Jean Charest ne fasse pas partie des conférenciers invités. Vivant sur sa propre planète où tout va bien, il doit avoir une bonne idée de ce qui définit ce type de corps céleste. Selon les spécialistes, la planète de Jean Charest serait du type PPP (petite planète privée).

Qualifié par certains d’étoile filante, le premier ministre invite tous les Québécois à faire un vœu.

14 août 2006

De carnetier à journaliste

La saga du fameux baril de la rivière du Nord aura eu deux effets: la protection de l’environnement et, pour moi, le début d’une collaboration avec le journal indépendant Accès. C’est en effet à la suite de la publication dans ce carnet des événements entourant la récupération du fameux baril que M.Éric-Olivier Dallard, rédacteur en chef du journal, m’a contacté pour me proposer une collaboration dans les colonnes de sa publication. Offre que j’aie accepté sur le champ, et ce, pour deux raisons. La première: le journal Accès est un hebdo indépendant, c'est-à-dire qu’il n’appartient pas à vous savez qui. Un gros plus pour moi. Deuxième raison: le lectorat. Selon le journal, 50 000 personnes lisent chaque semaine la publication. Je vois ici l’occasion de couvrir des dossiers qui me tiennent à cœur comme l’urbanisme, l’environnement et le développement durable. J’ai également l’intention de parler des actions citoyennes des Adélois – si un jour ces derniers se décident à bouger réellement – et, bien entendu, celles des citoyens des autres municipalités des Laurentides.

Alors, ceux qui aiment me lire pourront le faire dès cette semaine, dans l’édition du 18 août 2006.

11 août 2006

Une histoire à dormir debout

Dans le cadre des billets week-end, voici une petite histoire légère, pas très intéressante, un peu longue, mais réelle. Les billets week-end jouissent d'une immunité et leur contenu se doit d'être léger et parfois même insipide. En voici un bon exemple.


Je suis un dormeur, disons, complexe, pour utiliser un euphémisme. The Artist aussi. En fait, nous sommes carrément compliqués. C’est même un «running gag» dans la famille. Notre vieux matelas avec ses creux et ses bosses ne fait qu’accentuer cette détestable caractéristique. Nous avons besoin d’un nouveau matelas, mais, c’est le genre d’achat qu’on remet sans cesse à plus tard. Jusqu’au jour où votre dos tombe définitivement en grève.

Nous avons pourtant tenté l’impossible afin de rajeunir notre matelas souffreteux. Couvre-matelas à coquilles, couches successives de couvertures, etc. Rien à faire. Nous nous sommes même inspirés des expressions de la sagesse populaire, croyant ainsi trouver les clés du sommeil. Nous avons essayé de dormir comme des marmottes, mais nous n’avions aucune idée de la manière dont elles dorment. Nous avons tenté de dormir à poings fermés. Nous le confirmons : fermés ou ouverts, les poings n’ont aucun impact sur la qualité du sommeil. Dormir sur ses deux oreilles exige une souplesse que nous ne possédons pas. Nous étions indubitablement dans un cul-de-sac.

Nous avons donc acheté un matelas.

Ce fut un cauchemar! Je vous épargne le récit de la tournée des boutiques spécialisées où les vendeurs tentent de vous endormir, mais pas nécessairement avec un matelas. Non, maintenant vous achetez une «technologie». Les matelas, c’est du passé. Aux termes de plusieurs mois de recherche et d’études sur les différentes technologies du sommeil en vente sur le marché, notre choix s’est arrêté sur un classique matelas en mousse ferme. Bon rapport qualité-prix pour le format king de notre lit. Une semaine plus tard, la merveille nous est livrée bien ficelée et porteuse de promesses de nuits paisibles et sans nuages.

Malheureusement, la première nuit a mal tourné. Habitué au petit creux de mon matelas, me voilà forcé d’apprivoiser ce nouveau confort – ça, c’est mon côté compliqué. J’ai l’impression d’avoir une bosse dans le dos, comme si j’étais couché sur le sommet d’une petite colline. En plus, j’avais chaud, ce qui a tendance à me rendre désagréable. The Artist me demande «pis, t’es tu bien? » En guise de réponse, je me lève en disant «je vais coucher en bas, sur le divan, c’est de la marde ce nouveau matelas».

Nuit d’enfer. Moi qui ne dors pas et The Artist qui ne dort pas en se disant que je ne dois pas dormir.

Le lendemain, nous convenons après une négociation serrée d’installer notre plumard sur le matelas. L’objectif: atténuer le supposé «effet de colline». Une fois couchée, The Artist me demande «pis, là t’es tu mieux?» La réponse est non, mais je mens mal et je lui sers un «oui, oui» pas convaincant. De plus, j’ai encore chaud, ce qui teinte ma réponse d’accents désagréables. Elle se lève, prend son oreiller et lance «je vais dormir en bas, tu m’énerves!»

Deuxième nuit d’enfer. Elle qui ne dort pas et moi qui ne dors pas en me disant qu’elle ne doit pas dormir.

Trois jours après l’arrivée du nouveau matelas, la situation est tendue et nous n’arrivons toujours pas à prendre du repos ni à «dormir sur le problème». The Artist prend les choses en main et visite le site de Ikea. Elle déniche un couvre-matelas digne de ce nom, à prix abordable. Nous laissons tout tomber pour nous précipiter chez le marchand comme sur une bouée de sauvetage. Il est 13 h. Sur place, nous essayons et réessayons l’article en question sous l’œil dubitatif de la vendeuse. Nous lui annonçons finalement que «nous allons le prendre!»

Il y a un problème : le format king. Dans l’entrepôt public, ils n’ont pas ce format en rayons. Les formats king sont plus hauts, inaccessibles. Ils doivent utiliser un chariot élévateur, ce qui est strictement interdit tant que des clients circulent dans l’entrepôt. Trop dangereux, nous dit-on. Deux solutions s’offrent à nous : revenir le lendemain, où repasser vers 21 h 30, alors que les clients auront quitté l’entrepôt, permettant ainsi au chariot de circuler librement.

Nous habitons Sainte-Adèle. L’aller-retour est donc exclu. De plus, il est 15 h. Nous choisissons la deuxième option.

De retour à la maison – vers 22h30 –, nous nous empressons d’installer le couvre-matelas. Ça fonctionne! L’«effet colline» est annulé. Nous prenons le temps de décanter un peu avant de faire le grand saut dans notre nouvelle oasis de sommeil. Très confortable. À tel point que nous avons passé une partie de la nuit à nous réveiller en nous disant «maudit qu’on est bin!» Résultat: une autre mauvaise nuit de sommeil, cette fois pour cause de confort total.

Il ne reste plus qu’à régler la question de l’oreiller. Nous en avons chacun trois : une en latex, une en duvet et une dernière en mousse viscoélastique. Les tests se poursuivent. Nous prévoyons faire un choix définitif d’ici quelques jours. The Artist semble s’orienter vers l’oreiller de plumes alors que moi je penche de plus en plus vers la mousse viscoélastique.

Ouf! Bien dormir, c’est épuisant!

Bon week-end à tous

10 août 2006

Disparitions de chats à Sainte-Adèle

La semaine dernière, nous pouvions lire dans le journal des Pays-d’en-Haut, un article du journaliste Christian Asselin qui faisait état d’une mystérieuse vague de disparition de chats domestiques dans notre région. Dans l’édition de cette semaine, le journaliste nous livre la conclusion du mystère en annonçant que les disparitions seraient imputables aux pékans.

J’aimerais signaler à monsieur Asselin (fidèle lecteur de ce carnet) qu’il risque de déclencher inutilement une pékanophobie, alors que rien ne prouve de façon irréfutable que les disparitions «massives» de félins sont effectivement l’œuvre de ce mustélidé. Le pékan n’est pas le seul carnivore à se nourrir de proies de la taille d’un chat domestique moyen. La martre d’Amérique, le renard roux, le renard gris, se nourissent également de mammifères tels que le lapin à queue blanche, le lièvre d’Amérique et… le chat domestique.

Cette nouvelle risque de soulever une vague d’antipathie envers ce petit animal indigène qui, contrairement aux chats domestiques, occupe une niche écologique importante dans l’écosystème. Le chat domestique (Felis silvestris catus) est en effet un prédateur «touriste» qui fait des ravages importants dans les populations indigènes de petits rongeurs, d’oiseaux, de taupes, etc. Selon certains spécialistes, nos gros minets bien dodus chassent pour le plaisir et perturbent de façon importante la chaîne alimentaire de nos espèces indigènes. Ainsi, en Angleterre, on évalue en millions le nombre d’animaux tués annuellement par ces petits chasseurs du dimanche, qui la plupart du temps, ne se nourissent même pas de leurs proies qu’ils chassent inutilement.

J’invite le journaliste à faire une mise au point dans la prochaine édition de son journal. Son article de cette semaine risque de pousser les propriétaires de chats à se faire justice eux-mêmes en trappant massivement et vainement les pékans de la région. Des chats disparaissent? Tant pis. Les propriétaires n’ont qu’à garder leurs animaux à l’intérieur contribuant ainsi à leur protection et à celle des espèces indigènes que nous devrions protéger plutôt que de leur faire une mauvaise presse!

09 août 2006

Afghanistan: journée tragique pour l’armée canadienne

Un soldat est mort à la suite d’une décharge accidentelle de fusil. Six autres soldats ont été blessés lors d’un accident de la circulation. C’est la guerre, bordel! Cessez de nous rebattre les oreilles avec des bilans débilitants. Bientôt aux nouvelles : un soldat canadien se blesse à la tête alors qu’il se grattait cette dernière en se demandant ce qu’il faisait là. Une enquête sera ouverte afin de déterminer les causes exactes de l’accident. Ou encore : le soldat Untel se foule gravement le pouce alors qu’il tentait de se débarrasser des résidus de son curetage de nez.

De tels bilans relèvent du burlesque et sont inutiles. À la guerre, il y a des morts, point. Cette «nouvelle» nous laisse croire que les soldats canadiens sont tous de gros lourdauds qui se tirent dessus et qui ne savent pas conduire.

Les médias devraient se concentrer sur le fond et nous parler des enjeux de la guerre.

Photo : AP

04 août 2006

Billet week-end

Étant l’instigateur des billets week-end, il serait plus que temps que je me décide à en pondre un.

Voici donc mon premier billet week-end.


The Artist

Les lecteurs réguliers de ce carnet sauront d’emblée de qui je parle. The Artist est ma copine, conjointe, amie, collègue ou partenaire; choisissez, car ce genre d’étiquette m’emmerde. Cet été, nous avons fêté (pas vraiment) nos 19 ans de vie commune. Ouf! 19 ans, ce n’est pas rien!

Je me rappelle le jour où nous nous sommes rencontrés. Je fréquentais un petit café, situé à Laval, dans le Vieux Saint-Vincent-de-Paul : le café des artistes. Le genre d’endroit où tous les freaks du quartier se donnaient rendez-vous (sauf moi, j’y avais rendez-vous, mais je n’étais pas un freak). La propriétaire du café, qui est aussi la tante de The Artist, nous rebattait les oreilles avec la venue imminente de sa nièce qui venait lui donner un coup de main pour l’été : « vous allez voir, elle a de grand yeux verts! » disait-elle. Tous attendaient impatiemment l’arrivée du petit prodige.

Un jour, j'entre au café et j'aperçois une petite chose toute mignonne qui s’activait entre les tables. Le vert de ses yeux me confirmait que c’était la nièce tant attendue qui était enfin arrivée. Après seulement 30 minutes, elle avait déjà déballé ses illustrations et je lui disais « tu devrais faire quelques choses avec ce talent ». Après une semaine, nous parlions déjà de projets de graphisme. Un mois plus tard, nous habitions ensemble.

Elle a effectivement fait quelque chose avec son talent. C’est maintenant son gagne-pain. En fait, il faudrait plutôt dire ses talents, car The Artist est une véritable mine de talents : vitrail, illustrations, design graphique, peinture sur meuble, peinture sur toile. C’est une autodidacte. Quand on est dépositaire d’une telle prédisposition pour les arts, il ne faut pas perdre son temps sur les bancs d’école. C’est aussi une rebelle qui aime faire les choses à sa façon et qui refuse de s’en laisser imposer. Elle aime peindre à rebrousse-poil et développer ses propres techniques. Et ça fonctionne à merveille. Tout ce qui passe entre ses mains où sous ses pinceaux porte sa marque, sa couleur unique. Elle souhaite que son art interpelle la portion innocente en chacun de nous. Ses œuvres ne dénoncent rien. Elles nous annoncent plutôt qu’il y a de la beauté autour de nous. Une beauté simple, pure, innocente, démaquillée. Elle nous le démontre avec l’éloquence des formes, des couleurs et des textures qui composent les mots de son langage.

Moi, je suis témoin de tout ça et je me considère privilégié de pouvoir baigner quotidiennement dans son univers créatif.

The Artist prévoit faire une percée avec sa nouvelle série de toiles, d’ici un an. Dès qu’elle sera prête, une équipe complète se mettra en branle pour elle : relations de presse, site Internet, promotion, etc.

Je ferais partie de cette équipe

Même si elle ne mesure que 4 pieds 11 pouces, The artist occupe une grande place dans ma vie. La plus grosse place. Nous vivons et travaillons ensemble depuis tant d’années et ça fonctionne. J’ai de la chance que les grands yeux verts du café se soient posés sur moi. Après dix-neuf ans, je goûte encore cette chance.

Voilà! Mission accomplie. Je viens de livrer mon premier billet week-end. J’espère qu’il vous a plu.

03 août 2006

Rencontre avec le marcheur

Aujourd’hui, l’occasion s’est présentée. Le marcheur était là, assis sur un banc, à quelques mètres de moi. Je devais faire le saut, lui demander qui il est, lui dire que je parle de lui dans ce carnet, que je l’appelle le marcheur de Sainte-Adèle. Comment aborder un homme solitaire que vous ne connaissez pas et lui demander la permission de prendre sa photo afin de la publier sur Internet sans avoir l’air d’un déviant?

Je tente une approche. L’homme n’a pas vu ma voiture arrivée. Il est donc plausible que, comme lui, je sois un marcheur qui souhaite prendre une pause sur le banc. Je m’avance, l’air détaché, en prenant grand soin de ne pas le brusquer. Je m’installe à l’autre bout du banc et lui dis simplement : « bonjour! » Il me regarde, impassible, ne réponds pas, et me tourne résolument le dos. Voilà, ça y est, j’ai l’air d’un parfait idiot. Que dois-je faire maintenant? Me lever et partir? J’aurais l’air encore plus louche. Alors, je reste là, feignant de m’intéresser au fini de la chaussée. Pendant ce temps, je l’observe du coin de l’œil. Il se lève et transporte méthodiquement sa petite radio et son parapluie sur le banc d’à côté. Message non verbal limpide : je l’emmerde, je suis une nuisance. Je laisse passer quelques minutes avant de retourner d’un pas nonchalant vers ma voiture. Quelques secondes plus tard, constatant mon absence, le marcheur retourne avec tout son bagage à la place d’où il a été chassé.

Visiblement, mon marcheur de Sainte-Adèle n’aime pas la compagnie. Je n’en sais pas plus sur lui, sur sa vie. Il semble vivre en marge des autres, coupé de son environnement. Le seul lien qu’il entretient avec le monde extérieur se résume à cette petite radio rafistolée qu’il traîne partout avec lui.

Je l’ai observé encore quelques minutes. Il regardait les nuages en écoutant la voix déformée par le petit haut-parleur de son poste.

Je me suis senti triste.

Bonne route marcheur de Sainte-Adèle.

Ainsi font, font, font…

On frappe à la porte. Derrière les rideaux, deux silhouettes avec une valise. Ma copine « the Artist » est dans la cuisine qui lui sert également d’atelier à l’occasion. Moi, je suis à l’étage. C’est donc elle qui ouvre la porte aux visiteurs.

« Bonjour m’dame, nous faisons présentement une enquête dans le secteur » lance l’un d’eux. The Artist est naïve même si elle le nie énergiquement. Elle se fait prendre à tous les coups par les « vendeux» de ce monde. Cette fois, son excuse est : « je croyais que c’était des recenseurs ». Hum hum! Comme vous l’avez sans doute deviné, elle les invite à entrer.

De l’étage, J’entends des voix. Je ne saisis pas les mots, mais je reconnais d’emblée le ton mielleux des vendeux.

Je descends.

Dans le mille! J’ai à ma table en compagnie de The Artist, un spécimen typique de vendeux. En fait, ils sont deux, ce qui indique que la marchandise cachée dans la valise sort de l’ordinaire. Ils ne seront pas trop de deux pour tenter de nous réanimer lorsque nous réaliserons combien notre vie était ridicule avant leur visite.

Normalement, dans ce genre de situation, ma réaction manque totalement de classe. Je désarçonne les importuns en agissant comme le dernier des fêlés, chose à laquelle les casse-couilles ne sont pas préparés. Lorsque je leur indique la sortie, je n’ai pas à insister pour qu’ils retournent franco là d’où ils viennent.

Mais cette fois, c’est différent. Je ne veux pas embarasser The Artist. Je me domine. J’essaie de prendre un air raisonnablement normal, sans toutefois pousser la politesse jusqu’à m’asseoir pour écouter leur baratin bien baratté et bien gras.

C’est donc debout, les bras croisés, affichant l’air le plus antipathique de mon répertoire que j’invite les deux raseurs à commencer l’épilation. Avec une telle collection d’expressions non verbales négatives, j’espère installer un malaise qui abrégera mes souffrances.

Nos deux casse-pieds lancent le programme. Tout y est : les sourires factices, la gestuelle, les petites blagues cucu et « drôlesques», la panoplie complète. Le tout, appuyé par les oui de la tête dispensés stratégiquement par la jolie complice de notre winner.

Le produit : une assurance. Pas n’importe quelle, la meilleure! La plus mieux de toutes les assurances du monde entier (attention, je commence à avoir la nausée). J’essaie d’oublier les fils qui activent les mâchoires, les bras et les mains des marionnettes. Ce qui m’énerve le plus, c’est la tête de l’autre qui ne cesse de faire son mouvement agaçant.

Je suis tenté de prendre des ciseaux et de leur faire perdre le fil. Mieux, leur servir une flatulence bien sentie accompagné d’un rire de cinglé, juste pour voir l’effet que ça ferait sur les marionnettes et particulièrement sur celle avec la tête défectueuse. Mais je m’abstiens. Je ne suis pas seul, The Artist aurait honte.

La fin du spectacle approche. Il me semble entendre le petit roulement de tambour et le coup de cymbale qui accompagnent les mauvaises blagues. Le winner termine sa prestation avec un sourire figé et me regarde avec insistance.

- Qu’en pensez-vous? Me demande-t-il.
- Rien! Je lui réponds.

Paniqué, le guignol ne sait pas quoi dire. Ma réaction n’est pas prévue dans le bréviaire du parfait vendeux. Il regarde à la dérobé en direction de Miss-tête-qui-dit-oui, cherchant un appui qui ne vient pas.

Il y a un froid.

Maintenant, ils sont deux à faire oui de la tête. Pathétique. Il est temps que ça cesse.

L’affaire se termine de la façon la plus classique : « Laissez-moi votre dépliant, si ça m’intéresse, je vous passe un coup de fil et bla bla bla ».

Pourquoi je vous raconte tout ça maintenant alors que ces événements se sont déroulés il y a des mois? Simplement parce que je viens de tomber sur le dépliant en question. Il vient de prendre la direction du bac à recyclage.

Quels mauvais vendeux, ils n’ont même pas rappelé afin de faire un suivi!

Tant pis. Je resterai mal engueulé et mal assuré.