Ce titre est un clin d’œil à celui de la
chronique de Lise Payette, publiée dans l’édition du 30 mai du Devoir:
Journaliste, une espèce en voie de disparition. Je retiens cet extrait du texte lumineux de Lise Payette que je vous invite à lire en entier:
«
Faire taire les journalistes — C'est le rêve de tout pouvoir. Pour le comprendre, il suffit de regarder la performance des premiers ministres
Stephen Harper et
Jean Charest dans ce domaine. Priver les journalistes des renseignements qu'ils demandent, cultiver le mystère et souvent le mensonge, apprendre à ne pas répondre aux questions, ignorer les journalistes. Les traiter en minables pour les remettre à leur place plutôt que de les traiter comme des représentants du public à la recherche de la vérité. Sans les journalistes, notre monde nous paraîtrait plus tranquille au jour le jour, mais nous aurions une drôle de surprise quand nous découvririons tout ce qui nous a été caché et que nous aurions dû savoir pour prendre les bonnes décisions.»
En région, la pratique du vrai journalisme est périlleuse. Sans doute les effets pervers du journalisme de proximité. Les journalistes qui s’y aventurent sont la cible d’intimidation de groupes attachés à leurs privilèges et qui tirent avantage du maintien de l’ordre établi. Les hebdos locaux — pas tous — deviennent les promoteurs d’une réalité factice où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Écouter l’autre partie —
audi alteram partem — est un principe qui désormais sommeille tout au fond des tiroirs des bureaux de rédaction. Il ne faut pas choquer, ne pas brusquer. On se complait dans un positivisme ronronnant, dans
un bonheur insoutenable. Si bien, que les journalistes deviennent des journaleux qui font office de relationnistes à la solde des éditeurs, des annonceurs, et autres petits groupes. Les dossiers de fonds sont aiguillés vers la voie de service et sombrent dans l’oubli.
Il fut une époque où l’on comptait sur les journalistes pour nous informer. Aujourd’hui, la profession vit ce que plusieurs décrivent comme une véritable crise. La crédibilité des journalistes est mise en doute — souvent avec raison — depuis que l’actualité est un produit de divertissement et que les articles servent de décoration aux publicités. Le lectorat doit exiger du contenu de qualité et faire pression sur les éditeurs. Les journalistes doivent être plus solidaires et défendre, toute bannière confondue, la liberté de presse, un élément essentiel à la bonne santé de la démocratie.
La prochaine révolution de l’information en région aura lieu sur le web: aucun coût d’impression et de distribution, donc, plus de budgets à consacrer au contenu et aux journalistes, qui sont généralement sous-payés, surexploités et souvent traités comme de la marchandise jetable.